Le pont de singe du delta du Mékong
Le pont de singe du delta du Mékong: Image emblématique du delta du Mékong, source d’inspiration d’écrivains, de poètes, «le pont de singe» est en train de disparaître, dans l’indifférence (presque) quasi générale.
«Le pont de singe» désigne un pont rudimentaire fabriqué en bambou, en cocotier… jeté au-dessus de canaux mais aussi de petites rivières. Très étroit, il nécessite une certaine habitude. Les non initiés peuvent hésiter de longues minutes avant de s’y engager… Il faut une certaine agilité, presque des talents d’acrobate, d’où le nom bien trouvé de «pont de singe».
«Le pont de singe» est intimement lié à la vie paysanne. Pour les enfants, c’est l’endroit où l’on joue après l’école, où l’on se baigne. C’est également là que les parents leur apprennent leurs premières leçons de pêche aux poissons, crevettes ou crabes.
Le pont est aussi le témoin de chutes d’ivrognes, d’amours adolescents. Et c’est ce même pont que les mariés empruntent lors des noces – prouesse assez difficile pour la mariée, il va sans dire.
Le pont des souvenirs
À la saison des récoltes, le pont aide les agriculteurs à transporter le riz à la maison. Des deux côtés, vendeurs et acheteurs se rencontrent.
L’image du pont reflète la simplicité et l’agilité du peuple vietnamien, notamment des gens du delta du Mékong qui tous, sans exception, peuvent emprunter un pont composé de seulement deux tiges de bambou.
L’urbanisation des zones rurales, si elle a des bienfaits sur la vie quotidienne des habitants, entraîne la disparition de ces ponts d’antan, remplacés les uns après les autres par des ponts de fer et de béton, bien évidemment bien plus pratiques pour le transport des marchandises. Le pont de béton a comme autres avantages la durabilité et la sécurité, surtout à la saison des pluies.
Mais certaines personnes, comme Mme Bay, 90 ans, de la province de Dông Tháp (Plaine des joncs), déplorent cette perte : «Depuis que le pont de singe a disparu, c’est moins calme dans le hameau». En effet, ces ponts se sont accompagnés de nouvelles voies rurales, empruntées par des motos et autres véhicules motorisés. Les autres déçus sont les photographes et autres artistes…
Il paraît malheureusement certain que les «ponts de singe» sont condamnés à plus ou moins brève échéance. Ils n’apparaîtront alors que dans les festivals, les fêtes, les émissions télévisées ou dans les zones touristiques. Nul doute que les nostalgiques de la campagne d’autrefois (presque toujours des citadins…) et les amateurs de photos clichés les regretteront. Pas sûr que ce soit aussi le cas des principaux concernés, c’est-à-dire les paysans eux-mêmes… Un conseil : dépêchez-vous d’aller photographier ces témoins du passé !
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