Le plateau de cinq fruits du Têt

Le plateau de cinq fruits du Têt

Ecrit par Guide francophone vietnam sur . Publié dans Culture et tradition

À l’occasion du Têt, chaque famille place sur l’autel des ancêtres, entre autres offrandes cultuelles, Le plateau de cinq fruits du Têt qui représente les cinq éléments de l’univers et exprime un voeu de fécondité. Le choix des fruits peut varier selon les régions, mais la présence d’une main de bananes vertes est de rigueur. Le qua thi (fruit du plaqueminier) figure parfois parmi les fruits élus. Le qua thi est le fruit du folklore et des enfants du Vietnam, sans doute à cause de sa présence dans le conte populaire Tâm Cam, notre Cendrillon. Il était une fois une jeune orpheline de mère, belle et douce, du nom de Tâm (Riz brisé). La marâtre la martyrisait, reportant toute son affection sur sa propre fille Cam (Son de Riz), aussi laide que méchante. Aidée par Bouddha, Tam sortit indemne de toutes les épreuves et finit par épouser le roi. Elle fut tuée par sa marâtre qui déguisa Cam pour lui faire prendre la place de Tâm au palais royal. Le Karma fit passer la vraie Reine par plusieurs vies. Elle devint successivement loriot, lilas du Japon, métier à tisser, puis plaqueminier au bord de la route. Une vieille femme conçut l’idée d’installer sous l’ombrage du bel arbre un étal de bambou pour y vendre du thé aux passants. Un soir où elle repliait son étal, une odeur de fruit se fit si pénétrante qu’elle leva les yeux. Elle vit à la cime de l’arbre un fruit magnifique. Vieille comme je suis, pensa-t-elle, je ne peux grimper à l’arbre.
Et elle fit ce voeu :
« O fruit de plaqueminier,
laisse-toi choir dans mon sac,
« Je ne te mangerai pas
Je te sentirai seulement ».
Le fruit tomba dans sa corbeille. Elle l’emporta dans sa paillote, désormais embaumée par le qua thi. Quelques temps après, Tâm sortit du fruit pour se réincarner. Le roi la retrouva et la ramena au palais. La marâtre et sa fille furent châtiées par le Ciel.
« O fruit de plaqueminier… », à travers les siècles, que de fois les enfants et les gens du peuple ont prononcé ce voeu pour que le Bouddha de la Miséricorde exauce leurs souhaits bien simples, ou soulage leur chagrin. Voeu éthéré, voeu de spiritualité, puisqu’on demande le fruit, non pour le dévorer, mais pour le sentir.
Au Vietnam, à l’occasion des cérémonies de sacrifice, on dépose des offrandes rituelles dont l’alcool, les fruits et les victuailles sur l’autel : les génies et les âmes des ancêtres en hument
l’odeur tandis que les mortels se partagent la substance matérielle. On distingue aussi les parfums en parfums sacrés et parfums profanes. Le parfum de jasmin, très fort pendant la nuit, est considéré comme lascif. Le fruit du plaqueminier est admis sur l’autel, parce que son parfum est léger. Il peut entrer dans la composition du plateau des cinq fruits cultuels (mâm ngu qua) qui trône sur l’autel des ancêtres à l’occasion du Têt, ce plateau symbolise les cinq éléments de l’Univers (eau, terre, bois, métal, feu), la fécondité, la bonne récolte.
Le plaqueminier (cây thi, diospyros decandra lour) est un arbre des pays chauds qui donne des baies arrondies charnues, de belle couleur jaune clair, parfumées, grosses comme des oranges. Il appartient à la famille des ébénacées, dont les espèces au Vietnam ont le nom générique de hông (kaki). Le bois de thi, malléable et résistant, est employé pour la fabrication de certains objets (cachet, piton, moules pour gâteaux de riz oan) et surtout pour la gravure xylographique (planches gravées pour l’impression des images populaires de Dông Hô, de livres en idéogrammes chinois ou vietnamiens). Une recette médicale populaire emploie ses feuilles pour le traitement post-opératoire des gaz dans le ventre. Les fleurs de plaqueminier, à petits pétales jaune-vert, s’épanouissent au printemps. Des linguistes plus ou moins poètes ont emprunté le terme « hoa thi » (fleur de plaqueminier) pour traduire le mot « astérisque » désignant le signe typographique qui n’existait pas dans le vocabulaire vietnamien. L’expression « noi hoa thi » veut dire: parler de manière exagérée pour se faire valoir. Par contre, « ngâm hat thi » (parler avec un noyau de fruit de plaqueminier dans la bouche) veut dire : parler de manière confuse, embarrassée. Un jeu d’enfant consiste à parier sur le nombre de noyaux que contient un fruit de plaqueminier qu’on va manger. Entre parenthèses, sa chair âcre est d’un goût douteux. Quand vient la saison des thi en automne, filles et garçons à la campagne tressent des petits filets pour y mettre un fruit de plaqueminier qui doit embaumer leur table d’écolier.

Le plateau de cinq fruits du Têt

Poulet, Cochon et Chien: N’oubliez pas les condiments !

Il était une fois, une famille riche largement pourvue de terres et de bétails. Un jour, elle perdit une dizaine de boeufs et de buffles. Heureusement, grâce à l’aide de ses voisins qui participèrent à la recherche, elle retrouva la totalité de ses bêtes.
Le mari et sa femme décidèrent d’organiser quelque chose pour remercier leurs voisins :
– Nous avons retrouvé nos bêtes grâce à la gentillesse de nos voisins. Alors, nous allons les convier tous à un grand repas pour leur manifester notre gratitude. Aujourd’hui, il est trop tard. Mais demain, nous allons tuer un poulet, un cochon et un chien pour cuisiner un festin en leur honneur.
Après cette décision, le couple décida d’aller se coucher. Au cours de la nuit, l’Ancêtre surgit et annonça dans un songe :
– J’ai entendu dire que demain vous allez abattre trois animaux. J’ai bien peur que vous ne commettiez une action immorale qui portera atteinte à l’effet bénéfique des ascendants. Pour y échapper, vous devez savoir quoi faire pour que ces animaux puissent se réincarner. Sinon, votre famille sera toujours malchanceuse.
Inquiète, la femme pria l’Ancêtre :
– Nous sommes de simples humains, nous ne savons que faire. Enseignez-nous, s’il vous plaît!
L’Ancêtre dit solennellement:
– Lorsque vous préparerez le poulet, il faudra y ajouter des feuilles de citronnier. Pour le porc, vous le cuisinerez avec des oignons et le chien devra être servi avec du galanga. Sans ces condiments, ils ne pourront pas se réincarner. Reconnaissants, l’homme et sa femme décidèrent d’obéir sagement. Tandis que l’Ancêtre parlait, les animaux tendirent leurs oreilles et ainsi ils comprirent qu’ils éviteraient la mort de leur âme si leurs maîtres respectaient ces consignes. Dès le lendemain matin, le poulet caqueta : où sont des
feuilles du citronnier ? Le cochon grogna : achetez des oignons pour moi ! et le chien aboya: Maman, maman, n’oubliez pas les galangas !
Désormais, ces condiments accompagnent toujours les mets de poulet, porc et chien. De ce fait, on aide ces animaux domestiques à se réincarner !

Les fleurs de pêcher rouge vif

Les fleurs de pêcher rouge vif

Ecrit par Guide francophone vietnam sur . Publié dans Culture et tradition

Pour tous les Vietnamiens, l’éclatante floraison des pêchers est un signe annonciateur du printemps. À Lang Son, les ethnies Tày et Nùng se transmettent un conte populaire portant sur cette fleur très symbolique.
Les fleurs de pêcher rouge vif:
Jadis, il existait une grande discrimination entre les différentes couches sociales, nobles et routuriers, riches et pauvres, citadins et campagnards, gens des hautes et des basses régions, etc. Il s’agissait en quelque sorte une forme de ségrégation raciale entre les ethnies elles-mêmes. On se liait rarement d’amitié, et surtout on ne se mariait qu’avec une personne du même milieu. Un jeune d’une minorité ethnique, fils d’une famille pauvre, demeurant au sommet de la Mâu Son (Montagne Mère), eut dès l’enfance d’heureuses dispositions. Leste, habile, intelligent, doué d’une bonne mémoire et d’une bonne santé, il étudiait sérieusement et travaillait assidûment. Il avait également de la compassion pour les pauvres et aidait les autres. Il jouait d’un instrument à cordes, chantait des morceaux de musique folklorique, tissait, façonnait des instruments aratoires, etc. Aussi, de nombreuses personnes lui demandaient régulièrement son aide. Les mœurs, les coutumes populaires, les s chansons folkloriques, il les savait par cœur. Chaque foique se déroulaient des festivités ou des réjouissances, il racontait des histoires et chantait d’une voie mélodieuse. Les jeunes filles semblaient boire chacune de ses paroles. Certaines lui demandaient même de leur enseigner quelques airs folkloriques. Les montagnes et les forêts de Mâu Son ne suffirent plus au jeune homme, désireux d’élargir ses connaissances.

Les fleurs de pêcher rouge vif
Il demanda à ses parents de partir à Lang Son. Le jour où il quitta le village natal, sa famille, ses proches et ses amis lui firent un bout de conduite en agitant les mains en signe d’adieu. Les feuilles des arbres, elles aussi, murmurèrent un au revoir. Les jeunes filles étaient tristes de son départ. Arrivé à Lang Son, il logea dans une famille paysanne qui l’adopta par la suite. Il étudia assidûment tout en travaillant laborieusement, afin d’aider ses parrains. Tous les gens du village se réjouirent pour la famille adoptante et félicitèrent le jeune homme, de sa conduite. Ce dernier originaire de la haute région était non seulement un bon élève mais connaissait l’art du combat. Il se lia d’amitié avec les autres, se comportant dignement, ne cherchant jamais à vexer quiconque par une parole ou un geste.

Le maître l’estimait, les condisciples avaient beaucoup d’égards pour lui. Dans la classe, il y avait une demoiselle, fille d’un mandarin local qui vivait dans le luxe et l’opulence. Elle aussi étudiait avec sérieux, se conduisait bien, ne montrait jamais aucun orgueil de la situation sociale de sa famille. Elle était très modeste dans ses relations avec ses condisciples et les autres. Elle aidait aussi les plus démunis. Le maître et ses condisciples l’estimaient beaucoup. Le jeune homme de la haute région et la fille du mandarin se prirent de sympathie et d’estime l’un pour l’autre. Tous les deux aidaient leurs condisciples à mieux comprendre les allusions historiques de la Chine et du Vietnam, les règles de versification, la composition des sentences parallèles et les dissertations en prose rythmée, etc. Durant les jours de congé, ils montèrent sur la cime du Nui Tam Thanh (Mont des Grottes des Trois sons) pour admirer Hon vong phu (Mont de la femme qui attend son mari), le site pittoresque de Lang Son dont le fleuve Ky Cùng (sans fin) décrit des méandres comme une bande de soie embrassant Nui Dai Tuong (Montagne du grand Éléphant). Sans oublier Dông Chua Song Tiên (Grotte de la Pagode des deux Immortels) sur la rive gauche, avec Nui Tam Thanh sur la rive droite. Ils se racontèrent les légendes de Xu Lang (Pays de Lang). Le temps passa comme l’ombre d’un cheval qu’on perçoit à travers l’interstice d’une fenêtre, selon un dicton vietnamien. Après trois années d’étude et de promenade, ils s’aimaient. Le maître d’école et les condisciples donnèrent leur soutien à leur amour. Mais l’obstacle qui les séparait, ce n’était pas la haute cime de la Chop Chai (Montagne du Sein de la Buflesse) ou de la chaîne de Mâu Son, mais l’écart entre la richesse et la pauvreté… et surtout la discrimination sociale. Apprenant qu’ils s’aimaient, le père de la jeune fille fut pris d’un accès de colère, proféra des injures et la brutalisa.

Les fleurs de pêcher rouge vif

En outre, il chercha à intimider le jeune homme, forçant le maître d’école à le renvoyer. Quant à la jeune fille, elle fut enfermée dans la maison. Tous les deux eurent le coeur en peine. La douleur morale de ne pouvoir aimer son ami était plus grande que la douleur physique. En effet, son père la frappait régulièrement. Elle pleura jours et nuits, ne mangeant ni ne buvant et ignorant les conseils de ses proches. Quant à lui, le jeune homme écrivit une lettre d’adieu, dans laquelle il exprimait ses sincères remerciements au coeur noble empreint de beaux sentiments de la jeune fille et l’excusa de ne pouvoir répondre à son bel amour. Il pria un de ses condisciples de transmettre cette lettre. L’ayant reçue, la jeune fille pleura à fendre l’âme. Elle déchira un pan de sa robe blanche pour écrire une lettre avec son propre sang, le coeur serré et désespéré. Elle lui donna rendez-vous pour une dernière rencontre. Attendant l’occasion favorable, quand ses parents et ses proches dormaient, elle s’échappa de la maison pour venir au rendez-vous, sur la pente de la colline près du village où le jeune homme logeait depuis quelques années. Elle lui passa la lettre, l’embrassa et éclata en sanglots. Tous les deux pleurèrent, se lamentant de leur infortune. Les larmes trempaient les caractères de la lettre écrite en lettres de sang. Avant le petit jour, ils durent se séparer. Elle retourna dans sa famille et le jeune homme, dans son village natal sur Mâu Son. Leurs larmes de sang s’éparpillèrent le long du chemin. Dès lors, ils pensèrent affectueusement l’un à l’autre jusqu’à mourir, dans les regrets du maître d’école et des condisciples, des habitants de Lang Son et des deux villages, celui de Mâu Son et l’autre où il vivait. Le fleuve Ky Cung coula en tourbillonnant comme pour communiquer la douleur de la séparation du jeune talent et de la demoiselle. Au printemps de l’année suivante, sur le lieu de la dernière rencontre, poussèrent des arbres qui fleurirent d’un rouge vif comme la couleur du sang. On nomma ces arbres: bich dào (les pêchers aux fleurs d’un rouge vif). Ensuite, les habitants de Mâu Son plantèrent les bich dào en forêt, en guise de souvenir des deux jeunes gens et de leur bel amour. Et à l’occasion du Têt nguyên dan (Têt du Nouvel an lunaire), il est devenu une habitude pour les habitants de Lang Son d’aller au marché choisir une branche de bich dào pleine avec des fleurs déjà épanouies. Ils la plantent dans un pot, un vase, afin d’orner la maison, durant les jours du Têt. Aussi, bich dào et ses variétés sont-elles devenues le symbole de la Fête du Nouvel An des Vietnamiens.

La fête du Têt - le Nouvel An traditionnel vietnamien

La fête du Têt – le Nouvel An traditionnel vietnamien

Ecrit par Guide francophone vietnam sur . Publié dans Culture et tradition

La fête du Têt – le Nouvel An traditionnel vietnamien:  Le Têt est l’époque de l’année où le froid de l’hiver se retire et laisse s’installer sur le pays la douce chaleur printalière, c’est aussi la saison de floraison des arbres fruitiers, et plus particulièrement des pêchers et des orangers. Cette période de renouveau de la nature annonce aussi un renouveau pour homme. Retour des forces vives après une dure année de labeur et les difficultés de l’hiver, mais aussi retour des bons sentiments et des grandes résolutions. Le passage du Têt doit permettre à chacun d’oublier ses désirs de vengeance, ses rancunes, ses ressentiments…Dans l’enthousiasme de l’arrivée de la nouvelle année, les défunts ne sont pas oubliés. La veille du Têt les ancêtres sont conviés par un repas- offrande à venir passer les trois jours de fête sous le toit familial. Ils seront ainsi invoqués à chaque repas, tandis que leur autel est garni de fruits, de fleurs et de baguettes d’encens. Le dernier jour de l’année lunaire, toutes les divinités se réunissent au Palais de Jade pour présenter les voeux du peuple à l’Empereur de Jade. De même la semaine précédant le Têt les trois génies du foyer (symbolisés par les trois feux dans les cuisines) quittent le monde d’ici pour porter leur rapport à l’Empereur de Jade également. C’est ainsi que ce dernier est régulièrement tenu au courant des faits et gestes des hommes et qu’il peut, si besoin est, intervenir. Toutefois, profitant de l’absence des génies tutélaires, des divinités protectrices des villes et villages, des rivières et des fleuves, des rizières et montagnes…les démons, les mauvais esprits, les fantômes, pour un temps libérés de toute surveillance, se hâtent parmi les vivants, cherchant à leur nuire rapidement car ils savent que le peuple, habitué à l’intervention secourable des génies, ne sait pas se défendre contre eux mais aussi que les heures leur sont comptées. C’est pourquoi le dernier jour de l’année, un mât en bambou (la légende du Mât en bambou du Têt) d’une dizaine de mètres de long et dégagé de toutes ses feuilles, sauf celle de l’extrémité, est planté devant la maison. Au sommet du mât est collée une amulette en papier rouge comportant une inscription de huit signes chinois. Elle est destinée aux génies bienfaisants, et permet d’éloigner les esprits malfaisants. Elle est accompagnée d’un petit panier contenant du bétel et des noix d’arec. Sous le panier, un petit carré en bambou tressé symbolise la barrière qui empêche les êtres nuisibles de descendre jusqu’à la maison. Le sommet du mât est aussi orné de plumes de coq et de divers instruments en bambou, en bois ou en métal qui, sous l’action de la brise fait entendre des sons harmonieux. Or ces sons, que les vivants considèrent comme harmonieux, sont très désagréables aux oreilles des mauvais esprits et ont aussi le pouvoir de les éloigner. La présence d’un tel mât devant une maison, une boutique, un champ… montre que la protection du bouddha s’étend sur le bâtiment ou les terres environnantes. Ce mât est enlevé le septième jour de l’année, avec précaution, de manière à ce que les démons et fantômes éventuellement pris au sommet ne puissent pas tomber dans la maison, mais soient obligés de regagner leur infernal séjour.

La fête du Têt - le Nouvel An traditionnel vietnamien

Parmi les tâches importantes de la préparation du Nouvel An il y a la confection de vêtements neufs, les commissions pour remplir les garde- mangers, les achats des bâtons d’encens et d’objets votifs pour les ancêtres et divinités, la préparation des fruits confits. Les gâteaux spéciaux du Têt, Banh Chung et Banh Day (la légende des gâteaux de Têt Banh Chung et Banh Day) sont soit préparés à la maison, soit achetés. La tradition veut que ces gâteaux à base de riz gluant, et de pois verts remontent à la dynastie des rois Hung. Un jour, un de ces rois demanda à ses fils de lui présenter le mets le plus rare et le plus raffiné pour l’offrir aux ancêtres. Les princes partirent à travers le monde, à l’exception de Lang Lieu, le vingt-deuxième et plus jeune. Orphelin de mère depuis peu il ne trouvait la force d’entreprendre un long et difficile voyage au résultat incertain. Une nuit, alors qu’il dormait, un génie lui dicta une recette à l’oreille, lui indiquant par la même occasion qu’il n’y avait pas, de par le monde, de mets plus précieux que le riz. A son réveil, le jeune prince suivit les directives du génie. Il prit une première ration de riz gluant qu’il fit cuire à la vapeur et en confectionna un gâteau rond, rond comme le ciel, le l’appela Banh day. Puis il prit de nouveau du riz gluant, cru, et l’enveloppa dans une large feuille après l’avoir fourré de tranches de viande (lard) qui symbolisent les dix mille êtres de la création. Ce gâteau est carré, carré comme la terre, et il l’appela Banh Chung. Le jour des offrandes arrivé, le roi goûta à tous les plats, commençant par celui de l’aîné, pour terminer par celui du benjamin. Le verdict paternel fut sans hésitation. Les gâteaux de Lang Lieu emportèrent, et de loin, sa saveur, prouvant, s’il en était besoin, qu’il n’est pas nécessaire de courir le monde pour trouver ce qui est bon. Le roi prit alors deux grandes décisions : il transmit son trône à son benjamin, et surtout décida que désormais les gâteaux Banh Chung et Banh Day feraient partie de la fête du Têt. Ces gâteaux font partie des quatre choses indispensables pour la fête du nouvel an, les trois autres étant : des tranches de lard, des oignons salés ou fermentés, des papiers auspicieux rouges inscrits de sentences parallèles calligraphiées. Outre ces préparatifs, il faut aussi, avant la fête, nettoyer, repeindre et orner la maison, mais aussi les ponts, les rues, les édifices publics…tout doit être avenant et pimpant. Les fleurs entrent beaucoup dans la décoration des maisons, et dans les grandes villes, surtout Hanoi et Saigon, des marchés aux fleurs s’installent pour toute la dernière semaine de l’année au coeur des villes, transformant celle-ci en véritables floralies. Au nord les branches de pêchers sont particulièrement appréciées, tandis qu’au sud, ce sont les orangers nains ou les Kumquat qui ont la primauté. L’agitation qui règne en ville pendant ces temps de préparatifs se calme vers midi, le dernier de l’année. C’est l’heure du repas avec les ancêtres, c’est aussi l’heure à laquelle chacun rentre chez soi pour les ultimes tâches. Les boutiques ferment, le trafic diminue. Une sorte de léthargie tombe sur le pays, tout au moins extérieusement. Et puis tout explose de vie au coeur de la nuit.

La fête du Têt - le Nouvel An traditionnel vietnamien

La cérémonie du Giao Thua marque le passage de la dernière minute de l’heure du cochon du dernier jour du douzième mois et la première minute de l’heure de la souris du premier jour du premier mois. L’autel familial est sorti sur le pas de la porte, chargé de fruits et des fleurs, de gâteaux de fête, de fruits confits, de bétel et de noix d’arec, d’une tête de porc ou d’un poulet, d’eau et d’alcool de riz. Un brûle- parfum entouré de deux bougies est placé devant. Le maître de la maison allume les baguettes d’encens, se prosterne face à l’autel et récite les prières pour une heureuse année nouvelle. Fête familiale, la nuit du nouvel an se prolonge tard dans la nuit, mais contrairement à nos habitudes occidentales, les Vietnamiens se lèvent tôt le premier jour de l’année. Non seulement pour placer l’année sous le signe du courage et non de paresse, mais aussi pour aller dans les pagodes. Il faut aussi préparer de bon matin les premières offrandes aux ancêtres, et ceci trois jours de suite. Ces trois premiers jours revêtent une importance symbolique capitale pour le reste de l’année. Les superstitions se magnifestent dès le réveil par l’interprétation des premiers bruits : « le beuglement d’un boeuf ou d’un buffle annonce un travail fructueux et une bonne récolte, le chant d’un coq n’est pas un bon présage car il picore les grains, le gazouillement des moineaux donne la joie aux familles, l’aboiement d’un chien présage la menace de l’insécurité, le hénissement d’un cheval est le signe de la prospérité, le miaulement d’un chat entraîne les maladies, le croassements d’un corbeau annonce la tristesse et le deuil. Le premier jour, vêtus de neuf, les enfants présentent leurs voeux aux grands-parents, puis aux parents. En échange, ils reçoivent les voeux de ceux-ci accompagnés de petites enveloppes rouges contenant une petite somme d’argent toute symbolique, destinée à apporter chance et prospérité à la jeune génération. Ce jour-là les enfants doivent être particulièrement sages et gentils, car s’ils méritent une réprimande, leur année ne pourra être bonne. De même les adultes ne doivent avoir que des mots gentils les uns pour les autres, aucune dispute, aucun conflit ne devant apparaître. Tout acte négatif, tout trace de mauvaise humeur ne peut qu’ entâcher tout le reste de l’année. C’est ainsi qu’est attendu avec beaucoup d’impatience le premier visiteur de l’année. Un homme heureux apporte le bonheur pour l’année, un malheureux ne peut offrir que douze mois de désolation. Il en va donc aussi de la responsabilité des visiteurs, car il n’est nullement anodin d’être le premier. C’est pourquoi, incidemment, il est demandé à l’avance à quelqu’un de son entourage qui est en pleine santé, aisé, reconnu comme chanceux, père d’une nombreuse famille, bien installé socialement et connu pour sa bonne moralité d’être, si possible, le premier visiteur. Et c’est ainsi que les braves gens qui se reconnaissent dans ce portrait sont obligés de se lever encore plus tôt que les autres afin d’aller, de maison en maison, porter son premier salut de l’année, et par la même occasion faire rejaillir sur ses parents, amis et voisins sa bonne fortune Deuxième jour, les festivités continuent, mais une partie du temps est consacrée à l’hommage que chaque élève, chaque disciple doit rendre à ses professeurs et maîtres. Ceux présents, mais aussi ceux du passé envers qui on se sent une dette éternelle. Cette appréciation est laissée à chacun Le troisième jour, les festivités continuent encore, mais cette fois-ci ce ne sont plus les professeurs, mais les amis à qui l’on présente se vœux. Enfin, le quatrième jour est consacré à une visite des tombes des ancêtres, en manière de raccompagner les défunts chez eux, jusqu’à leur prochaine visite, pour le Têt suivant. C’est aussi le jour où les boutiques, les magasins, les usines et bureaux rouvrent leurs portes. La vie quotidienne reprend son cour

Le symbole de Carpe qui se transforme en Dragon

Ecrit par Guide francophone vietnam sur . Publié dans Culture et tradition

Le symbole de Carpe qui se transforme en Dragon: Chaque année la saison des pluies, l’Empereur de Jade ordonnait aux dragons de faire jaillir de l’eau sur la terre pour permettre aux paysans de planter du riz. Comme les dragons n’étaient pas nombreux, ils ne pouvaient bien accomplir leur devoir. C’est ainsi que les Mille êtres durent plusieurs fois supporter des sécheresses de plusieurs années. L’Empereur de Jade décida alors organiser un concours entre tous les animaux, et particulièrement entre les poissons et les crevettes, pour qu’ils puissent se transformer en dragons. Chaque animal devait franchir trois échelons de vagues. La tanche réussit à franchir la première vague mais échoua à la seconde. La crevette fut plus talentueuse, elle passa sans encombre les deux premiers effets de la transformation en dragon se firent sentir. Les écailles lui couvrirent le corps, des pinces lui poussèrent sur la tête, mais lors du troisième saut elle échoua et retomba à la renverse si durement qu’elle planta la tête dans le sol, que les entrailles lui remontèrent à la tête et son dos resta courbé à tout jamais. Puis vint le tour de la carpe. Elle prit son élan et franchit d’un seul trait les trois échelons de vagues. Alors elle traversa en vainqueur la Porte de Vu Mon et se transforma en dragon comme promis. Depuis lors toute personne qui a une bonne chance est comparée à cette carpe victorieuse.

L’histoire des moustiques

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Il était une fois, un modeste cultivateur qui avait épousé une fille très belle. Tous deux, jeunes et bien portant, semblaient voués à un avenir simple et laborieux mais heureux. Le mari s’occupait de quelques rizières et d’un petit champ pendant que son épouse élevait des vers à soie. Un jour cependant, la mort emporta brutalement la jeune femme. Le mari ne voulut pas se séparer du corps de sa bien-aimée. Il s’embarqua sur un sampan et partit au fil de l’eau. Il rencontra le Génie de la Médecine qui voyageait souvent parmi les hommes pour leur enseigner soins et remèdes et soulager leurs maux. Sur les conseils du génie, le mari sortit le corps du cercueil, se fit une entaille au bout du doigt et laissa tomber trois gouttes de son sang sur le cœur de sa femme. Miracle ! Celle-ci ouvrit les yeux et se releva lentement, comme si elle se réveillait d’un profond sommeil. Ses forces revinrent vite. Le génie dit à la femme : « N’oubliez pas votre devoir ! Pensez au dévouement de votre mari. Désormais soyez tous deux heureux ». Pendant le voyage de retour le mari rama jour et nuit, pressé de regagner son foyer. Un soir, il descendit dans un port pour acheter des provisions. Pendant son absence, une grande jonque vint se ranger près de son sampan. Elle était conduite par un riche commerçant qui fut frappé par la beauté de la jeune femme. Il l’invita à venir prendre le thé mais dès qu’elle fut à bord de la jonque le commerçant fit lever les voiles et mit le cap vers le large. Le mari courut les mers et les terres et ce n’est qu’au bout de plusieurs mois qu’il retrouva enfin celle qui était tout pour lui. Malheureusement celle-ci se plaisait dans le luxe et sans détour refusa de le suivre. D’abord déçu il fut rapidement guéri de son amour et ne la regretta plus. Mais il lui dit :
« Vous êtes libre. Seulement je vous demande de me rendre les trois gouttes de sang que je vous ai données vous permettant de revenir à la vie. Je ne veux pas que vous gardiez en vous la moindre parcelle de moi-même ». Heureuse d ‘en être quitte à si bon compte, la femme s’empressa de prendre un couteau et de se couper le bout du doigt. Mais à peine le sang avait-il commencé à couler qu’elle pâlit affreusement et s’affaissa sur le sol. On se précipita vers elle, mais il était trop tard, elle était morte. Femme légère et frivole, elle ne pouvait se résoudre à quitter ainsi ce monde. Alors elle y revient, mais sous la forme d’un petit insecte qui depuis lors passe son temps à chercher son mari pour lui demander les trois gouttes de sang qui la feront revenir à la vie humaine, tout en bourdonnant ses regrets et ses repentirs. Ceci s’est passé il y a bien longtemps ; la femme infidèle n’a toujours pas retrouvé celui qui l’aima tant. Ce n’est que bien plus tard que cet insecte fut appelé moustique et voici pourquoi seules les moustiques femelles viennent nous piquer, dans l’espoir de pouvoir revenir parmi le monde des humains.

L'histoire du buffle

L’histoire du buffle

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L’histoire du buffle: Lors de la création du monde, l’homme était carnivore. De peur que le peuple ne prit l’habitude de tuer les animaux, et finisse par devenir mauvais, l’Empereur de Jade décida un jour de lui fournir du riz. Un génie- mandarin de la cour royale fut envoyé sur terre avec un boisseau de graines de riz et cinq sacs d’herbe ; il avait comme consigne de semer d’abord le riz, l’herbe ensuite. Arrivé très fatigué, ici-bas, le génie oublia les directives de l’Empereur et sema l’herbe en premier lieu.

L'histoire du buffle

L’herbe poussa si vite, qu’en fort peu de temps, elle recouvrit la terre entière, ne laissant aucune place pour le riz. Mécontent de son envoyé distrait, l’Empereur de Jade, l’exila définitivement dans le bas monde, non sans l’avoir préalablement transformé en buffle. Depuis, ce génie- buffle doit, en guise de punition, manger toute l’herbe qui se trouve à la surface de la terre. Tant qu’il n’aura pas rempli sa tâche, il ne pourra se libérer de cette corvée, ni reprendre sa forme initiale. Malheureusement pour lui, l’herbe a toujours poussé, si rapidement qu’il n’a jamais pu arriver au bout de sa peine. On dit que les buffles d’aujourd’hui sont les descendants de ce génie inattentif ; malgré leur ténacité, n’ont pas encore réussi à se dégager de la divine sanction

La déesse protectrice des enfants

Ecrit par Guide francophone vietnam sur . Publié dans Culture et tradition

L’histoire de La déesse protectrice des enfants: Thi Kinh était une femme très belle et très sage. Un après-midi, elle travaillait à sa couture en regardant son mari qui faisait la sieste. Elle vit sur son menton un poil de barbe qui poussait à rebours et a eu l’idée de l’enlever. Prenant un couteau bien tranchant, elle approcha du visage endormi. Soudain réveillé, le mari eut peur ; il s’agita et se blessa légèrement. Il se mit à crier en accusant sa femme de vouloir attenter à ses jours. D’abord surprise, puis attristée devant son mari en fureur et les voisins hostiles, la pauvre Thi Kinh ne savait que dire. Dans sa faiblesse et dans sa douceur, elle gardait le silence. On prit sa résignation pour un aveu et son mari la chassa. Personne n’avait pitié d’elle. Ses anciens amis se détournaient à son approche, les femmes qui ne lui pardonnaient pas sa beauté, l’insultaient à l’envie. Sa propre famille la renia. Abandonnée de tous, méprisée, Thi Kinh choisit la voie de l’oubli et du renoncement. Après avoir revêtu des habits d’homme, elle se rendit dans une pagode pour demander à entrer dans la communauté des bonzes. Mais malheureusement parmi les fidèles, une jeune fille tomba amoureuse de Thi Kinh. Elle cherchait vainement à attirer son attention. Thi Kinh l’arrêta en la priant de respecter ses vœux. Par dépit, la fille folle se donna à un homme qui la courtisait. Elle devint mère. Elle mis son enfant dans un panier et le déposa à la pagode avec une lettre accusant Thi Kinh d’en être le père. Thi Kinh fut chassée de la communauté. Un moment, la pauvre femme tenta de mettre fin à ses jours mais elle eut pitié de l’enfant abandonné et se résigna à son sort. Elle mendiait pour nourrir l’enfant ; c’est ainsi qu’elle vécut pendant des années, errant par les routes, l’enfant dans ses bras et son bol à la main. Enfin épuisée, elle se traîna jusqu’à la pagode et elle frappa une dernière fois à la porte de Bouddha. En quelques mots, Thi Kinh raconta au Supérieur ses malheurs, demandant qu’aucun tort ne fut fait à tous ceux qui en avaient été cause. Elle pria qu’on lui pardonne son déguisement, et elle confessa qu’elle était encore trop attachée à la terre et même au temps où elle se trouvait heureuse avec son mari. Puis elle mourut. L’empereur de Chine apprit cette histoire; frappé d’admiration pour sa pureté et son abnégation, il a élevé Thi Kinh au rang de divinités avec le titre de Quan Am « la miséricordieuse protectrice des enfants ». Son culte est très répandu au Vietnam et dans tout Extrême-orient.