Le Sarcré le Dieu et la Piété au Vietnam

Ecrit par Guide francophone vietnam sur . Publié dans Culture et tradition

Le Sarcré le Dieu et la Piété au Vietnam: Le sentiment religieux au Vietnam
Celui qui essaie de pénétrer à l’intérieur du monde culturel vietnamien s’aperçoit rapidement qu’il ne progressera pas longtemps dans cette connaissance s’il n’aborde pas le domaine religieux. Il va vite soupçonner que, seul le type de rapports que le peuple vietnamien entretient avec ce qu’il considère comme l’au-delà de sa vie et de son monde est susceptible de donner un sens à toutes ces bribes de savoir qu’il a puisées dans l’observation de l’existence quotidienne au Vietnam.
Si l’importance du fait religieux saute aux yeux de n’importe quel observateur, l’embarras commence lorsqu’il s’agit de l’isoler des autres institutions culturelles pour le présenter au lecteur. Comment, en effet, aborder ce domaine ? Une première solution, celle que l’on retient d’habitude, consisterait à énumérer et détailler les croyances, les rites et les morales propres aux grandes communautés religieuses qui, depuis des siècles, ont formé à leur manière la sensibilité religieuse de leurs membres. Il faudrait alors parler du bouddhisme du grand véhicule tel qu’il a été reçu au Vietnam après son passage par la Chine, de certains îlots du bouddhisme du petit véhicule, des grandes religions plus modernes comme le caodaïsme, la religion Hoa Hao, des diverses confessions chrétiennes qui peuvent se réclamer d’une tradition de quatre siècles, sans compter, pour le Sud Vietnam, de nombreuses sectes récentes.
Il faudrait encore ajouter à tout cela un certain nombre de sources religieuses qui, bien que n’ayant pas formé de communautés institutionnalisées, n’en constituent pas moins le fonds commun de la religiosité vietnamienne : on peut citer la croyance à un arrière monde spirituel, formé d’esprits et de forces mystérieuses, le culte des ancêtres, ce culte familial si important pour comprendre la nature des relations sociales au Vietnam, le confucianisme qui, maintenant, fait partie intégrante de la culture vietnamienne, les influences taoïstes souvent difficilement repérables mais très agissantes. Cette simple énumération permet de comprendre qu’il est pratiquement impossible de regrouper dans un tableau général et cohérent cette profusion d’inspirations religieuses qui, comme les branches des arbres dans la forêt tropicale, sont tellement entremêlées qu’on ne peut plus discerner à quels troncs respectifs elles appartiennent.
Il faut donc essayer une autre voie d’approche et, pour cerner ce sentiment religieux dans son unité, se situer en deçà des points de vue particuliers propres aux grandes communautés religieuses institutionnalisées. Au lieu d’analyser le contenu des croyances, nous nous bornerons à éclairer les attitudes religieuses ; nous nous efforcerons de les saisir dans leurs sources vives avant qu’elles soient élaborées et codifiées dans les doctrines et les textes canoniques. Pour ce faire, nous nous appuierons sur la langue, les comportements populaires typiques, bref sur le fonds commun religieux qui marque la culture vietnamienne dans son ensemble. Car ce fonds commun existe : il est toujours vivant dans la pratique bouddhiste où il a été parfaitement intégré. On peut le reconnaître dans les communautés chrétiennes où il a été transposé. On pourrait même montrer que ce substrat religieux n’a pas disparu chez ceux qui, aujourd’hui, adhèrent au marxisme-léninisme. Il serait facile de mettre en évidence certains traits de la sensibilité religieuse traditionnelle à l’intérieur même du parti communiste vietnamien, malgré son opposition au confucianisme longtemps considéré comme une idéologie féodale et son indifférence au culte des ancêtres. Ainsi, on ne peut s’empêcher de penser que le président Ho Chi Minh se référait à ce culte lorsque, dans son testament, il affirmait : « Je vais maintenant rejoindre mes grands ancêtres, Marx et Lénine… »
Les réflexions qui suivent seront regroupées autour de trois mots-clés. Chacun d’entre eux nous introduit à une dimension religieuse particulière de l’existence quotidienne au Vietnam : le Sacré, le Ciel et la Piété.
Le sacré
Pour désigner la notion de « sacré » la langue vietnamienne utilise deux mots qui ont, à peu de chose près, le même sens : « Thiêng » et « Linh ». Ces deux vocables peuvent qualifier des choses, des êtres vivants, des périodes, des relations humaines où se manifeste la présence du surnaturel, de l’arrière monde spirituel. Le sacré se situe aux lisières du monde quotidien où il constitue une véritable fenêtre ouverte sur l’au-delà ; il est une sorte de brèche dans le monde naturel par laquelle s’engouffrent des forces mystérieuses.
Les Vietnamiens sont particulièrement attentifs à l’irruption du mystère au sein du monde qui les environne. Il n’est pas rare que des Vietnamiens non chrétiens accompagnent des pèlerinages à Lourdes, à la chapelle de la Médaille miraculeuse et autres lieux saints de la chrétienté occidentale. Ils s’y rendent comme à des endroits où affleurent certaines puissances spirituelles avec lesquelles il faut entrer en contact pour rester uni à la totalité du monde qui n’est point uniquement composé de ce que l’on voit.
« La nature est un temple où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles ».
Le sacré est donc le lieu où le monde s’ouvre sur un ailleurs. Cette idée de passage, de communication entre deux mondes est le sujet de certains contes traditionnels. Ainsi, on raconte qu’à l’époque des Trân, un jeune mandarin nommé Tu Thuc, en visite dans le jardin d’une pagode à l’occasion de la fête des fleurs, délivra une jeune fille très belle, emprisonnée pour une peccadille. Peu de temps après, il revint dans son village natal ; sachant que cette jeune fille était originaire de cette région, il la chercha longtemps. Il arriva un jour à l’entrée d’une grotte où la reine des fées lui fit rencontrer la jeune femme qui n’était autre qu’une fée. Ils s’épousèrent. Après trois ans de bonheur parfait, Tu Thuc voulut redescendre sur terre pour voir ses vieux parents. Mais, arrivé au village, il ne reconnut ni les lieux ni les personnes. Un vieillard très âgé lui apprit enfin que trois cents ans auparavant, un certain Tu Thuc avait disparu. Désespéré, ce dernier repartit, mais ne retrouva jamais l’ouverture qui débouchait sur un autre monde
Le sacré, le « thiêng » ne désigne pas à proprement parler le surnaturel, mais le lieu où il se manifeste, l’endroit où il fait signe. Il peut être attaché à un lieu: une pagode, un bosquet, une montagne, un rocher de forme curieuse. Là, une puissance invisible indépendante des lieux se manifeste par des effets merveilleux ; bien souvent, on en raconte l’histoire. Autrefois, chaque village vietnamien possédait un arbre, une pierre où tel esprit bienfaisant ou malfaisant se manifestait. Dans les campagnes vietnamiennes, les esprits étaient partout, nombreux et différents selon les régions.
Ce caractère sacré peut être aussi attribué à des êtres vivants. Certains animaux sont directement en rapport avec l’au-delà et sont particulièrement respectés. Dans le Centre-Vietnam, on évitait de nommer le tigre ou on l’appelait « grand-père », « ông cop ».  Mais l’animal qui jouissait de la plus grande considération à ce point de vue était sans conteste la baleine, du moins sur les côtes du Centre-Vietnam. Elle aussi était appelée « ca ông » (poisson grand-père) ou encore « bà ngu » (Dame poisson). Chaque fois que l’une d’entre elles s’échouait sur une plage, elle était enterrée en très grande pompe avec force cérémonies. Celui qui l’avait découverte portait le deuil comme s’il avait été son fils aîné.
Certaines périodes de l’année sont particulièrement « thiêng » c’est-à-dire propices à cette communion avec l’au-delà. A l’époque du « Têt » (Nouvel an), le monde invisible se rapproche tellement du quotidien que la nature, les choses, les situations, les événements sont en quelque sorte « surimpressionnés » par lui. Par suite, tout devient signe adressé aux humains. Chacun se compose alors une âme d’enfant, faite de disponibilité, d’attention aux possibilités infinies que lui livre cette relation privilégiée au surnaturel. Le moindre des événements, la plus humble des rencontres devient présage et est interprété comme une indication concernant l’avenir. L’année, alors, est toute entière contenue dans ces premiers jours et celui qui sait bien observer doit pouvoir découvrir la trame de tous les autres jours.
Ainsi, l’existence et le comportement vietnamiens s’insèrent dans un monde où la composante invisible est toujours présente. Dans l’univers traditionnel, à toute réalisation matérielle était associée une fin spirituelle. S’agissait-il de construire une maison, on faisait appel à un géomancien qui fixait soigneusement l’orientation de celle-ci en tenant compte de son environnement. Il existait des rites associés à la construction des bateaux, des vêtements, à l’ouverture des boutiques, des écoles. Certains actes étaient même purement symboliques et n’avaient de sens qu’en fonction des forces magiques qu’ils essayaient de capter. Contrairement à l’Occident où l’opposition « profane sacré » est fondamentale, le Vietnam n’a jamais envisagé la religion comme une rupture avec l’univers quotidien. Le sentiment religieux au contraire s’appuie sur lui, sait que les signes du divin peuplent le monde et qu’il faut les déchiffrer patiemment.
Le ciel
Si la sphère du sacré représente cette zone de communication avec l’invisible, le Ciel, « Troi », évoque la dimension religieuse de l’histoire, du déroulement des événements. Le mot « Ciel » désigne à la fois cette grande demi sphère bleue qui est au-dessus de nos têtes, « bâu troi » (la calebasse du ciel) et la cause de tout ce qui survient, de tout ce qui change. La perception du Ciel est indissolublement matérielle et spirituelle: il est à la fois une grande étendue bleue et la cause de toute chose.
Ce qui frappe d’abord en lui, c’est son immensité : tout ce que l’on voit lorsqu’on lève la tête. On dit des vieillards qui se courbent vers le sol qu’ils sont « loin du ciel et près de la terre ». Dans le langage courant, le ciel est le symbole de l’immensité, du démesuré. D’une chose qui dépasse l’entendement, on dit qu’elle est « qua troi » qu’elle dépasse le ciel. Celui qui s’agite comme un forcené « ébranle le ciel tout entier ».
Alors que l’expérience du « thiéng » introduisait au domaine des forces mystérieuses, quelquefois capricieuses et imprévisibles, celle du « Troi » met au contraire en relation avec une sagesse ordonnée. Le Ciel est principe de toute chose et de tout ordre. C’est à lui que sont rapportés tous les événements, qu’ils soient naturels comme le vent, la pluie ou le beau temps, ou qu’ils appartiennent aux existences individuelles. La vie, la mort dépendent de lui : « Sông chêt o troi » – mais aussi le bonheur, le malheur et la pauvreté.
Cette sagesse du Ciel n’est pas indifférente à l’humanité ; elle a certains traits de la Providence. L’ordre dont le ciel est le garant est un ordre favorable aux êtres vivants:
« Le ciel a fait naître l’éléphant et, en même temps, l’herbe pour le nourrir ».
Il est tourné vers l’homme et reste son appui et son recours suprême. L’équivalent du français « Grâce à Dieu » se dit en vietnamien « Grâce au ciel ». Il n’est pas inexorable et on peut l’invoquer : « Kêu Troi ,» « crier vers le ciel ». Les malheureux s’adressent à lui en criant : « Troi oi » (Ô ciel !)
On ne peut guère mettre en cause la sagesse du ciel qui est infinie. Celui qui la connaîtrait, connaîtrait l’ordre du monde. Devant un mystère, une énigme naturelle, le Vietnamien a l’habitude de dire: « Le Ciel, lui, le sait ». Une certaine tradition occidentale s’est révoltée contre Dieu à la vue des injustice de ce monde. La sagesse populaire vietnamienne connaît aussi le scandale de la mort des victimes innocentes par exemple, mais elle l’exprime sans révolte, dans une plainte adressée précisément au ciel :
« Les feuilles jaunes sont encore sur l’arbre, et voilà que tombent de là les feuilles vertes . Le Ciel le sait-il ? Le Ciel le sait- il ? »

Ou encore dans le chef d’œuvre de la littérature vietnamienne :
« Devant une telle injustice ,  on ne peut que crier vers le Ciel,
Mais le ciel est si loin ! »
Le dernier mot reste au Ciel. Se révolter contre lui est pure démence. Il n’y a pas d’équivalent du mythe de Prométhée dans la tradition culturelle vietnamienne. Une grande part de la mesure, de la résignation que l’on peut remarquer dans le comportement des Vietnamiens tient à cette reconnaissance de la volonté du Ciel, limite de toute action humaine :
«  Votre destin est d’être pauvre ! Vous pouvez vous démener,  Vous ne serez jamais riches. Pourquoi veiller si tard et vous lever si tôt ? Vous ne réussirez qu’à vous donner des courbatures »
On aurait tort cependant de penser que cette résignation relève du fatalisme. Il s’agit bien plutôt d’une attente. Il faut guetter les signes du Ciel, le mandat du Ciel qui donnera le signal de l’action.
« Un fleuve a ses méandres, l’homme a ses occasions ».
L’occasion est ce moment où les événements empruntent tout d’un coup un autre cours. Il faut la saisir car c’est en elle que s’harmonisent le désir de l’homme et la volonté du Ciel, formant ainsi une force irrésistible. Paul Mus, dans « Sociologie d’une guerre », a montré toute l’influence que cette attente du « mandat du Ciel » a pu avoir sur le déroulement de l’histoire contemporaine au Vietnam.
La piété
Le sentiment religieux se manifeste aussi dans un secteur tout à fait différent de ceux que nous avons étudiés jusqu’à présent : dans le monde des relations sociales. Dans la société, les hommes ne sont pas simplement juxtaposés les uns aux autres, mais liés entre eux par une solidarité originaire. Ce lien (nghia) est à la fois un réseau serré de devoirs et de droits et un sentiment de coloration fortement religieuse que nous appellerons ici « piété » (bien qu’au sens strict, la piété « hiêu » ne s’adresse qu’aux parents).
Nous avons déjà dit plus haut que la cellule familiale au Vietnam reste la matrice de toutes les autres relations intersubjectives. Nous ne reprendrons pas ici cette description de la famille sinon pour souligner sa coloration religieuse. C’est la présence des ancêtres à l’intérieur de la famille qui la fonde et assure sa continuité. Ceci n’est pas simplement une croyance abstraite, mais est vécu affectivement dans le « hiêu » la piété filiale. C’est le même sentiment qui est exprimé dans le culte des morts et dans les relations avec les vivants. Le « hiêu », la piété filiale, est donc d’essence religieuse. Certes, à proprement parler, il ne concerne que les parents. Mais on peut sans exagérer affirmer qu’il va marquer toutes les relations familiales, et, par suite, tous les rapports sociaux, dans la mesure où ceux-ci renouvellent à leur manière la première expérience, telle qu’elle a eu lieu à l’intérieur de la famille.
Dans le soin qu’apporte le Vietnamien à ses relations sociales, dans son effort pour déterminer exactement le lien qui l’unit à l’autre, il faut voir bien autre chose que ce qu’on appelle vaguement du nom de « politesse asiatique ». Contrairement à la conception occidentale où la société est du domaine du profane et essentiellement régie par des lois qui la surplombent, au Vietnam les hommes existent les uns par rapport aux autres grâce à toutes sortes de liens qu’on ne peut détruire. Le confucianisme avait mis en relief les plus marquants, ceux qui relient le sujet à son empereur, le fils à son père, le maître à son disciple ; mais ils sont en réalité beaucoup plus nombreux ; amitié, reconnaissance, pitié, etc. en sont quelques autres.
Ces liens sont religieux dans la mesure où ils ne sont pas une création de l’homme, mais font partie de l’ordre du monde, que, par eux, les vivants sont reliés aux morts, qu’en les faisant exister, on contribue à la bonne marche de l’univers. Nous comprenons alors mieux les multiples précautions et rites dont les Vietnamiens entourent leurs relations sociales, l’importance tragique que prennent certaines histoires qui nous paraissent dérisoires. Souvent, là où nous ne voyons qu’un différend, se joue un drame dont nous ne voyons pas toute la portée.
Nous avons essayé de laisser apparaître des soubassements religieux dans un certain nombre de domaines où nous ne nous attendions pas à les trouver. Ces quelques notes sont loin d’épuiser le sujet. Mais elles n’avaient pour but que d’éveiller notre attention à cette dimension cachée de l’existence quotidienne des Vietnamiens.

La femme et l’enfant au Vietnam

Ecrit par Guide francophone vietnam sur . Publié dans Culture et tradition

La femme et l’enfant au Vietnam: C’est un fait : chaque fois que l’on essaye de décrire une culture, on se place tout naturellement du point de vue de l’homme, de l’homme adulte. Ses rôles et ses activités sont privilégiés. Les quelques réflexions qui précèdent n’échappent pas à cette perspective et à ses limitations. C’est bien pourquoi, il est bon d’introduire ici deux êtres non pas marginaux mais différents, d’une différence que la culture vietnamienne souligne vigoureusement. Il s’agit de deux êtres plus particulièrement liés à la famille: l’enfant, parce qu’il reçoit tout son être de la cellule familiale ; la femme, parce que toute son action et toute son influence passent par elle.
L’enfant
Naître
Le mot vietnamien qui signifie la naissance désigne aussi bien l’apparition d’un nouvel être en ce monde, « sinh ra doi » que la dépendance que ce nouveau-né entretient avec d’autres êtres de qui il tient la vie. Le mot « sinh » en effet veut dire « engendrer », « faire naître », mais aussi « naître ». C’est le vocabulaire lui-même qui nous révèle un aspect important de la signification de la naissance: elle est une dette contractée à l’égard des autres par tout être qui vient au monde.
Si «l ‘arbre a ses racines et le fleuve sa source » l’homme lui aussi a ses origines et ne peut s’y soustraire.

« Un enfant a un père et une mère  Personne ne surgit du néant »
Ce qui fait la différence entre l’homme et les autres êtres, c’est le sentiment, les entrailles. Cette première dépendance physique s’épanouit en sentiment. Plus tard, l’enfant rendra à ses géniteurs un véritable culte dont nous avons déjà parlé plus haut.
La dette contractée à la naissance est triple. L’enfant doit son existence à son père qui est en quelque sorte sa cause première. Mais son développement dans le temps, sa croissance physique et morale, sont surtout attribués à la mère :
« Le père fait naître, la mère nourrit »
Le Vietnamien, d’ailleurs, n’est pas loin de penser que cette naissance continuée, cette origine perpétuellement renouvelée dans la mère, est le lien le plus fort qui soit :
« Le père qui fait naître ne vaut pas la mère qui nourrit »
Mais il existe une troisième source, celle-là beaucoup plus mystérieuse. L’enfant va se révéler différent ; il va bientôt montrer les signes d’une personnalité originale, les traits d’un caractère. Ce dernier est donné par le ciel qui dépose en chaque être humain la marque de l’individualité :
« C’est le père et la mère qui engendrent, mais c’est le ciel qui donne le caractère »
Prendre conscience
Dans ses premières années, chevauchant la hanche de sa mère, dormant dans le lit des adultes, sevré le plus tard possible, l’enfant va vivre sa dépendance dans une joyeuse insouciance. Ce n’est que plus tard, avec l’apprentissage du langage, qu’il va renouer avec sa naissance. Il va, en quelque sorte, la répéter symboliquement, prendre conscience de sa fondamentale dépendance lorsqu’il sera introduit dans le système des signes. Il verbalisera ses liens et les détaillera tout en prenant conscience de son moi. Pour se désigner, il commencera par répéter le mot par lequel le père et la mère le désignent « Bé » (le petit), « Con » (l’enfant), mots qui n’ont de sens que par rapport aux parents qui les prononcent. Il existera désormais en face d’eux comme un enfant. Son moi sera circonscrit par ce rôle.
Il répète ce que disent ses parents mais dit en même temps autre chose. Ainsi, la phrase vietnamienne : « Con noi voi ma » lorsqu’elle est dite par la mère, signifie : « Tu me parles, mon enfant ». Lorsqu’elle est prononcée par l’enfant, elle devient: « Je te parle, maman. »
Alors que, très vite, l’enfant occidental s’identifie au « je », indépendant et neutre, qui peut s’opposer à celui des parents, l’enfant vietnamien ne pourra jamais dire à ses parents (et cela toute sa vie) que « votre enfant » Il n’échappera jamais à cette interdépendance originelle; jamais ce lien verbal, symbole du lien originel, ne pourra être rompu.
En grandissant, l’enfant pénétrera dans la société des hommes en découvrant une par une les relations qu’il entretient avec les autres. On lui apprendra vite à désigner et identifier les liens qui l’unissent aux gens qui l’entourent. Qui doit-il appeler du nom de grand frère, de sœur aînée, d’oncle, de tante, de grand-père, etc. Comment doit- il se nommer lui-même face à ses partenaires ? Les premiers jeux auxquels il va se livrer porteront eux aussi sur l’emploi correct de ces appellations. Peu à peu, au-delà du langage, l’enfant se rendra compte de cette réalité profonde constituée par l’immense réseau des liens humains qui sont autant de « sentiments devoirs ».
« Tu dois faire ceci en tant que fils », « tu dois lui obéir comme un petit frère ». Toutes ces relations lui sont données, offertes par le monde qui l’entoure ; c’est pourquoi, elles sont autant de dettes contractées qui entraînent des devoirs correspondants.
L’affirmation de soi
Comme tout enfant, l’enfant vietnamien a ses caprices, ses révoltes, quelquefois fort violentes. Mais jamais elles ne remettront en cause le lien fondamental. Il est impensable que cet enfant, qui ne peut utiliser le « je », puisse parler avec insolence à son père (à tous les âges de sa vie). Aucune résistance, si obstinée soit-elle, ne brisera cette relation sans laquelle il n’existerait plus comme enfant et donc comme individu.
Le type d’opposition que l’enfant adopte lorsqu’il veut faire valoir sa volonté contre celle des parents est d’ailleurs extrêmement révélatrice. Ce que l’on nomme « li » est une espèce de résistance passive, d’inertie têtue que l’enfant peut maintenir longtemps. Il écoute les remontrances, accepte les punitions, ne répond pas, mais n’avoue pas son erreur et s’obstine à ne pas changer sa conduite – tout cela dans une apparente douceur. L’enfant pourra même entreprendre des grèves de la faim. Il semble qu’il faille interpréter ces mouvements de révolte comme le désir inconscient de se supprimer sans renoncer à la relation qui unit aux parents, attitude qui fait supporter toute la responsabilité par ces derniers. Généralement, ces petits accrocs se règlent sans que personne ne perde la face.
L’enfance vietnamienne reste fascinante car on y voit se dessiner clairement tous les éléments qui composeront plus tard le comportement inimitable du Vietnamien. Cette façon si originale de vivre avec les autres, cette délicatesse dans les relations humaines a été acquise à cette époque. Nous avons vu qu’il ne s’agissait pas simplement d’habitudes superficielles, mais d’une certaine conception de la vie en commun.
La femme
Si l’on peut décrire la formation de l’enfant au Vietnam sans trop tenir compte des changements apportés par les temps modernes, cela n’est guère possible quand il s’agit de la femme. Durant des millénaires, la femme a occupé une place centrale à l’intérieur de la famille. C’était en quelque sorte son lieu naturel. Toute son existence était marquée par l’emprise que cette organisation exerçait sur elle. Pour parler à la façon vietnamienne, le « dehors » (ngoài), la société, l’extérieur de la famille était réservé aux hommes ; les femmes, elles, étaient à « l’intérieur » (trong). Inspiratrices, sources profondes de la cellule familiale, elles ne se risquaient pas dans la jungle sociale.
Les diverses crises sociales qui se sont succédées sans interruption au Vietnam depuis plus d’un siècle ont profondément changé cet état de choses, en particulier, les dernières, à savoir celles qui ont été provoquées par l’introduction de la société de consommation au Sud Vietnam entre 54 et 75, par l’apparition de l’idéologie marxiste-léniniste et des transformation sociales opérées par elle, d’abord au nord et ensuite au sud après 1975, et, enfin, depuis 1986, l’ouverture progressive du pays à l’économie de marché, avec les conséquences morales de celle-ci, déplorées aujourd’hui par tout le monde. C’est pourquoi le tableau que nous dresserons ici représente davantage un archétype culturel légué par la tradition qu’un portrait concret de la femme d’aujourd’hui, dont les traits précis sont difficilement saisissables
En dehors de certaines exceptions, la femme vietnamienne vivait dans la mouvance de la famille ; son existence se justifiait par les rôles que cette dernière lui donnait à tenir. Son autorité et elle en avait souvent beaucoup était indirecte, le premier rôle étant réservé aux hommes.
Cette emprise familiale se faisait particulièrement sentir pour tout ce qui concernait son éducation. Les études poussées en caractères chinois ou en caractères « nôm » à l’extérieur de la maison lui étaient interdites. C’est à l’intérieur de la famille qu’elle devait acquérir les quelques rudiments qui lui seraient nécessaires plus tard.
Durant toute sa jeunesse, la femme vietnamienne vivait dans un milieu uniquement constitué par ses relations parentales. Elle n’avait que très rarement l’occasion de sortir seule. Dans ses visites, ses démarches et ses loisirs, elle était toujours accompagnée par un frère, une sœur, un parent âgé, un ami de la famille. Dès qu’elle atteignait un certain âge, elle était directement associée aux travaux du ménage, recevait la charge d’assurer l’éducation des enfants. Guidée par les exemples de la cellule familiale, instruite par les conseils que lui prodiguaient abondamment parents et grand-parents, elle se préparait ainsi à ce qui constituerait l’essentiel de sa vie, à savoir son rôle d’épouse, de mère et de bru.
Le mariage était simplement pour elle une façon de changer de famille. Mari et belle famille étaient choisis par ses parents. Cependant, au Vietnam, il était rare que la fille ne soit pas consultée sur ses goûts. Les parents renonçaient généralement à un projet auquel leur enfant s’opposait obstinément. Une fois entrée dans la nouvelle maison, la femme est désormais bru et dépend entièrement de sa belle-famille.
Elle est aussi épouse. En tant que telle, elle accomplit silencieusement les tâches domestiques et s’efforce de créer dans son foyer cette ambiance joyeuse si caractéristique des maisons vietnamiennes. Elle participe aussi à la subsistance économique des membres de la famille.
Présente aux travaux des champs, elle s’emploie, dans ses temps de loisirs, à la confection de divers objets domestiques, à des travaux de vannerie, etc.
Mais le rôle essentiel de la femme au Vietnam est celui de mère. C’est à elle que revient la charge de nourrir, d’éduquer les enfants. Cette éducation est un mélange harmonieux de soins matériels, d’exhortations puisées dans la sagesse populaire, de tendresse active. La présence de la mère dans tous les secteurs de la vie lui procure un grand prestige. Il n’est pas rare que son autorité s’étende bien au-delà du domaine strictement familial. La plupart du temps, aucune affaire sérieuse ne se décide sans elle.
Ce bref aperçu de la tradition vietnamienne féminine ne rend certes pas compte de la situation actuelle des femmes, mais il peut nous donner une idée du rôle de ces dernières dans la société vietnamienne. Bien que leur comportement se soit considérablement modifié, que leur domaine d’activités se soit élargi, elles gardent toujours leur place centrale à l’intérieur de la famille, leur influence indirecte dans les grands événements qui touchent aussi bien la famille que la société vietnamienne.

Le drapeau bouddhique

Ecrit par Guide francophone vietnam sur . Publié dans Culture et tradition

Le drapeau bouddhique a été créé en 1880 au Sri Lanka par le Colombo Comitee sur les conseils du colonel en retraite de l’armée américaine Henry Steel Olcott, un des fondateurs et le premier président de la Société théosophique. Celui-ci, arrivé en 1879 à Ceylan, s’était pris en effet de passion pour le bouddhisme.

450px-Flag_of_Buddhism_svg
Le colonel Olcott, conquis aux revendications indépendantistes cyngalaises contre le colonialisme britannique, apporte son soutien au bouddhisme et le nouveau drapeau devient un des signes de reconnaissance des bouddhistes nationalistes cyngalais.
Le drapeau n’est officiellement adopté par l’ensemble des communautés bouddhiques que le 26 mai 1950 lors d’un rassemblement œcuménique à Colombo. Depuis, il est largement utilisé dans tous les pays bouddhistes et flotte sur les temples et à l’occasion des manifestations religieuses.
Le drapeau utilise les 5 couleurs dégagées par l’aura du Bouddha au moment de son Éveil. Ces cinq couleurs représentent les cinq sources de perfectionnement indispensables à la pratique bouddhique.
Cinq bandes verticales unies se succèdent :
•    le bleu, symbole de la méditation ;
•    le jaune clair, pour la « pensée juste » ;
•    le rouge, pour l’énergie spirituelle ;
•    le blanc, pour la « foi sereine » ;
•    la couleur orangée, pour l’intelligence, est un composé des quatre couleurs précédentes, car l’intelligence est considérée comme la synthèse des qualités que ces couleurs symbolisent et rappelle le safran des robes de moines.
La sixième bande, reprenant cette succession de couleurs empilées verticalement, représente l’association des cinq précédentes et symbolise la non-discrimination
Significations des couleurs :
•    rouge : le feu
•    vert : l’eau
•    jaune : la terre
•    bleu : la voûte céleste
•    blanc : l’air, les nuages
Les cinq couleurs des drapeaux de prière tibétains représentent également les cinq directions (nord, sud, est, ouest et centre)mais aussi les cinq bouddhas de méditation et les cinq sagesses (Les cinq sagesses sont la compassion, l’harmonie, la sagesse de la vue, la bonté et la sagesse parfaite).
Le 24 février 1951, le Vénérable Tô Liên représentant le Comité Directeur du Bouddhisme Mondial au Viet-nam, est revenu du congrès mondial du Bouddhisme réuni à Colombo, avec le précieux drapeau Bouddhique.
A partir de cette date, ce drapeau flotte aux quatre coins du beau et pittoresque au Viet-Nam, terre des peuples dont l’histoire qui a fait sa fierté, remonte à 4000 ans et où le Bouddhisme a fait son apparition depuis plus de 2000 ans.
Le pavillon Bouddhique exprime la détermination des adeptes du monde entier à abandonner la conception de l’égoïsme de l’homme d’une manière nette et sincère, décidée et résolue, afin de supprimer les barrières régionales pour servir la cause de la grandes familles Bouddhique.
C’est pour cette raison que le pavillon Bouddhique a conçu cinq couleurs différentes : bleu, jaune clair, rouge, blanc et jaune foncé, le sixième étant la réunion des cinq couleurs précitées.
Suivant les enseignements Bouddhiques les cinq couleurs représentent les cinq sources de perfectionnement avec chacune, une puissance d’efficacité merveilleuse.
1) La couleur bleue  » symbole de la Méditation  » représente aussi  » l’état d’extase » englobant la vertu immense et calme, et l’intelligence absolue. Par la voix de la Méditation on arrive à posséder tous les secrets de la vie dans l’univers.
2) La couleur jaune clair « symbole de la juste Pensée » qui est elle-même, comme la Pureté et la Sérénité; à l’origine de l’intelligence.
3) La couleur rouge « symbole de l’énergie spirituelle » permet le perfectionnement de l’intelligence nécessaire à rendre lumineux le sublime héritage religeux du Bhagaban et à la propagation de ses enseignements menant toutes les créatures au but : le Nirvana.
4) La couleur blanche  » symbole de la foi  » joyau précieux pour le Dharma. Avec cette foi, on comprend les enseignements du Bouddha et on a toutes les chances de parvenir à la Boddhiscité.
5) La couleur jaune foncé  » symbole de l’intelligence  » est un amalgame de 4 couleurs précitées tout comme l’intelligence est la cristallisation des quatres sources qui précèdent . Chaque fois qu’une pensée se manifeste, la méditation et l’intelligence naissent d’une manière merveilleusement claire et efficace.
6) La sixième couleur constitue la synthèse des cinq couleurs précitées symbolisant la non discrimination entre les couleurs, les sources. Cette synthèse représente le caractère harmonieux, sans peur ni inquiétude d’une religion prêchant la miséricorde et la joie dans le sacrifice.
Les explications ci-dessus représentées sont tirées des enseignements Bouddique. Cependant, les lois Bouddhiques ne sont autres que les lois de la société. A ce point de vue, le drapeau Bouddhique symbolise encore le courant des pensées de toutes les nations sans distinction de couleur de peau, d’idéologie politique et de race, rejoignant la vérité éternelle de l’univers infini prêchée par le Bouddha Sakyamuni.
Ainsi, il est à remarqué que les drapeaux des différentes nations n’ont d’autres couleurs que celle du drapeau Bouddhique. Cependant, le caractère particulier de tel pays ou de tel peuple apparaît selon la différence des couleurs de leur pavillon national. L’humanité est de ce fait divisée aussi bien dans les apparences que dans les esprits, cause de tant de malheurs.
Symbole de l’intelligence, origine de la merveilleuse compréhension spontanée et de la force de courage pour accomplir toutes bonnes actions, le drapeau Bouddhique cache une riche vérité extrêmement nécessaire à l’humanité. Rien qu’à le voir flotter, notre coeur se sent envahi par un sentiment altruiste profond, notre esprit s’émeut à la pensée de la paix universelle. Il sonne pour nous le réveil, le rappel de notre devoir sacré, celui d’être au service de l’humanité.
Loin de tout esprit de violence et de guerre ce drapeau n’a jamais été souillé par une goutte de sang d’homme ou de bête. Unique dans l’histoire du monde il est le symbole de l’espérance et de la paix.
Sous son ombre, il ne peut avoir de violation de territoire. C’est le fanion de la justice, du sentiment affectueux et respectueux vis à vis des êtres supérieurs, des humains, des créatures de toutes sortes. Il représente la miséricorde envers les malheureux, les souffreteux, les désespérés. Il représente aussi l’esprit dénué de tout égoïsme au service d’autrui, de l’effort continu à parvenir à la paix, au bonheur et par -dessus tout au Nirvana de joie et de lumière.
Nous devons espérer que là où flotte ce drapeau il flotte aussi un parfum de paix, de bonheur et d’intelligence, que ce soit au Sri Lanka, en Birmanie, en Thailande, aux Indes, en Chine, au Viêt-Nam, au Japon ou en Europe, en Amérique, en Afrique.
Le jour où les villes et les moindres coins retirés du monde entier seront baignés dans le même parfum, les dissensions disparaîtront et la paix sera réalisé. C’est vers ce but que le drapeau nous appelle. Drapeau en main, imprégnés de la mission de paix confiée par le Bouddha, nous devons franchir monts et océans, aller d’une terre à une autre, de génération en génération, jusqu’à ce que cette mission pleine de bonne volonté soit accomplie pour le bien de l’humanité toute entière.
En effet, ce drapeau est le messager de la vérité et de la Miséricorde. Il nous incite à persévérer dans nos efforts pour l’établissement d’une nouvelle ère pleine d’espérance basée sur le bonheur et la paix du monde.
Prions donc pour la longévité de ce drapeau flottera toujours avec l’éternel enseignement du Bouddha.

Le culte des Mères au Vietnam

Ecrit par Guide francophone vietnam sur . Publié dans Culture et tradition

Le culte des Mères au Vietnam: Le Culte des Mères est une croyance très populaire qui est pratiquée depuis très longtemps au Vietnam. C’est une vénération traditionnelle à la Féminité de la Mère créatrice du Monde. Au XVIè siècle, le culte de la Sainte Mère ou Culte des Trois Palais (1. les Mères, 2. les Mandarins, Princes, et Princesses, 3. Les garde-corps), ou bien les Quatre Mondes (Le Ciel, la Terre, les Forêts et les Eaux) apparut. La hiérarchie céleste du Culte de La Sainte Mère est la suivante 1. L’Empereur de Jade 2. Les Trois Mères (Mère Suprême du Ciel, Mère Des Forêts et Mère des Eaux) Les Cinq Mandarins Les Quatre Déesses de la Mère (quatre incarnations des Mère dL,, Ciel, Mère des Forêts, Mère de la Terre et Mère des Eaux) Les Cinq Princes ou dix Princes (dix est multiple de cinq) Les Douze Déesses royales Les Douze Génies royaux 3. Les Cinq Tigres (Ngu Hô) Le Serpent (Ông Lôt)

À présent, il existe un millier de temples dédiés aux Mères. Les fêtes religieuses dans ces temples ont autrefois attiré beaucoup de monde et ont toujours été méticuleusement organisées. Elles ont été interdites récemment pendant une longue période quand la croyance envers les Mères (Mau) était considérée comme un culte superstitieux et sectaire qui était sévèrement puni par les autorités. Grâce à la politique dite de 1’« ouverture » en 1994 du parti communiste, les fêtes des croyants sont de nouveau autorisées, mais toujours sous la surveillance des autorités.

La monté du médium (lên dong) est un Culte tout à fait étonnant dédié aux Mères. Le médium est un personnage doué du pouvoir de prêter son corps à une divinité. L’âme du médium quitte son enveloppe charnelle et son corps est possédé par la divinité. Le médium devient un prophète qui transmet les paroles des dieux. Ceci permet aux fidèles de consulter les divinités et de gagner ses faveurs. La hiérarchie du Culte des Mères s’organise en deux axes : le premier est celui des seigneurs, princes, princesses…. l’ensemble étant dominé par un Génie Suprême, la Mère du Ciel ; le deuxième représente à chaque niveau les quatre mondes : Ciel, Terre, Forêt, Eau. Après la prière devant l’autel, le médium sait immédiatement quelle divinité va descendre dans son corps charnel, il va lui offrir des offrandes et s’habiller des vêtements qui lui conviennent. Si la Mère Suprême s’incarne, le médium porte des vêtements rouges, si c’est la Mère des Forêts, la tenue sera en couleur verte, la Mère des Eaux porte une robe blanche, les vêtements des Princes sont toujours jaunes…. Pendant toute la cérémonie, le public, composé d’autres pratiquants invités, participe à plusieurs niveaux : ils assistent à la venue des divinités, les vénèrent, leur font des offrandes, dialoguent avec celles-ci pour solliciter la sérénité dans le parcours de la famille, la santé, la prospérité ; et éventuellement une divination pour une question plus concrète. Ils prodiguent des bons conseils, officient, font le culte devant l’autel de tout le panthéon, expriment en quelques minutes les traits les plus marqués de leur caractère ou de leur vie ou même de leur histoire … ; puis s’en vont pour laisser la place à d’autres… Pendant la cérémonie, les chanteurs cultuels (Cung-van) chantent la louange des divinités en jouant sur des instruments spéciaux réservés à ces rites précis. Les paroles du chant décrivent la vie des génies avec leurs pouvoirs et leurs largesses. Il existe aussi le culte des cinq Mères : Kim (le Métal), Môc (les Arbres), Thuy (les Eaux)Thô (laTerre). Cette croyance qui vient de la Chine est modifiée à la façon vietnamienne et est pratiquée plutôt dans le Sud du pays.

Depuis 20 ans, les recherches sur le culte des Mères attirent beaucoup de chercheurs vietnamiens et étrangers, qui se consacrent au génie Lieu Hanh, aux fêtes, à l’architecture des temples, aux pratiques religieuses mais surtout au rituel de la montée du médium (len dong, hau bong). Le culte des Mères est considéré comme un des patrimoines spirituels du Vietnam

Le Châu van  » et le  » Lên dông », trésor de valeur derrière leur dessus religieux.

Bien mal inspiré serait celui qui ne verrait dans le « Châu van  » (chant des sorcières) et le « Lên dông  » (danse des sorcières) qu’un spectacle simpliste et stylisé.

Il s’agit d’un héritage si riche et si précieux de la culture nationale, que de rares compositeurs qui font revivre cette représentation à l’étranger sont chaleureusement applaudis.

Le Châu van est une représentation religieuse originale, qui fait intervenir des scènes de danse. Il comprend un prélude de musique et de chant, qui baigne les spectateurs dans une atmosphère religieuse

.A un moment précis, le Châu van prévoit l’entrée en transe d’un médium (Lên dông) pour exprimer une grande explosion artistique. Les instruments de musique employés sont le tambourin, les castagnettes, la clochette, le petit gong, la viole à deux cordes, le luth à caisse ronde et, quelquefois, la cithare à seize cordes et le dan day (luth à trois cordes et àmanche longue des ethnies minoritaires du Nord).

Le chantre du Châu van chante tout en pinçant l’instrument. Il y a jusqu’à une quarantaines d’airs du Châu van ainsi que de nombreuses variations, très sérieuses, qui expriment le courage et la volonté. Quelquefois, il s’agit des airs mélodieux qui réveillent de vieux souvenirs… Dans le Châu van, quelque chose ressemble au « hat noi  » (chansons destinées aux chanteuses professionnelles), au « cheo  » (théâtre populaires du Nord), au « noi loi  » (style conversation), au « ngam Kieu  » (déclamation des vers du Kieu) et à d’autres autres déclamations et liturgies. Le rythme y est souvent précipité, scandé, syncopé… pour exprimer toute une gamme de sentiments humains.

Le Châu van a un caractère pré-religieux. Il est l’amalgame de plusieurs religions importées au Vietnam et des éléments autochtones qui se sont développés dans la communauté vietnamienne. La musique et les paroles du Châu van ont un grand pouvoir de généralisation et d’abstraction. Ce sont des paroles de description, de narration, de récit, de louanges, d’aspiration, de voeux qui tendent, indirectement, vers une fleur parfaite ou un feu merveilleux, un feu sacré auquel l’homme, par sa nature malheureuse, ne saurait prétendre. D’après le Professeur japonais Ishisawa, il s’agit là d’un art musical à la fois profondément méditatif et tempétueux.

L’apogée du Châu van se situe à l’époque des dynasties des Lê Antérieurs (981- 1009), des Ly (1010- 1225), des Trân (1225-1400) et dans les années 20 à 40 de ce siècle.

Le Châu van se répartit sur plusieurs « foyers  » avec des caractéristiques plus ou moins différentes. Ce sont les foyers de Nam Dinh, de Bac Ninh, de Hai Phong, de Hung Yên, de Thai Binh…

Depuis longtemps, des compositeurs ont exploité certains airs du Châu van et pleinement réussi leurs tentatives, àl’intérieur du pays aussi bien qu’à l’étranger. Mais ils restent bien peu nombreux. Le Châu van est un terrain fertile jusqu’ici très peu exploité.

Avant 1940, des compétitions du Châu van étaient organisées àHanoi, comme dans les rues Hang Quat, Hang Khoai, Hang Ma, Hang Bac (Rue de l’Eventail, Rue de la Patate, Rue des Papiers Votifs, Rue des Monnayeurs) avec la participation d’artistes de Bac Ninh, de Nam Dinh… Et des prix importants à la clef. Le jury était composé de trois membres: L’un, appréciant le chant, qui prodigue des récompenses par des coups de tambourin; un autre qui punit par des coups de cloche; et le troisième qui donne des notes.

Quant à la vie des Cung van, ou chantres, elle était plutôt aventureuse. Les chantres errants vivaient de dons des corporations et du public, mordus de ce genre de musique.

Le Châu van chante et raconte la vie des personnages merveilleux et abstraits, qui portaient des noms imaginaires comme: Le prince Dix, le Prince Cinq, le Prince Bo, la Princesse Neuf, le Prince Sept, la Princesse Muong, la Mère de la Forêt, la MèreThoai des Eaux, la Mère Liêu Hanh… Ces divinités se sont incarnées dans les chefs militaires des rois Hùng-fondateurs de la Nation, du Génie des Montagnes Tan Vien et d’autres rois. Elles sont encore incarnées par des princes, des princesses, des hommes surnaturels qui prennent la défense des gens honnêtes et qui punissent les méchants.

La musique et les paroles du Châu van, à la fois divines et vulgaires, sont étroitement liées à la légende. Le Châu van décrit les beaux paysages de la Patrie pour embellir les personnages distingués. Mais il raconte tout du long du jour que les esprits et les Génies, bien que respectables, ont pourtant commis des fautes comme les simples mortels.

La musique du Châu van est pure. Elle captive les gens pendant deux ou trois heures d’affilée, sans les fatiguer (Docteur Samidi. Indonésie).

Dans cette atmosphère de musique et de chanson, le médium se voit investir par l’âme des esprits. Le médium qui joue le rôle de tel ou tel esprit porte tous les traits caractéristiques de cet esprit. Surtout, une fois entré en transe, en sublimation, il est vêtu par son entourage de vêtements spécifiques àl’esprit qu’il incarne. Il porte des parures (quand il représente un esprit féminin) ou des armes (quand il s’agit d’un esprit militaire). Au nom du personnage incarné, le médium chante et exécute des pas de danse conventionnelle et stylisée, accompagné par la musique des chantres. On pourrait en conclure qu’il s’agit des gestes simples et grossiers. Mais en réalité, ce sont là des gestes, des attitudes qui remontent aux origines de l’Humanité. C’est le cas des danses à la fois divines et vulgaires, comme la danse de la serviette, la danse des chandelles, la danse des fleurs, la danse des rameurs, la danse de l’épée, de l’arc, du bâton, etc.

Après la danse, l’esprit prend sa place et commence à donner des ordres, des conseils, des reproches à l’adresse de son entourage. Il prodigue des dons à tout le monde, puis se retire enfin. C’est la fin d’une scène de transe qui est en même temps une scène de chant, de danse, de musique et de théâtre.

Quant à l’habillement des médiums, il mérite qu’on y prête de l’attention. Les couleurs sont d’ordre religieux, dans la Cour royale et dans la vie quotidienne. La Mère de la Forêt porte toujours des vêtements verts pour représenter la forêt. Cette couleur verte est renforcée par tout un attirail, comme des passementeries, des ceintures, des turbans. Les vêtements accentuent encore la beauté du corps: le cou à trois bourrelets, le rire aux cent fleurs de la Mère. La Mère Thoai des Eaux et le prince Bo ont des vêtements tout blancs qui représentent les eaux, les fleuves et la mer, et sont relevés par des décorations multicolores.

Les personnages incarnés portent sur eux d’autres pièces, telles que les chapeaux, les chaussures brodées, l’éventail, le couteau, la chaîne d’argent, le tube à chaux, les mouchoirs, etc. Tous ces objets renferment beaucoup d’histoires, ils sont fabriqués avec soins et relevés par la couleur locale.

D’une manière générale, il faudrait procéder à un examen minutieux du Châu van et du Lên dông. Il s’agit ici d’une forme de représentation du théâtre populaire. Elle a donné naissance à d’autres branches artistiques, tels que le chant, la musique, la danse, l’art décoratif, la peinture et les arts plastiques du Vietnam.

En 1996, la troupe artistique du Vietnam s’est produite dans plusieurs pays du monde. Le numéro intitulé: « Trois médiums en transe  » a été vivement applaudi. Il a bouleversé les théâtres de plusieurs pays. Mais ce n’est là qu’un petit flacon de parfum tiré des grandes bouteilles de l’art du Châu van et du médium en transe du Vietnam.

Le Châu van et le Lên dông constituent un héritage précieux de notre culture nationale qu’il faut à tout prix garder et exploiter. Naturellement il faudrait en écarter les abus et les spéculations qui tendent à les transformer en phénomènes superstitieux, pour leur redonner un caractère social, culturel et économique. Ce faisant, ils deviendront un monument multi-faces de la culture nationale et même internationale.

Le Châu van est un ensemble de chants rituels utilisés dans les séances médiumniques appelées Lên Dông, (”entrer en transe”), cérémonies où l’on peut, par l’intermédiaire des médiums, entrer en communication avec les dieux et l’âme des morts.

Cette croyance formait la base de la religion populaire antique en Orient, particulièrement dans le sud de la Chine. En effet, une des particularités des dieux d’Orient est qu’ils ont le pouvoir de s’incarner et s’exprimer par l’intermédiaire d’un personnage doué du pouvoir spécial de prêter son corps à une divinité. Au Vietnam, cette croyance qui a pris source dans le delta du Fleuve Rouge dans le Nord, se répand au cours des siècles dans les régions du Centre et du Sud du pays et dure encore jusqu’à maintenant.

L’objet de ce culte englobe les génies de quatre domaines terrestres : celui des Forêts et des Montagnes, de l’Eau, de la Terre et du Ciel, ainsi que les divinités et immortels du panthéon taoïste comme la Reine Mère de l’Ouest et les héros déifiés comme le Troisième Prince Na Tra, un dieu-démon d’origine indienne «sinisé» devenu héro national chinois, vénéré par les adeptes de tout lieu du culte. Au Vietnam, le général Tran Hung Dao, qui a réussi à repousser l’invasion des Mongols hors du territoire national, a aussi été déifié et figure parmi les dieux les plus vénérés du culte par le peuple pour la même raison depuis le XIIIe siècle.

Une femme, figure centrale

La cérémonie médiumnique est conduite par une figure centrale, généralement une femme, ayant le pouvoir de communiquer avec les esprits et qui sert de médiatrice pour révéler les messages des esprits à l’audience : ce qui permet aux hommes de les consulter sur la conduite à tenir pour écarter les malheurs et se gagner la faveur du monde des ombres. Le médium exerce son pouvoir particulier soit chez lui, soit dans l’enceinte d’un temple où il donne des consultations régulières ou sur commande. Au cours des fêtes, il incarnera en outre une divinité pour permettre à celle-ci d’être présente physiquement.

Les deux accessoires indispensables à la cérémonie médiumnique sont un autel devant lequel le médium demande à la divinité de prendre possession de lui, un fauteuil particulier dans lequel il s’assied quand il est en transe. Au cours des rites funéraires, il a aussi pour tâche de prêter son corps à l’esprit des morts pour leur permettre de s’exprimer. Certains d’entre eux ont aussi la possibilité de prédire l’avenir, détecter les crimes, les fautes commises… Aussi, les médiums sont souvent craints. Leurs paroles sont incontrôlables, échappent à tout argument logique par définition et sont crues aveuglément par les consultants.

Une séance médiumnique dure assez longtemps, de quatre à six heures, car le médium peut être en communication avec plusieurs esprits et n’entre en transe qu’au bout des heures. Dans la cérémonie, le médium se coiffe d’un carré de soie rouge, se balance au rythme des chants, parfois exécute des danses martiales avec une épée ou des éventails selon les personnages qu’il incarne, des héros, des personnages militaires ou des poètes, des gens de lettres en s’accompagnant d’incantations chantées, de pleurs.

Lorsque que le médium commence à reproduire des mouvements qui font penser à ceux des épileptiques : bavant, agitant bras et jambes de façon désordonnée, se roulant par terre de façon inconsciente en baillant, en tournant la tête plusieurs fois, on comprend qu’il est possédé et quand le carré de soie rouge tombe, il est entré en transe.

Ainsi, la musique et les chants sont essentiels dans une séance de médium. Aux instruments utilisés autrefois comme le gong et le tambour pour marquer le rythme s’ajoutent d’autres instruments de musique au cours du temps. A partir du 16è siècle, les incantations sont chantées sur les airs des chants populaires et cette pratique se répand dans tout le pays jusqu’à nos jours. En raison de la diversité des personnages incarnés et pour les distinguer, le répertoire des chants médiumniques est très riche et varié, il y en a au total une cinquantaine, provenant des sources et des genres divers : musique populaire traditionnelle du Vietnam, celle des minorités ethniques et même des airs de musique de cour impériale de Hue.

RESUME

Le rituel de possession au Viêt-nam a plusieurs appellations : le culte des quatre mondes (tho Tu-phu) ; le culte de la (Sainte) Mère (Dao Mâu), le service des âmes (Hâu-bong),  » la montée sur le médium  » (Lên-dông) ou encore  » l’entrée en transe « …

Faisant partie des pratiques religieuses des vietnamiens, issue du Viêt-nam du Nord, toujours vivace à nos jours, ce rituel se dote d’un répertoire musical très riche, indispensable et indissociable du culte.

Dans notre thèse, en nous basant sur les enregistrements réalisés pendant 3 ans de 1986 à 1989 à Hànôi et à Namdinh (Nord Viêt-nam) auprès des maîtres encore vivants à l’époque, nous essayons d’atteindre les objectifs suivants :

* Décrire et expliquer le rituel dans ses détails afin d’avoir une vue complète sur le rituel, le situer dans le contexte des autres pratiques proches ou similaires en Asie.

* Répertorier l’ensemble des morceaux musicaux joués pendant différentes occasions et pendant le rite.

* Analyser les caractéristiques de cette musique afin de codifier la partie  » immuable  » et  » variable  » des airs, afin de faciliter l’apprentissage de cette musique.

Plusieurs étapes d’observation nous permettent désormais de comprendre peut être le pourquoi et le comment pour un pratiquant le fait qu’ils entrent en transe de possession, or lors de notre dernier mémoire DEA consacré à la musique de Hâu-bong, nous l’avions décrit en partie, mais n’avions pas une très grande connaissance sur le phénomène. C’est pourquoi nous avons repris les travaux après une période de pause et de réflexion.

La question de croyances et de religions est toujours un sujet délicat pour un Viêt-namien, la majorité déclare qu’ils sont bouddhistes sans pour autant pouvoir dire qu’ils sont pratiquants, d’autres sont christianistes ou chrétiens, il y a également des communautés de protestants, des hindous, des caodaïstes, des  » Hoa-hao « , … Parmi ces différents courants, subsiste le culte  » Hâu-bong « , pratiqué par une communauté dont le nombre est difficilement chiffrable (on connaît pas exactement pour les raisons ci-dessous mentionnées). Ils (ou elles, car la majorité presqu’absolue est des femmes) ne le disent jamais à haute voix, ils se tranchent derrière le bouddhisme, car cette pratique de Hâu-bong a été toujours d’abord méconnue, puis redoutée, marginalisée, méprise parfois par la population, et dernièrement elle est tout simplement interdite par les autorités.

Qu’est-ce que c’est le rituel de possession au Viêt-nam, le Hâu-bong ?

Le panthéon des divinités s’organise sur deux axes: le premier est une hiérarchie : seigneurs, princes, princesses…, le tout est trôné par un Génie suprême, la Mère du Ciel; le deuxième, dans chaque hiérarchie, il y a la représentation des quatre mondes: Ciel, Terre, Forêt, Eau. A ce deuxième axe s’ajoutent les divinités d’une région particulière ou un héros (national et/ou régional). Le pratiquant de Hâu-bong se doit alors faire organiser des cérémonies dans le but de solliciter l’esprit des Génies et des Divinités de leur panthéon venir s’incarner alors dans leur corp; il est possédé par l’esprit qu’il évoque. Pendant toute la cérémonie, le public, composé d’autres pratiquants invités, participe à plusieurs niveaux : contempler la venues des divinités, les vénérer, leur faire des offrandes, dialoguer avec celles-ci pour solliciter la sérénité pour le parcours de la famille, la santé, la prospérité; et éventuellement une divination pour une question plus concrète. Les divinités viennent une par une selon la sollicitation du maître (cung-van) et du public, siègent, donnent les conseils, officient, faire le culte devant l’autel de tout le panthéon, expriment en quelques minutes les traits les plus marqués de leur caractère ou de leur vie, de leur histoire…; puis s’en va pour laisser l’apparition d’une autre…

Pendant la cérémonie, le maître (cung-van) chante la louange des divinités, les invite à venir, décrit la vie des génies avec les pouvoirs et leurs générosités, il chante également l’obéissance du public pratiquant ou la sincérité de  » dông « , le pratiquant, celui qui a organisé la cérémonie à la gloire des génies. Chaque divinité a sa propre musique, ses propres proses. Donc à chaque cérémonie, c’est de quatre à six heures de musique en général, aucune fausse note ne doit être commise, aucune parole ne doit être mal placée, pour le bien être du maître, du pratiquant, des divinités, du public, et du temple.

Il s’agit d’une musique jouée de manière continue pendant le rituel. Elle est sacrée, elle fait partie intégrante du rituel et elle est narrative. Elle est considérée comme une des offrandes aux génies.

Village de métier traditionnel de poterie de Bat Trang

Village de métier traditionnel de poterie de Bat Trang

Ecrit par Guide francophone vietnam sur . Publié dans Culture et tradition

Village de métier traditionnel de poterie de Bat Trang
L’art de la poterie est l’une des traditions les plus anciennes du Vietnam. Près de Hanoi se situe le village de Bat Trang, littéralement « village des bols », le plus ancien village renommé de potiers du Vietnam.
Bat Trang près de Hanoi serait le village de céramique le plus ancien du pays; selon les archives historiques, ces produits étaient connus avant le XVè siècle.

Village de métier traditionnel de poterie de Bat Trang
A Bat Trang, Il existe des milliers de fours de poterie. Plus d’un four par famille. Depuis des décennies, la vie du village est rythmée par les flammes qui dansent jour et nuit dans des milliers de fours de poterie.
Depuis des siècles, la tradition et les secrets du métier sont transmis d’une génération à l’autre. Les artisans d’aujourd’hui utilisent toujours les tours pour créer de la poterie. Les produits sont séchés dans les fours en brique puis peints à la main

Ancien village de Duong Lam
Duong Lam est un village situé à 4km du chef-lieu de Son Tay, province de Ha Tay.
C’est dans le hameau de Duong Lam que sont nés les rois Phung Hung et Ngo Quyen. Aujourd’hui, de temples leur sont dédiés dans le village.
Les collines Hum et Guom sont situées près du stade où les deux rois s’entraînaient aux arts martiaux et gardaient leurs éléphants et leurs chevaux. On y trouve aussi le tombeau de Man Thien, qui serait la mère des deux Sœurs Trung.

À Duong Lam, il y a aussi la Pagode Mia, classée monument historique. Elle recèle en effet près d’une centaine de statues bouddhiques, y compris celle de Tantrayana, la plus belle d’entre toutes.

Régime politique du Vietnam

Ecrit par Guide francophone vietnam sur . Publié dans Culture et tradition

Régime politique du Vietnam: Le Vietnam est une République socialiste dont le régime politique est défini par la Constitution de 1992, amendée en 2001. L’article 4 de ce texte affirme que « Le Parti communiste du Vietnam, (…..), est la seule force qui dirige l’Etat et la société ».

L’assemblée Nationale comprend 490 membres élus pour 5 ans au suffrage universel. Elle élit le Président de l’Etat et, sur proposition de ce dernier, le Premier Ministre, dont les mandats sont de 4 ans renouvelables.

Le Congrès du Parti communiste vietnamien (dont le nombre des membres atteint plus de 3 millions de personnes à travers le pays) est organisé tous les 5 ans. Il élit 160 membres au Comité central et 14 personnes au Bureau politique. Ce Bureau politique est l’organe suprême du Parti ; il rassemble, entre autres, le Secrétaire général du Parti, le Président de l’Etat, le Président de l’Assemblée Nationale, le Premier Ministre, le Ministre de la défense.

Bien qu’elles ne soient pas classées dans la hiérarchie des normes, les résolutions adoptées par le Bureau politique s’imposent aux pouvoirs législatif et réglementaire. Ces résolutions fixent les orientations générales à suivre dans tous les domaines, auxquelles sont soumises toutes les mesures gouvernementales et législatives. L’assemblée nationale, critiquée pour ne faire que voter ce qui est préalablement décidé par le Parti, s’efforce ces derniers temps de prendre plus d’autonomie.

Le Comité central du Parti détient également des pouvoirs considérables. On ne peut pas devenir Ministre ou Président d’un comité populaire de province, par exemple, sans être élu préalablement membre du Comité central.

Sur le plan administratif, le pays est actuellement divisé en 60 provinces et 4 villes relevant directement du pouvoir central (à savoir Hanoi, Haiphong, Da-Nang et Ho Chi Minh ville). Chaque province est divisée en plusieurs districts, lesquels sont décomposés en communes. A chaque niveau administratif se trouve un Conseil populaire, élu directement par la population. Ce Conseil élit à son tour un Comité populaire, véritable organe exécutif local, secondé dans son travail par autant de services techniques qu’il en existe de ministères au niveau central. Ainsi, chaque comité populaire est placé à la fois sous l’autorité du Gouvernement et sous celle, moins technique, d’un conseil populaire.

Les efforts de déconcentration (et jamais de décentralisation) entamés depuis une dizaine d’années tentent de donner aux collectivités locales plus d’autonomie dans leurs actions.

Système Judiciaire :

Les juridictions modernes au Vietnam sont instituées par une loi de 1960, amendée à deux reprises en 1982 et en 2002. Elles sont organisées à trois niveaux : la Cour populaire suprême, les tribunaux populaires de province et les tribunaux populaires de districts. Les principes généraux qui les régissent sont, parmi d’autres : double degré de juridiction, indépendance du juge qui n’est soumis qu’à la loi, égalité de tous devant la loi, garantie des droits de la défense, audience publique. Il n’existe pas au Vietnam de Cour constitutionnelle.

Le tribunal de district est la juridiction de première instance. Le tribunal de province représente principalement le juge d’appel des décisions rendues par le tribunal de district, tout en étant lui-même juge de première instance pour certaines affaires (ce qui le rapproche donc du Tribunal de Grande Instance en France). La Cour populaire suprême est avant tout une Cour de cassation, mais elle joue en même temps le rôle de juge d’appel des décisions de première instance rendues par les tribunaux de province.

Les magistrats sont recrutés sur concours, essentiellement parmi les greffiers ayant au moins 5 ans d’expérience (concours internes) et plus récemment parmi les jeunes diplômés des facultés de droit (concours externes). Ils doivent suivre une formation professionnelle dans une école spécifique (Académie judiciaire) avant d’être nommés aux fonctions de magistrat pour un mandat de 5 ans renouvelable, sur proposition d’un Conseil de sélection qui compte, parmi ses membres, un seul magistrat.

Noms et prénoms des vietnamiens

Ecrit par Guide francophone vietnam sur . Publié dans Culture et tradition

Noms et prénoms des vietnamiens: Le nom complet d’un vietnamien se compose généralement de trois éléments : le nom de famille, le post-nom familier (ou prénom) et le mot ajouté (ou nom intercalaire)

Le nom de famille équivaut en général au nom du clan auquel l’individu appartient. Il existe au Vietnam plus de 200 noms de clan. La grande majorité des familles (85%, selon P.Gourou), portent les douze noms suivants : Nguyễn, Trần, Lê, Phạm, Vũ, Ngô, Dỗ, Hoàng, Đào, Đặng, Dương et Đinh.

Traditionnellement, tout enfant porte le nom de famille de son père. Mais à l’heure de l’égalité des sexes, plusieurs couples choisissent de donner leurs noms respectifs à l’enfant, le nom du père précédant le nom de la mère. Ainsi, nombreux sont ceux qui s’appellent « Trần Nguyễn…. » ou « Phạm Lê .

Le post-nom familier (l’équivalent du prénom français) évoque, pour les femmes, des noms de fleuves, d’arbres, d’oiseaux, de saisons, de choses précieuses et, pour les hommes, des noms des vertus abstraites. Exemples de post-noms féminins : Fleuve (Hà), Chrysanthème (Cúc), Rose (Hồng), Lys (Huệ), Saule (Liễu), Emeraude (Ngọc), Parfums (Hương), Automne (Thu). Exemples de post-noms masculins : Courage (Dũng), Puissance (Mạnh), Vertu (Đức), Modestie (Khiêm)…

Le mot ajouté sépare le nom de clan du post-nom personnel. Les deux noms intercalaires les plus utilisés sont Thi, pour les femmes, et Van, pour les hommes. A l’origine, Thi était un souhait de descendance nombreuse et Van un souhait de succès aux concours littéraires. Ces mots ajoutés ont actuellement tendance à disparaître.

A voir un nom comme Phạm Lê Hương, on peut alors deviner qu’il s’agit d’une fille dont le père s’appelle un certain monsieur Phạm X et la mère une certaine madame Lê Y.