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Tourisme des alliances entre voyagistes

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Tourisme des alliances entre voyagistes: Confrontés à une conjoncture économique difficile, à une consommation limitée et à l’apparition de nombreux concurrents, les voyagistes cherchent à coopérer afin d’attirer la clientèle et de mieux faire face à la concurrence.

Travailler ensemble est la tendance actuelle des voyagistes pour vendre leurs produits.

Les services de qualité des voyagistes de Tiên Giang attirent de nombreux touristes vietnamiens et étrangers.

Comparant leurs avantages respectifs, les voyagistes adoptent une approche de complétude de leurs services afin d’offrir une gamme de produits complète et de qualité dans leur intérêt commun.

Une formule à succès puisque, ces dernières années, elle leur a permis de dominer le marché, ainsi de l’«Alliance de stimulus du tourisme» par exemple, qui regroupe 60 voyagistes du Nord comme du Sud.

Cette dernière, fondée en 2013, réunit des voyagistes prestigieux du pays qui ont signé une convention de coopération globale avec la compagnie aérienne Vietnam Airlines afin de pouvoir réduire le prix de leurs produits. En 2013, elle a offert 50 tours au Vietnam ou à l’étranger d’un coût moindre de 50% grâce cette coopération avec le transporteur national, les sociétés comme VietJet Tour, Viking Voyage, Voyage d’Asie, Voyage de Saigon, Voyage de Lac Hong, Voyage au Vietnam, Vietnam Dragon Travel.

Ses membres sont de petites et moyennes entreprises qui mobilisent leurs atouts et leurs meilleurs services pour être davantage compétitives devant leurs grands concurrents. Cette coopération et entraide leur permettent de lancer des promotions. Ainsi, les clients peuvent choisir n’importe quel voyagiste de ce groupe pour réserver un circuit car ils sont tous au même prix et de même qualité.

Les voyagistes adoptent une approche de complétude de leurs services afin d’offrir une gamme de produits complète et de qualité dans leur intérêt commun.

Auparavant cela, plusieurs personnalités et entreprises avaient créé en 2009 le groupe «Forum du tourisme du Vietnam» (FTV) dont l’objet était de mieux satisfaire les besoins de connexion, d’interaction, d’échange d’informations et de soutien financier entre petits et moyens voyagistes. Comme pour d’autres, FTV se chargeait de diverses fonctions et tâches communes comme d’organiser la promotion des sites, des gens et de la culture du Vietnam à l’étranger, de former des guides, d’organiser des séminaires d’information et de partage d’expériences entre ses members.

Deux jours en baie de Ha Long

Remous des vagues, paysages grandioses, air marin, tous les ingrédients d’un voyage réussi sont réunis. Durant un week-end, deux Français, Élise et Denis, sont partis à la découverte de la très touristique baie de Ha Long.

Les deux explorateurs en herbe de 22 et 38 ans se sont rencontrés dans l’avion qui les a mené il y trois semaines au Vietnam. Devenus bons amis, ils ont décidé de partager ensemble cette odyssée à travers les rochers qui composent la baie. Départ samedi matin de Hanoi direction Cat Bà. Après cinq heures de trajet, ils arrivent à l’autre bout de l’île et embarquent sur un petit bateau à moteur nommé Thang Loi, comprenez «victoire», pour deux jours de balade en mer sans poser le pied à terre.

La baie de Ha Long compte parmi les sept Nouvelles Merveilles naturelles du monde.

À bord, Thuyêt et Ngoc, deux Vietnamiens, seront leurs colocataires et leurs guides. Thuyêt, 48 ans, tient la barre. Ce natif de Hôi An travaille depuis les années 2000 sur un bateau et fait visiter la baie aux touristes. Avant, il était manager dans un hôtel mais ce travail lui convient mieux : «Je me sentais trop fatigué. Sur le bateau, je peux admirer les montagnes». Côté navigation, pour lui, ce n’est un problème de se repérer parmi les 1969 îles qui composent la baie. «Avec l’expérience, j’ai appris à connaître le chemin. La première fois que j’ai parcouru les lieux, je me suis baladé à travers les montagnes avec un tout petit bateau afin de pouvoir passer partout», explique-t-il de son anglais approximatif.

Le bateau à moteur de Thuyêt, qu’il a acquis il y a trois mois, peut accueillir jusqu’à vingt visiteurs en journée et quatre ou cinq personnes pour la nuit. Quand il ne s’active pas dans le petit espace qui lui sert de cuisine, Ngoc, lui, aime se reposer sur une des deux banquettes du petit navire en admirant le paysage, cigarette à la bouche. Trop vieux pour travailler seul, ce natif de Cat Bà possédait son propre bateau de tourisme qu’il a vendu pour rejoindre Thuyêt. Le petit homme à l’air malicieux ne parle pas anglais mais Denis, Vietnamien d’origine, fait la traduction. Au grès des criques et des îlots Élise et Denis découvrent l’histoire de la baie de Ha Long qui compte parmi les sept Nouvelles Merveilles naturelles du monde. «Ici, un bateau français s’est fait bombardé pendant la guerre», explique Ngoc.

La descente du dragon

La baie de Ha Long, également inscrite sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO, aurait été créée par la chute d’un dragon dans la mer, explique Thuyêt. Et pour cause, Ha Long en vietnamien signifie «descente du dragon». En sillonnant la mer au milieu de ces immenses roches tachetées de vert qui semblent suspendues sur les eaux, les deux explorateurs prennent conscience de la fragilité de la vie face à une nature grandiose.

Halong Bay Cruise

Durant la traversée, des pauses sont organisées afin que nos deux Français puissent explorer les lieux de plus près en canoë et ainsi profiter du spectacle de petits singes jouant entre eux dans les arbres d’un des îlots ou se faire quelques frayeurs, en traversant une des nombreuses grottes qui permet de passer sous ces montagnes. Le tout, en débarquant de temps à autre sur une petite plage de sable. Samedi soir, les deux amis ont pu participer à un karaoké organisé dans une maison sur pilotis. Si ce n’est le mal de mer et l’impossibilité de se laver pendant deux jours, l’expérience s’avère plutôt positive.

Élise et Denis sont rentrés dimanche à Hanoi des souvenirs plein la tête. «Je ne suis pas déçue. J’avais vu des photos de la baie et ça m’avait donné envie d’y aller. Je suis agréablement surprise car je pensais qu’il y aurait plus de touristes. Ce qui m’a particulièrement marqué ce sont les planctons +magiques+ qui s’allument la nuit dans la mer lorsqu’on la remue, le canoë aussi qui permet de se sentir un peu plus partie intégrante du paysage», confie l’étudiante en médecine venue au Vietnam faire un stage. Pour Denis, même constat : «C’est magique, un endroit féerique, malgré la pollution, ça reste un lieu impressionnant. Une certaine majesté se dégage des rochers».

Le marché de Chu de la province de Thai Nguyên

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Le marché de Chu de la province de Thai Nguyên: Dans le bourg de Cho Chu de la province de Thai Nguyên (Nord), on a construit un marché et un supermarché flambant neufs. Pourtant, à l’arrivée des 1er et 6e jours de chaque mois lunaire, les habitants continuent de se rassembler au pied du banian centenaire pour le marché traditionnel.

Situé au pied d’une chaîne de montagnes, Cho Chu est une petite vallée bordée par deux ruisseaux dans le district de Dinh Hoa (province de Thai Nguyên). Les personnes âgées racontent que la région est miraculeuse et pleine de spectacles charmants, c’est pourquoi elle est habitée depuis des siècles.

Vicissitudes du marché

Selon la légende, les restes des troupes de la révolte chinoise «Royaume céleste de la grande paix» (à leur tête Hong Xiuquan), en arrivant à Dinh Hoa en 1870, ont découvert une si belle vallée au pied des monts de roches calcaires qu’ils ont décidé de s’y installer. Peu de temps après, les Kinh (ethnie majoritaire du Vietnam) ont quitté leur plaine à l’approche des Français pour se rendre dans ce district montagneux. Reconnaissant qu’il s’agissait d’un lieu propice à leurs activités commerciales, ils se sont regroupés pour créer un petit marché.

En 1915, après la domination de Dinh Hoa, les Français ont transformé la région de Chu en bourg. Le marché de Chu se composait alors de trois rangées de kiosques, devant lesquels étaient installés une grande lanterne pour éclairer en soirée. Il s’agissait d’un symbole riche et élégant qui suscitait la jalousie des habitants des autres régions.

En suivant les indications des personnes âgées, nous arrivons sur le terrain où se trouvait l’ancien marché de Chu.

On devine encore la trace du plancher. À côté se trouve le vestige d’un ancien puits. Le lieu a minutieusement été choisi pour creuser ce puits qui permettait aux habitants du bourg de récupérer une eau limpide et fraîche. Ces derniers étaient particulièrement fiers de leurs tasses de thé infusé avec l’eau du puits.

Durant la guerre 1954-1975, les habitants ont été contraints de le boucher. Mais, certains croient toujours qu’une source d’eau s’écoule silencieusement en dessous.

Les branches du banian centenaire s’allongent jusqu’à couvrir la porte d’entrée du marché traditionnel. Les personnes âgées se souviennent que l’arbre était déjà présent quand les Kinh sont arrivés à Dinh Hoa entre 1890 et 1900.

Le banian est devenu un témoin historique de la région à l’époque de la colonisation française, suivie par l’époque révolutionnaire du pays. Le temps ne semble pas avoir d’emprise sur lui. Les habitants se rappellent pourtant que le banian centenaire montrait des signes de faiblesse en 1995. De nombreuses feuilles étaient tombées. Les habitants ont fait le culte aux génies en couvrant le sol. Heureusement, l’arbre a progressivement repris ses forces.

Le marché de Chu de la province de Thai Nguyên

Le marché de Chu a changé de propriétaire à plusieurs reprises. En 1949, il a fusionné avec la commune de Bao Cuong (district de Dinh Hoa). Puis, en 1954, il a fait partie de la commune de Phuc Chu de ce même district. Enfin, en 1958, il s’est officiellement inscrit dans le bourg de Cho Chu.

Échanges culturels

Selon le vieux Lê Nhâm, le marché de Chu se déroulait chaque 1er et 6e jours du mois lunaire. Auparavant, les ethniques minoritaires s’y rendaient pour goûter les plats typiquement Kinh et acheter des objets ou des tenues fabriqués par les Kinh. À l’inverse, les Kinh avaient l’habitude d’acheter des spécialités des autres ethnies. Le marché de Chu présentait alors des opportunités d’échanges culturels entre les Kinh du bourg et les ethnies minoritaires des villages et des régions voisines. On ne connaît pas exactement le nombre de couples qui se sont formés en se rencontrant sur le marché.

De nos jours, le bourg de Cho Chu dispose d’un marché tout nouveau et d’un supermarché moderne. Mais, à l’aube des 1er et 6e jours de chaque mois lunaire, les habitants ont gardé l’habitude de se rendre au pied du banian centenaire pour participer au marché de Chu. Lê Nhâm a rassemblé toutes les archives concernant le marché pour y consacrer un livre. Le temps passe mais les habitants savent que l’âme du marché traditionnel vit encore en eux.

5 nouveaux sites Hanoi dans la liste des Vestiges nationaux spéciaux

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5 nouveaux sites Hanoi dans la liste des Vestiges nationaux spéciaux: Hanoi voit s’ajouter dans sa liste des Vestiges nationaux spéciaux cinq nouveaux sites, portant leur nombre à huit. Une cérémonie spéciale a été tenue samedi 22 février dans la capitale.

Les cinq nouveaux sites sont la maison commune de Tây Dang (district de Ba Vi), quatre temples : Phù Dông (district de Gia Lâm), Hai Bà Trung (district de Mê Linh), Hat Môn (district de Phuc Tho), Ngoc Son-lac Hoàn Kiêm (centre-ville).

Désormais la liste des Vestiges nationaux spéciaux de Hanoi en compte huit, les trois autres tant la cité impériale de Thang Long-Hanoi (arrondissement de Ba Dinh), le temple de la Littérature (arrondissement de Dông Da) et le temple de Cô Loa (district de Dông Anh). Ces sites est une preuve de la richesse historique et culturelle de la capitale.

Des sites emblématiques

 La maison commune de Tây Dang, dans le district de Ba Vi.
 La maison commune de Tây Dang, dans le district de Ba Vi.

La maison commune de Tây Dang, d’architecture typique de la dynastie des Mac (1527-1592), est considérée comme «un musée de l’art populaire du XVIe siècle». Les détails de décoration sont abondants et très vivants avec notamment des images d’animaux sacrés (dragon, éléphant, licorne, cheval volant, etc.), de scènes de vie des paysans du delta du fleuve Rouge. Cette maison commune abrite aussi beaucoup d’objets de la cour royale.

 Le temple de Phù Dông, dans le district de Gia Lâm
 Le temple de Phù Dông, dans le district de Gia Lâm

Étant l’un des lieux où est organisée la fameuse Fête du génie Giong (reconnue par l’UNESCO comme Patrimoine mondial), le temple de Phu Dông est chargé d’histoire. Le site comprend des espaces de culte du génie Thanh Giong, de sa mère ainsi qu’un champ de bataille où, selon la légende, le génie Giong et ses troupes écrasèrent les envahisseurs. «Après la reconnaissance par l’UNESCO de la Fête du génie Giong en tant que Patrimoine mondial, le vestige de Phù Dông est devenu une destination touristique de plus en plus fréquentée», confie Vu Thi Hai Yên, responsable du Département de la culture et de l’information du district de Gia Lâm.

 Le temple de Hai Bà Trung, dans le district de Mê Linh
 Le temple de Hai Bà Trung, dans le district de Mê Linh

Dédiés aux héroïnes nationales Hai Bà Trung («les deux sœurs Trung»), les temples de Hai Bà Trung et Hat Môn ont néanmoins des significations historiques, culturelles ainsi que des architectures différentes. Hat Môn (district de Phuc Tho), installé au bord de la rivière Hat, fut le lieu de rassemblement des soldats des deux sœurs et celui où elles se jettèrent dans l’eau pour se donner la mort. Le temple Hai Bà Trung (district de Mê Linh), quant à lui, est installé dans leur région de naissance et d’implantation de leurs camps. Le temple de Hat Môn se caractérise par ses espaces verts, ses arbres centenaires et sa rivière tranquille. Celui de Hai Bà Trung, par ses objets anciens liés à la vie des deux héroïnes.

  Le temple de Hat Môn dans le district de Phuc Tho
 Le temple de Hat Môn dans le district de Phuc Tho

Le temple de Ngoc Son

Pour sa part, le temple de Ngoc Son et le lac Hoàn Kiêm (lac de l’Épée restituée) se situent au cœur de la capitale. Selon la légende, le roi Lê Loi ou Lê Thai Tô (1428-1433), fondateur de la dynastie des Lê postérieurs (1428–1524), au début de sa lutte contre les envahisseurs chinois, aurait reçu d’un pêcheur une épée repêchée dans le lac. Dix ans plus tard, après avoir chasse les ennemis et traversant ce même lac, il fut abordé par la tortue, qui lui réclama l’épée. Lê Loi compris alors que l’épée était un mandat du Ciel pour l’aider à chasser les envahisseurs.

 e temple de Ngoc Son, dans la partie nord du lac Hoàn Kiêm.
Le temple de Ngoc Son, dans la partie nord du lac Hoàn Kiêm.

Le temple de Ngoc Son est un sanctuaire construit sur une petite île dans la partie nord du lac Hoàn Kiêm. L’accès se fait grâce à un pont de bois peint en rouge appelé Thê Huc (Soleil levant). Le temple, construit en l’honneur du général Trân Hung Dao qui battit les troupes mongols au XIIIe siècle, a un espace d’exposition où trône une tortue géante naturalisée. Ce temple et le lac Hoàn Kiêm plus globalement constituent l’emblème de la capitale vietnamienne.

Xing Nha épopée des Ê dê et des Jarai à Tay Nguyen

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Xing Nha épopée des Ê dê et des Jarai à Tay Nguyen: Le Tây Nguyên (hauts plateaux du Centre) est l’habitat de nombreuses ethnies minoritaires parmi lesquelles les Ê dê et les Jarai. Dans la riche littérature orale de ces ethnies, la chanson épique Xing Nha est un véritable joyau.

L’épopée Xing Nha reflète les mœurs et coutumes d’une société primitive. Le héros de l’épopée, Xing Nha, incarne l’invincibilité du peuple dans le combat contre l’oppression et son cortège de cruautés, de violences et d’injustices que représente le vieux chef de tribu Jaro Bu. Xing Nha était le fils du chef de tribu Jaro Kok. Celui-ci vivait, paisible et heureux, au milieu de ses gens avec sa femme et son enfant. Mais le chef d’une tribu voisine, Jaro Bu, qui convoitait ses richesses, lui déclara la guerre.

Au cours de la bataille, Jaro Kok tomba sous les coups de Jaro Bu. Sa femme, Hobia Da, fut emmenée en esclavage. Les gens fidèles au chef vaincu réussirent cependant à sauver le petit Xing Nha. Des années s’écoulèrent, Xing Nha devint un fort et grand jeune homme. Il se rendit seul dans le village de Jaro Bu pour venger son père. Il réussit à tuer Jaro Bu et à libérer sa mère Hobia Da.

 Les Ê dê et les Jarai vivent majoritairement au Tây Nguyên

Nous donnons ci-dessous la traduction faite par Nguyên Van Thu d’un extrait de la chanson qui relate les péripéties du voyage de Xing Nha vers le village de Jaro Bu, le combat à mort qui s’en suivit et la victoire du jeune héros). Les intertitres de l’extrait donnés par la rédaction sont là pour faciliter la lecture.

Rencontre de sa mère

(Xing Nha, armé de son bouclier et de son long sabre, partit en direction du soleil couchant. Il rencontra la fille Hobia Blao qui gardait le rây (1) de la tribu de Jaro Bu. On l’informa que sa mère était devenue esclave chez Jaro Bu. Déchiré à l’idée de savoir que sa mère était maltraitée, il chercha à rendre visite à sa mère grâce à l’aide de Hobia Blao, ndlr).

À la vue de sa mère, si maigre et si misérable, Xing Nha pu à peine contenir des larmes de douleur.
– Bien le bonjour, à vous, jeune hôte ! dit Hobia Da. Que voulez-vous de moi ?
– Je suis l’ami de votre fils Xing Nha. Il m’a demandé de venir vous rendre visite, Juk(2) !
Au nom de Xing Nha, Hobia Da défailla de douleur et de joie, et pleura à chaudes larmes.
– Ô mon fils bien-aimé, se lamenta-t-elle, quand tu étais petit, ta mère te portait sur le dos, ton père te nourrissait de légumes des forêts, de l’eau des sources. Je te regardais grandir chaque jour, j’espérais te voir devenir un homme afin d’aider ton père à confectionner les bottes de paille et les liens de bambous pour construire les maisons. Mais, hélas ! Ils sont venus jusque dans sa maison capturer ta mère et l’ont emmenée en esclavage garder les porcs et chasser les oiseaux. Devant les larmes de sa mère, Xing Nha ne pouvait plus contenir sa douleur. Il se leva et s’écria:
– Mère ! Me voici, je suis ton fils Xing Nha !
– Ô Dieu Yang ! ce n’est pas possible !…, cria Hobia Da, saisie d’une indicible émotion. Mon fils couvert de bracelets d’or et d’argent m’a été déjà enlevé par les diables. Xing Nha lui montra alors la jupe que sa fiancée lui avait remise.
– Regarde mère ! Reconnais-tu ton ancienne jupe ? Reconnais-tu les broderies que tu as exécutées de tes propres mains lors des veillées à notre +rây+ ? C’est moi, ton fils Xing Nha qui te la rapporte aujourd’hui !
Les yeux hagards, Hobia Da reconnut la jupe. Elle tomba à genoux en pleurant à chaudes larmes.
– Ô merci Dieu Yang, sanglota-t-elle ! Sauve-moi, ramène-moi chez nous, je n’en peux plus…
– Je te le promets, mère ; mais plus tard. Tu vois, je suis jeune et vigoureux, je voudrais d’abord me rendre au village de Jaro Bu !…
Tout en parlant, Xing Nha fit scintiller la lame de son sabre au soleil. Puis il tailla rapidement des gros bâtons avec lesquels il se mit à dévaster furieusement le paddy de Jaro Bu sur toute l’étendue d’une colline.

 Sourires des filles Ê dê.

La belle Hobia Blao

Hobia Blao, fascinée, les yeux brillants de joie comme si une paire d’oiseaux +cu cu+ y chantaient, plongea son regard dans les yeux du jeune homme et dit :
– Ô oiseau étranger ! Pour qui as-tu chanté jusqu’ici ?
Xing Nha qui la comprit à demi-mot, répartit aussitôt :
– Ô, belle Hobia Blao ! Dans ce village, le rat a-t-il déjà grimpé sur le +pra+, le rhinocéros a-t-il déjà élu domicile sous les pilotis ?
– Hélas, pas encore, Xing Nha ! Mon corps est comme l’arbre calciné…placé sur le chemin, aucun voyageur ne voudrait le ramasser. Maladroites sont mes mains incapables de broder les papillons volant au-dessus des fleurs, ou les étoiles et les nuages dans le ciel.
Puis les deux jeunes gens échangèrent du bétel et du tabac et se tinrent longuement par la main, la jambe gauche du jeune homme s’allongeait à côté de celle, blanche comme du coton, de Hobia Blao.
– Le jeune homme, soupira Xing Nha, est hélas boiteux, borgne et manchot. Voudrais-tu de lui, Hobia Blao ?
– Ô, Xing Nha ! Il paraît que tu es déjà marié ? Ta femme ne s’appelle-t-elle pas Bra Tang ?
– … Je suis séparé de ma mère depuis ma tendre enfance, je suis orphelin de père depuis le temps où je ne savais pas encore lâcher le cerf-volant. Qui donc aurait voulu m’épouser, pauvre et miséreux comme je suis ?
– Réponds-moi franchement, Xing Nha pourquoi Bra Tang ne t’a-t-elle pas accompagné ?
– Je n’ai besoin de personne, autre que ma Hobia Blao. J’ai fixé désormais mon choix dans ce village pour planter mon maïs, mon riz et mes bananiers. Et après une journée passée dans la hutte de Hobia Blao, celle-ci lui dit :
– Ô Xing Nha ! Nous voilà désormais comme les deux gongs suspendus au vent, notre amour est comme la flamme de la lampe qui brille dans la nuit…
Vint la nuit. Hobia Blao s’assit tout près de son bien-aimé. Elle chanta un chant mélodieux pareil à la saveur sucrée du tendre maïs, de l’épi naissant du paddy. Son chant merveilleux s’épanchait comme une source intarissable jusqu’à l’aurore.
Le lendemain, il prirent tous les trois le chemin du village de Jaro Bu, Hobia Da marchant en tête suivie de Hobia Blao, Xing Nha fermant la marche. À la porte du village, le jeune homme déposa son bouclier et son sabre au pied d’un pilier qui s’incurva sous le poids de l’arme.

Ethnie du Vietnam Ethnie du Vietnam
Les Ê-đê préservent toujours leur régime matriarcal


Le combat

(Xing Nha suit sa mère et Hobia Blao à la maison de Jaro Bu. Il voit sa mère maltraitée par Hobia Gue, la femme de Jaro Bu. Xing Nha et Jaro Bu se sont affrontés, ndrl).

Jaro Bu lacha l’éléphant de Porong Mung, le même qui avait tué jadis Jaro Kok, un éléphant terrible toujours prêt au combat ! La bête fonça alors sur Xing Nha, l’une de ses redoutables défenses pointées vers le haut, l’autre vers le bas. Xing Nha bondit. Il empoigna les défenses de la bête, les secoua en avant et en arrière. L’éléphant barrit rageusement….
– Ô mes frères, cria Jaro Bu, affolé ! Xing Pu, Xing Pa, Xing La, Porong Tit, Porong Pha, Porong Mung ! Le plus redoutable de nos éléphants a été vaincu par Xing Nha.
– Ô Jaro Bu ! s’écria Xing Nha, prenez donc votre bouclier et votre sable !
Jaro Bu brandit le bouclier et le sabre. Mais à sa surprise, ils se brisèrent en morceaux.
– Ô Dieu Yang ! se lamenta Jaro Bu, qu’avez-vous fait de mes armes ?
– Ainsi votre bouclier et votre sabre ont vieilli comme vous. Allons ! que les sept frères Jaro Bu viennent avec moi à la porte du village examiner mon bouclier et mon sabre.
À cet instant, des nuages gros comme des montagnes obscurcissaient le ciel. Le tonnerre gronda. La porte du village était fortement inclinée d’un côté.
– Ce diable de Xing Nha a renversé la porte de notre village, hurla Jaro Bu.
– Ô Jaro Bu ! que vous et vos six frères essayent donc de soulever mon bouclier.
Jaro Bu s’arcbouta. Il saisit les courrois du bouclier et fit un effort prodigieux pour le soulever. La sueur inondait son front et sa poitrine, mais le bouclier ne bougea pas. Cinq autres frères de Jaro Bu lui prêtèrent vainement la main. C’était maintenant au tour de Porong Mung. De toutes ses forces, il réussit seulement à soulever le bouclier assez haut pour qu’un coq pût passer dessous. Xing Nha saisit alors son arme, la brandit bien haut au-dessus de sa tête et commença à exécuter des moulinets. Xing Nha tournoya le bouclier vers l’avant, provoquant un tel souffle qu’une toiture fut emportée. Puis il le tournoya vers l’arrière et c’était une autre qui s’écroula. Xing Nha tournoya toujours son arme.

 Une classe du primaire des Ê-đê au Tây Nguen
Une classe du primaire des Ê-đê au Tây Nguen


Des moulinets de Xing Nha

La maison de Jaro Bu vacilla. Le vent souffla de la montagne +Mo dan+. La maison du village de Jaro Bu furent bousculées. La tempête se déchaîna de la montagne +Ho mu+. Les maisons du village de Jaro Bu furent bousculées. La volaille, les cochons volèrent en l’air comme des feuilles d’arbres. L’eau du ruisseau déborda de son lit, emportant sur son passage poules, cochons, bœufs, buffles et esclaves de Jaro Bu.
Jaro Bu, épouvanté, appela à l’aide :
– Ô Hobia Blao ! Dis à Xing Nha de s’arrêter. Je ne garderai plus sa mère prisonnière. Je lui rendrai les gens, les esclaves, les biens de son père.
– Je ne le ferais point ! Et n’essayez pas de tromper une pauvre fille.
– Si j’essayais de te tromper, tous mes biens passeraient entre tes mains et je deviendrais ton domestique, le gardien de ta basse-cour.
Hobia Blao se vêtit de sa belle jupe, passa à ses chevilles des colliers d’or étincelant comme des étoiles. Elle courut vers Xing Nha qui continua à faire des moulinets avec son bouclier.
– Qui es-tu ?
– C’est moi Hobia Blao !
– Que veux-tu ?
– Jaro Bu te prie de cesser tes moulinets. Le vent a brisé toutes les jarres. Les esclaves de Jaro Bu ont été jetés à terre comme le citronnier et l’arbre «lach» submergés par les grandes crues. Jaro Bu et ses frères proposent de rendre la liberté à ta mère et de te restituer tous les biens qui appartenaient à ton père.
Xing Nha laissa choir son arme, apaisant d’un seul coup la tempête qui s’abattit sur le village. Les oiseaux +ket+ les oiseaux +ko tuôn+ recommencement à se disputer les fruits sur les arbres et reprirent leurs gazouillis.
– Je vous rendrai tous les gongs et les jarres qui appartenaient à votre père, lui dit Jaro Bu.
– D’accord ! répondit Xing Nha. Mais attention Jaro Bu ! Si, par malheur vous reniez vos paroles je saurai alors vous retrouver et vous abattre.
Le lendemain matin, Xing Nha retourna au +rây+ de Hobia Blao. Hobia Da, sa mère, lui dit :
– Ô Xing Nha ! Mon fils bien-aimé ! Maintenant rentrons vite chez nous.
– Ô ma mère ! Comment pourrions-nous rentrer chez nous alors que mon corps est encore en sueur, que ma gorge est sèche, alors que je n’ai pas pu encore venger complètement les os de mon père ?
Devant lui, se tenait Hobia Blao qui revint du +rây+, le corps mouillé par la brume matinale, les seins adorables et frais comme le soleil à son lever.

Le jeu traditionnel de tir à la corde candidat au patrimoine mondial de l’UNESCO

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Le jeu traditionnel de tir à la corde candidat au patrimoine mondial de l’UNESCO: Le Vietnam collabore avec plusieurs pays d’Asie pour présenter cette année un dossier sur le jeu traditionnel de tir à la corde en vue d’une reconnaissance par l’UNESCO en tant que patrimoine immatériel de l’humanité.

Le Département général des patrimoines culturels de la République de Corée a invité le Vietnam à participer à l’élaboration de ce dossier avec plusieurs autres pays d’Asie de l’Est. «C’est la première fois que nous collaborons avec d’autres pays dans l’établissement d’un dossier de patrimoine pour l’UNESCO. Il s’agit d’une belle occasion pour nous de renforcer son intégration à la région asiatique et d’acquérir des expériences des pays dans ce domaine», a affirmé un spécialiste du Comité national de l’UNESCO du Vietnam.

Selon Ngô Duc Thinh, membre du Conseil national des patrimoines culturels, au Vietnam, le tir à la corde se pratique largement au sein des ethnies Kinh, Thai, Tày, Nùng, Giay… et ce depuis très longtemps. Ce jeu est souvent pratiqué lors des fêtes traditionnelles de plusieurs pays de la région Asie-Pacifique. Considéré comme l’une des expressions de la culture agricole, il représente la solidarité au sein de la communauté. Il participe également à la conception de la vie, du monde, tout en exprimant le souhait de bénéficier de bonnes moissons ainsi que d’une vie prospère et heureuse.

Le jeu traditionnel de tir à la corde candidat au patrimoine mondial de l’UNESCO

Une fête séculaire

Au Vietnam, parmi les localités pratiquant ce jeu, le village de Huu Châp (province de Bac Ninh, Nord) est celui qui en a gardé toutes les caractéristiques, notamment en matière de rituels avant le jeu et de sélection des participants. «Selon les annales historiques du village, ce jeu existe depuis près de 400 ans», a affirmé Nguyên Van Son, chef du village. Les 70 tireurs sont sélectionnés parmi les jeunes. Le jour J, à demi nu et vêtus d’un pantalon de soie blanche, ils sont divisés en deux équipes, l’une à turbans bleus et l’autre rouges, orientées selon un axe est-ouest. «Selon les personnes âgées, si l’équipe de l’est gagne, le village aura un bonne moisson», a raconté M. Son.

Le dossier du tir à la corde sera présenté cette année à l’UNESCO pour un examen vers la fin de 2015. Le Vietnam espère avoir l’an prochain un nouveau patrimoine immatériel de l’humanité !