Les “châu ban” des rois Nguyên au Vietnam
Les “châu ban” des rois Nguyên au Vietnam un passé très present: Les “châu ban” des Nguyên recèlent des textes sur les relations extérieures dont les lettres diplomatiques, traités, contrats commerciaux signés entre la Cour de Huê et les pays étrangers. En particulier, de nombreux documents dévoilent la direction des rois sur la protection des archipels de Hoàng Sa (Paracel) et Truong Sa (Spratly). Reportage de la Voix du Vietnam.
Les “châu ban” de la dynastie des Nguyên viennent d’être inscrits au patrimoine documentaire du registre Mémoire du monde pour l’Asie-Pacifique de l’UNESCO. Il s’agit d’une collection de documents officiels de la dernière dynastie féodale du Vietnam qui nous apprend beaucoup sur les activités de la cour et la vie sociale vietnamienne au XIXe et pendant la première moitié du XXe siècle.
Les “châu ban” sont les documents administratifs de 11 des 13 rois Nguyên, lesquels ont régné de 1802 à 1945. Il s’agit de requêtes, d’ordonnances, d’édits et de rapports que les rois ont personnellement examinés ou ratifiés en utilisant une plume à encre rouge.
Il reste près de 800 ensembles de “châu ban” équivalant à 85.000 documents, soit 200.000 feuilles, autant d’archives aussi précieuses qu’exhaustives sur tous les aspects de la vie politique, administrative et socio-économique du pays sous la dynastie des Nguyên.
« Les +châu ban+ des Nguyên, qui sont conservés en grand nombre, retracent toute l’histoire de cette dynastie. Les chercheurs peuvent y trouver tous les documents qu’ils veulent dans tous les domaines. Maintenant qu’ils sont inscrits au patrimoine mondial, ces documents prennent une valeur internationale. Ils participent à l’enrichissement des recherches historiques non seulement vietnamiennes mais aussi régionales et mondiales, » a indiqué Hà Van Huê, directeur du Centre national d’archivage Nº1.
De toutes les dynasties vietnamiennes, celle des Nguyên est la plus développée sur le plan administratif. Et ses “châu ban” sont des documents administratifs très élaborés. Ils sont rédigés de manière extrêmement stricte, et ont une très grande valeur administrative et juridique. S’il y a un domaine où il y a peu d’informations dans les “châu ban”, c’est la santé de la famille royale. En revanche, on y apprend beaucoup sur les épidémies qui frappaient la population.
Pour exemple, en 1840, sous le règne du roi Minh Mang, une terrible épidémie de peste a sévi dans la province de Thanh Hoa, faisant 1087 morts entre le premier et le sixième mois lunaire. Un “châu ban” en date du 19 juin 1840 rapporte que cette épidémie a touché le district de Thua Thiên où certaines familles ont perdu plusieurs de leurs membres. Sur le plan économique, les “châu ban” relatent en détails les échanges commerciaux entre le Vietnam et d’autres pays de la région. Dans le pays, c’est l’agriculture qui était le secteur économique essentiel.
« L’agriculture occupe une place prépondérante dans les +châu ban+ des Nguyên, ce qui traduit toute l’importance que les rois accordaient à ce secteur essentiel de l’économie nationale », a affirmé Nguyên Thu Hoai, une responsable du Centre national d’archives Nº1.
« Chaque mois, les responsables locaux présentaient des rapports à la cour sur la situation climatique et le prix du riz. Il faut savoir que sous la dynastie des Nguyên, il y avait beaucoup d’inondations, les digues étant fragiles, d’où la fréquence des famines. C’est pourquoi la cour demandait aux localités de lui adresser des rapports mensuels afin de pouvoir venir en aide aux habitants dans le besoin. En cas de mauvaise récolte, la cour distribuait des semences aux paysans ou les exemptait d’impôts. », a-t-elle fait savoir.
Les “châu ban” des Nguyên regorgent aussi de documents liés à la souveraineté maritime et insulaire du Vietnam. Ils nous apprennent que les rois Nguyên avaient établi, sur les archipels de Hoàng Sa et Truong Sa, un système de gestion administrative. Certains documents relatent l’envoi par le roi de missions vers ces îles pour en explorer les ressources ou les cartographier. On trouve également des décisions royales récompensant les personnes méritantes en matière de gestion ou d’exploration de Hoàng Sa et Truong Sa.
Selon Hà Van Hue, directeur du Centre national d’archivage Nº1, « les +châu ban+ des Nguyên sont aussi riches que variés. Un nombre important de documents retracent l’exercice, par le Vietnam, de sa souveraineté sur les archipels de Hoàng Sa et Truong Sa. Aussi, ces documents sont-ils précieux non seulement pour les chercheurs en culture et en histoire, mais aussi pour notre lutte politique visant à prouver notre souveraineté maritime et insulaire. »
La dynastie des Nguyên nous a légué un véritable trésor historiographique, dans lequel les “châu ban” occupent une place essentielle. Leur authenticité, leur originalité, leur unicité, leur valeur et leur influence régionale et internationale ont valu aux “châu ban” des Nguyên une place méritée au patrimoine mondial du registre Mémoire du monde de l’UNESCO pour l’Asie-Pacifique en 2014.
La dynastie des Nguyên est la dernière dynastie féodale du Vietnam. Elle a compté 13 souverains qui régnèrent sur le pays de 1802 à 1945. Sa terre d’origine est la province de Thanh Hoa. À la fin de la dynastie des Lê, en 1802, les Nguyên s’emparèrent du pouvoir et unifièrent le pays, lui donnèrent le nom de «Viêt Nam». Nguyên Phuc Anh devient le premier empereur sous le nom de Gia Long, fondant ainsi la dynastie des Nguyên qui règna jusqu’à l’abdication de Bao Dai en 1945.
Les rois des Nguyên sont Gia Long (1802–1820), Minh Mang (1820–1841), Thiêu Tri (1841–1847), Tu Duc (1847–1883), Duc Duc (1883), Hiêp Hoà (1883), Kiên Phuc (1883–1884), Hàm Nghi (1884–1885), Dông Khánh (1885–1889), Thành Thai (1889–1907), Duy Tân (1907–1916), Khai Dinh (1916–1925) et Bao Dai (1926–1945).
Source: AVI