Les stations climatiques pour voyage au Vietnam: Dès la début de notre occupation en Indochine, il est apparu à l’autorité militaire qu’il y aurait intérêt à soustraire les troupes, tenant garnison dans les villes, à l’influence débilitante du climat pendant la saison chaude, en les plaçant dans des conditions de milieu se rapprochant le plus possible de celles de la métropole.[..] Ainsi, le Ministre des Colonies fixa en 1904 les directives favorisant l’installation de stations sanitaires maritimes et de stations sanitaires d’altitude.
C’est ainsi que furent décidé en 1905 la création et l’organisation du Cap Saint Jacques, destinée aux convalescents et anémiés de la Cochinchine, et de la station maritime de Samson pour les convalescents du Tonkin. Au même moment, des recherches furent entreprises en vu de déterminer les avantages des stations d’altitudes déjà choisies, comme le massif du Tam-Dao au Tonkin et le plateau de Dalat dans le sud Annam.
Grâce au développement économique du pays, à l’extension de son réseau routier et à la connaissance de plus en plus grande des sites, d’autres localités aussi bien placées que les premières ont retenu peu à peu l’attention des européens et sont devenues des stations fréquentées, remplissant parfaitement le but pour lequel elles ont été crées, c’est à dire diminuer le chiffre des rapatriements anticipés et assurer des séjours prolongés. C’est ainsi que le plateau de Lang Bian, la montagne de Bana et le massif du Bockor devinrent des stations maritimes et des stations d’altitude.
L’Administration assuma la charge de la construction des premiers hôtels, dont un exploitant subventionné au début et affermé par la suite assurait le fonctionnement. Sur les terrains avoisinants concédés gratuitement, s’élèvent rapidement de nombreuses et coquettes villas. Ces stations sont, pour la plupart desservies pendant la saison par des services d’automobiles subventionnés.
Commentaires d’après le Docteur Gaide, Médecin Général Inspecteur, Inspecteur Général des Services Sanitaires et Médicaux de l’Indochine.
Sam Son Thanh Hoa dans le Tonkin du Vietnam
La création de cette station sanitaire maritime est contemporaine de celle de la station du Cap Saint Jacques.
Après un essai qui dura les années 1905 et 1906, cette ambulance dont les bâtiments avaient été en partie démolis par un violent typhon, fut supprimé ; En effet, les convalescents de paludisme grave et d’affections intestinales se trouvèrent plutôt mal de l’air trop vif de la mer : un certain nombre virent leurs affections reparaître avec une nouvelle intensité et durent écourter leur séjour.
Depuis, Sam Son retient l’attention surtout comme lieu de repos. Baignée par une eau d’une grande pureté, balayée par l’air du grand large, garnie d’un sable fine, elle est une des plus belles plages de la cote indochinoise.
Cette plage convient à toute une catégorie de personnes, aux ressources modestes, qui désirent faire un séjour au bord de la mer sans trop se préoccuper des conventions mondaines.
La Cap Saint Jacques dans le cochinchine du Vietnam.
Dès le début de l’occupation, l’attention fut attiré par cet endroit et le Cap Saint Jacques a été la première station crée en Indochine.
Après quelques essais effectués avec des troupes fatiguées qui y contractèrent la diarrhée et la dysenterie, le Cap fut complètement abandonné jusqu’à la fin de 1904. A cette date, une circulaire ministérielle y prescrivit d’y envisager la création d’un sanatorium en même temps que des travaux locaux d’assainissement. Mais ce sanatorium ne fit pas ses frais et fut supprimé.
En 1912, l’un des immeubles du sanatorium fut acheté par l’Administration et aménagé pour servir l’hôtel de repos aux fonctionnaires désireux de s’y rendre en villégiature.
Le Cap Saint Jacques est relié à Saigon par 123 km de très bonnes routes. Il est devenu aujourd’hui une station balnéaire très recherchée par les Saigonnais, en même temps qu’un centre militaire important. La plage s’ouvre sur une jolie baie dite « baie des cocotiers », entre deux collines qui l’encadrent assez harmonieusement. Elle est balayée par la mousson qui y apporte la fraîcheur et la ventilation à la saison d’été.
Ba Na Da Nang dans l’Annam du Vietnam
La montagne de Bana à 1467 mètres d’altitude, fait partie d’un des contreforts orientaux de la chaine Annamitique. Sa masse imposante est à vol d’oiseau, à 25 km environ de la baie de Tourana. On y accède par une route de 28 km, puis, grâce à un service de chaise à porteur régulier pendant la saison de mai à septembre, sur 20 km de piste très bonne.
C’est en 1900 que M Doumer confia au Capitaine Debay une mission de reconnaissance en vue de l’implantation d’un sanatorium à 150 km maximum de Tourane et de Hué.
Pour des raisons diverses, notamment parce que cet emplacement n’était pas suffisamment étendu pour l’installation d’un grand sanatorium, ce projet fut abandonné. Un sanatorium vu finalement le jour en 1919. La ligne de crête se couvrit ensuite de chalets.
La station située à 1400 mètres d’altitude étend ses chalets sur une longue crête bosselée, d’ou l’on jouit d’un panorama d’une très grande beauté, qui constitue le charme principal de ce site. La vue s’étend très loin au Nord sur toute la région montagneuse, et, au Sud Est le paysage est aussi captivant. Par une belle journée, la baie de Tourane, cerclée de sables et peuplée de barques qui ne sont que des points noirs et blancs se mouvant sur l’eau, constitue un très beau coup d’œil.
Tam Dao dans le Tonkin du Vietnam.
Le Tam Dao est connu depuis 1904. On trouva à 912 mètres d’altitude un cirque, appelé la Cascade d’Argent, favorable à l’implantation d’une station d’altitude. D’Hanoi, on accède facilement au Tam Dao, soit par voie ferrée jusqu’à Vinh Yên (54 km), soit par auto (85 km, 3 heures).
L’hôtel se trouve à l’entrée, perché sur un seuil rocheux, d’ou la cascade se précipite par un triple saut de 130 mètres.
Le séjour à la Cascade d’Argent est recommandé de juin à mi septembre.
Le climat du Tam Dao est celui des moyennes altitudes, plus tonique qu’excitant ; s’il n’est pas aussi bienfaisant que le climat des hautes altitudes, il est en revanche mieux toléré dans la généralité des cas, surtout par les enfants et par les personnes anémiées.
Sa Pa (Chapa) dans le Tonkin du Vietnam.
Cette station d’altitude date de 1915. Son organisation permis alors d’y envoyer pour la 1ere fois des militaires convalescents ou fatigués.
Chapa est au milieu d’un site alpestre entre 1500 et 1600 mètres d’altitude. On y accède par Lao Kay, ou passe la voie ferrée, par 33 km de route automobilable. La montée jusqu’au village se fait à travers des forêts de bambous géants et des clairières ou pousse surtout le bananier sauvage. Quelques sous bois peuplés de fougères arborescentes reposent agréablement la vue du voyageur.
Do Son Hai Phong dans le Tonkin du Vietnam
Cette station, après avoir joui tout au début d’une vogue réelle, fut quelque peu délaissé à partir de 1904 et 1905 pour celle de Sam Son. Néanmoins cette station devait s’imposer peu à peu par sa situation et par de nombreux avantages qu’elle présente pour la population européenne du Tonkin, en particulier pour celle d’ Haiphong (situé à 22 km)..
Cette presqu’île étroite, qui, dans l’ensemble, s’étend du nord au sud, est constituée par une ossature rocheuse de petits mamelons, séparés les uns des autres par des coupures profondes et arrondies délimitant plusieurs baies sablonneuses. On circulait autrefois de l’une à l’autre ainsi que sur les mamelons voisins, en chaise portées par des femmes. On ne peut que regretter la disparition de ce mode de transport illustré autrefois par la carte postale et qui ajoutait un agrément et une note pittoresque au séjour dans cette station.
Do son possède plusieurs hôtels confortables et des magasins achalandés, ou il est possible en toute saison de se ravitailler complètement.
Dalat dans le cochinchine du Vietnam.
C’est vers 1897 que la région du Lang-Bian fut visitée pour la 1ere fois par le Docteur Yersin et c’est à la suite de ce voyage que Paul Doumer décida la création d’un sanatorium pour Européens. Une mission spéciale, dite « mission du Lang Bian » fut confiée, en avril 1899, au Capitainre Guynet pour la construction de la route allant de la mer (Port de Ninh Chu, près de Phan-Rang) au Lang Bian. Le médecin de l’expédition, le Docteur Tardif, se prononça très nettement pour le choix de Dalat plutôt que de Dankia comme emplacement du futur sanatorium.
Malheureusement, pour des raisons diverses, la réalisation de ce projet ne fut pas poursuivie. Ce ne fut qu’en 1916 que le gouverneur Roume accorda les crédits nécessaires pour l’installation de la station d’altitude.
La construction consécutive de deux routes carrossables a permis le développement rapide de la station et, en particulier, la construction d’un grand hôtel confortable et d’un hôtel secondaire comprenant plusieurs pavillons logements et de nombreuses villas privées et administratives.
Ainsi Dalat représente déjà [en 1931] actuellement une petite ville, coquette et propre, ou le service de l’Hygiène est bien assuré.
Avec l’achèvement très prochain du chemin de fer à crémaillère – de Krongpha à Dalat même – l’accès du plateau complètement réalisé par la voie ferrée sera mis à la portée de tous les indochinois et même des étrangers. En effet; Dalat, qui est déjà la plus grande station d’altitude et la plus confortable de l’Indochine, deviendra sans doute la plus moderne et la plus agréable de tout l’Extrême Orient.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.