Date:Le 3e mois lunaire
Lieu: Village Don, district de Buon Don, province de Dak Lak.
Public:Groupe ethnique M’Nong.
Caractéristiques: La fête reflète l’esprit martial, la nature viril des M’nong en particulier et des habitants des Hauts – Plateaux du Centre en général.
Course d’éléphants
La fête se déroule au printemps vers le 3e mois lunaire, le mois le plus beau de l’année dans la région. Avant la fête, on mène les éléphants en forêt où ils peuvent se régaler d’herbes et de plantes. On leur donne aussi des bananes, des papayes bien mûres, des cannes à sucre, du maïs, des patates douces et on évite de les faire beaucoup travailler.
Le jour de la fête, les troupeaux d’éléphants de villages éloignés se rassemblent au village Ðôn dans les forêts clairsemées des bords de la rivière Serepoc. Accompagnés de gens du pays venus de tous les coins de la région et vêtus d’habits colorés ils viennent participer à la fête. La piste de course est un terrain assez plat, long de cinq cents mètres et assez large pour accueillir dix éléphants de front.
Une sonnerie de cor retentit et le troupeau d’éléphants, guidé par les cornacs, entre en piste et se met en rang. Selon les ordres des cornacs chacun prend sa place de départ. L’éléphant de tête prend une attitude majestueuse, ses deux pattes avant bien droites, salue les spectateurs de quelques balancements de trompe puis recule à sa place. Sur le dos de chaque éléphant deux cornacs téméraires, vêtus de costumes colorés comme ceux des anciens soldats, sont prêts à recevoir l’ordre de départ qu’annonce une forte sonnerie de cor. Les éléphants bondissent en avant sous les applaudissements et les cris d’encouragement de la foule et au son des roulements des gongs qui font vibrer la forêt.
Le cornac assis du côté de la tête de l’éléphant se penche en avant presque jusqu’à se coucher, levant la tête pour observer la course, et guide l’éléphant à l’aide une barre de fer pointue, longue d’un mètre (les M’nong l’appellent le Kreo) avec laquelle il lui donne de grands coups sur la peau pour le faire galoper. Derrière lui, le second cornac frappe avec force les fesses de l’éléphant avec un maillet de bois pour le faire aller vite et droit. Sur la ligne d’arrivée, quand le public voit l’éléphant de tête apparaître au loin, applaudissements et cris explosent comme des tonnerres au son du roulement continu des tambours et des gongs qui encouragent les concurrents.
On procède par éliminatoires pour désigner le vainqueur qui reçoit en récompense une couronne de laurier. Aussi heureux que son maître, il exprime sa joie en agitant les oreilles, yeux mi-clos, et tend la trompe pour saisir les morceaux de canne à sucre et les bananes que lui offre le public.
Ensuite viennent le concours de nage des éléphants sur la rivière Serepok, les jeux de corde à tirer, de lancer et de football avec le public.
Les touristes qui viennent assister à cette fête sont conquis par son atmosphère joyeuse et animée, au son des tambours et des gongs, et par le spectacle pittoresque des éléphants domestiqués de la région des Hauts-Plateaux du Centre (Tây Nguyên).
La fête terminée, les éléphants retournent à leurs lointains villages. On les croirait suivis par les chansons et par la joie de la fête. Quand ils arrivent aux abords de leurs villages, ils sont accueillis par les villageois et reçoivent encore une fois des cadeaux. Le plus souvent les vainqueurs viennent du village Ðôn, un village des M’Nong célèbre par la quantité d’éléphants qu’il accueille et la qualité des soins et de l’entraînement qu’il dispense.
La fête de la course d’éléphants est une grande fête des Hauts-Plateaux du Centre. Elle témoigne de l’esprit de lutte des M’Nong, minorité ethnique courageuse qui sait faire face aux dangers et aux tensions que suppose la chasse aux éléphants sauvages. La majesté des sites qui accueillent les courses d’éléphants du Tây Nguyên sublime les forces des concurrents le jour de la course.