Le culte des Mères au Vietnam
Le culte des Mères au Vietnam: Le Culte des Mères est une croyance très populaire qui est pratiquée depuis très longtemps au Vietnam. C’est une vénération traditionnelle à la Féminité de la Mère créatrice du Monde. Au XVIè siècle, le culte de la Sainte Mère ou Culte des Trois Palais (1. les Mères, 2. les Mandarins, Princes, et Princesses, 3. Les garde-corps), ou bien les Quatre Mondes (Le Ciel, la Terre, les Forêts et les Eaux) apparut. La hiérarchie céleste du Culte de La Sainte Mère est la suivante 1. L’Empereur de Jade 2. Les Trois Mères (Mère Suprême du Ciel, Mère Des Forêts et Mère des Eaux) Les Cinq Mandarins Les Quatre Déesses de la Mère (quatre incarnations des Mère dL,, Ciel, Mère des Forêts, Mère de la Terre et Mère des Eaux) Les Cinq Princes ou dix Princes (dix est multiple de cinq) Les Douze Déesses royales Les Douze Génies royaux 3. Les Cinq Tigres (Ngu Hô) Le Serpent (Ông Lôt)
À présent, il existe un millier de temples dédiés aux Mères. Les fêtes religieuses dans ces temples ont autrefois attiré beaucoup de monde et ont toujours été méticuleusement organisées. Elles ont été interdites récemment pendant une longue période quand la croyance envers les Mères (Mau) était considérée comme un culte superstitieux et sectaire qui était sévèrement puni par les autorités. Grâce à la politique dite de 1’« ouverture » en 1994 du parti communiste, les fêtes des croyants sont de nouveau autorisées, mais toujours sous la surveillance des autorités.
La monté du médium (lên dong) est un Culte tout à fait étonnant dédié aux Mères. Le médium est un personnage doué du pouvoir de prêter son corps à une divinité. L’âme du médium quitte son enveloppe charnelle et son corps est possédé par la divinité. Le médium devient un prophète qui transmet les paroles des dieux. Ceci permet aux fidèles de consulter les divinités et de gagner ses faveurs. La hiérarchie du Culte des Mères s’organise en deux axes : le premier est celui des seigneurs, princes, princesses…. l’ensemble étant dominé par un Génie Suprême, la Mère du Ciel ; le deuxième représente à chaque niveau les quatre mondes : Ciel, Terre, Forêt, Eau. Après la prière devant l’autel, le médium sait immédiatement quelle divinité va descendre dans son corps charnel, il va lui offrir des offrandes et s’habiller des vêtements qui lui conviennent. Si la Mère Suprême s’incarne, le médium porte des vêtements rouges, si c’est la Mère des Forêts, la tenue sera en couleur verte, la Mère des Eaux porte une robe blanche, les vêtements des Princes sont toujours jaunes…. Pendant toute la cérémonie, le public, composé d’autres pratiquants invités, participe à plusieurs niveaux : ils assistent à la venue des divinités, les vénèrent, leur font des offrandes, dialoguent avec celles-ci pour solliciter la sérénité dans le parcours de la famille, la santé, la prospérité ; et éventuellement une divination pour une question plus concrète. Ils prodiguent des bons conseils, officient, font le culte devant l’autel de tout le panthéon, expriment en quelques minutes les traits les plus marqués de leur caractère ou de leur vie ou même de leur histoire … ; puis s’en vont pour laisser la place à d’autres… Pendant la cérémonie, les chanteurs cultuels (Cung-van) chantent la louange des divinités en jouant sur des instruments spéciaux réservés à ces rites précis. Les paroles du chant décrivent la vie des génies avec leurs pouvoirs et leurs largesses. Il existe aussi le culte des cinq Mères : Kim (le Métal), Môc (les Arbres), Thuy (les Eaux)Thô (laTerre). Cette croyance qui vient de la Chine est modifiée à la façon vietnamienne et est pratiquée plutôt dans le Sud du pays.
Depuis 20 ans, les recherches sur le culte des Mères attirent beaucoup de chercheurs vietnamiens et étrangers, qui se consacrent au génie Lieu Hanh, aux fêtes, à l’architecture des temples, aux pratiques religieuses mais surtout au rituel de la montée du médium (len dong, hau bong). Le culte des Mères est considéré comme un des patrimoines spirituels du Vietnam
Le Châu van » et le » Lên dông », trésor de valeur derrière leur dessus religieux.
Bien mal inspiré serait celui qui ne verrait dans le « Châu van » (chant des sorcières) et le « Lên dông » (danse des sorcières) qu’un spectacle simpliste et stylisé.
Il s’agit d’un héritage si riche et si précieux de la culture nationale, que de rares compositeurs qui font revivre cette représentation à l’étranger sont chaleureusement applaudis.
Le Châu van est une représentation religieuse originale, qui fait intervenir des scènes de danse. Il comprend un prélude de musique et de chant, qui baigne les spectateurs dans une atmosphère religieuse
.A un moment précis, le Châu van prévoit l’entrée en transe d’un médium (Lên dông) pour exprimer une grande explosion artistique. Les instruments de musique employés sont le tambourin, les castagnettes, la clochette, le petit gong, la viole à deux cordes, le luth à caisse ronde et, quelquefois, la cithare à seize cordes et le dan day (luth à trois cordes et àmanche longue des ethnies minoritaires du Nord).
Le chantre du Châu van chante tout en pinçant l’instrument. Il y a jusqu’à une quarantaines d’airs du Châu van ainsi que de nombreuses variations, très sérieuses, qui expriment le courage et la volonté. Quelquefois, il s’agit des airs mélodieux qui réveillent de vieux souvenirs… Dans le Châu van, quelque chose ressemble au « hat noi » (chansons destinées aux chanteuses professionnelles), au « cheo » (théâtre populaires du Nord), au « noi loi » (style conversation), au « ngam Kieu » (déclamation des vers du Kieu) et à d’autres autres déclamations et liturgies. Le rythme y est souvent précipité, scandé, syncopé… pour exprimer toute une gamme de sentiments humains.
Le Châu van a un caractère pré-religieux. Il est l’amalgame de plusieurs religions importées au Vietnam et des éléments autochtones qui se sont développés dans la communauté vietnamienne. La musique et les paroles du Châu van ont un grand pouvoir de généralisation et d’abstraction. Ce sont des paroles de description, de narration, de récit, de louanges, d’aspiration, de voeux qui tendent, indirectement, vers une fleur parfaite ou un feu merveilleux, un feu sacré auquel l’homme, par sa nature malheureuse, ne saurait prétendre. D’après le Professeur japonais Ishisawa, il s’agit là d’un art musical à la fois profondément méditatif et tempétueux.
L’apogée du Châu van se situe à l’époque des dynasties des Lê Antérieurs (981- 1009), des Ly (1010- 1225), des Trân (1225-1400) et dans les années 20 à 40 de ce siècle.
Le Châu van se répartit sur plusieurs « foyers » avec des caractéristiques plus ou moins différentes. Ce sont les foyers de Nam Dinh, de Bac Ninh, de Hai Phong, de Hung Yên, de Thai Binh…
Depuis longtemps, des compositeurs ont exploité certains airs du Châu van et pleinement réussi leurs tentatives, àl’intérieur du pays aussi bien qu’à l’étranger. Mais ils restent bien peu nombreux. Le Châu van est un terrain fertile jusqu’ici très peu exploité.
Avant 1940, des compétitions du Châu van étaient organisées àHanoi, comme dans les rues Hang Quat, Hang Khoai, Hang Ma, Hang Bac (Rue de l’Eventail, Rue de la Patate, Rue des Papiers Votifs, Rue des Monnayeurs) avec la participation d’artistes de Bac Ninh, de Nam Dinh… Et des prix importants à la clef. Le jury était composé de trois membres: L’un, appréciant le chant, qui prodigue des récompenses par des coups de tambourin; un autre qui punit par des coups de cloche; et le troisième qui donne des notes.
Quant à la vie des Cung van, ou chantres, elle était plutôt aventureuse. Les chantres errants vivaient de dons des corporations et du public, mordus de ce genre de musique.
Le Châu van chante et raconte la vie des personnages merveilleux et abstraits, qui portaient des noms imaginaires comme: Le prince Dix, le Prince Cinq, le Prince Bo, la Princesse Neuf, le Prince Sept, la Princesse Muong, la Mère de la Forêt, la MèreThoai des Eaux, la Mère Liêu Hanh… Ces divinités se sont incarnées dans les chefs militaires des rois Hùng-fondateurs de la Nation, du Génie des Montagnes Tan Vien et d’autres rois. Elles sont encore incarnées par des princes, des princesses, des hommes surnaturels qui prennent la défense des gens honnêtes et qui punissent les méchants.
La musique et les paroles du Châu van, à la fois divines et vulgaires, sont étroitement liées à la légende. Le Châu van décrit les beaux paysages de la Patrie pour embellir les personnages distingués. Mais il raconte tout du long du jour que les esprits et les Génies, bien que respectables, ont pourtant commis des fautes comme les simples mortels.
La musique du Châu van est pure. Elle captive les gens pendant deux ou trois heures d’affilée, sans les fatiguer (Docteur Samidi. Indonésie).
Dans cette atmosphère de musique et de chanson, le médium se voit investir par l’âme des esprits. Le médium qui joue le rôle de tel ou tel esprit porte tous les traits caractéristiques de cet esprit. Surtout, une fois entré en transe, en sublimation, il est vêtu par son entourage de vêtements spécifiques àl’esprit qu’il incarne. Il porte des parures (quand il représente un esprit féminin) ou des armes (quand il s’agit d’un esprit militaire). Au nom du personnage incarné, le médium chante et exécute des pas de danse conventionnelle et stylisée, accompagné par la musique des chantres. On pourrait en conclure qu’il s’agit des gestes simples et grossiers. Mais en réalité, ce sont là des gestes, des attitudes qui remontent aux origines de l’Humanité. C’est le cas des danses à la fois divines et vulgaires, comme la danse de la serviette, la danse des chandelles, la danse des fleurs, la danse des rameurs, la danse de l’épée, de l’arc, du bâton, etc.
Après la danse, l’esprit prend sa place et commence à donner des ordres, des conseils, des reproches à l’adresse de son entourage. Il prodigue des dons à tout le monde, puis se retire enfin. C’est la fin d’une scène de transe qui est en même temps une scène de chant, de danse, de musique et de théâtre.
Quant à l’habillement des médiums, il mérite qu’on y prête de l’attention. Les couleurs sont d’ordre religieux, dans la Cour royale et dans la vie quotidienne. La Mère de la Forêt porte toujours des vêtements verts pour représenter la forêt. Cette couleur verte est renforcée par tout un attirail, comme des passementeries, des ceintures, des turbans. Les vêtements accentuent encore la beauté du corps: le cou à trois bourrelets, le rire aux cent fleurs de la Mère. La Mère Thoai des Eaux et le prince Bo ont des vêtements tout blancs qui représentent les eaux, les fleuves et la mer, et sont relevés par des décorations multicolores.
Les personnages incarnés portent sur eux d’autres pièces, telles que les chapeaux, les chaussures brodées, l’éventail, le couteau, la chaîne d’argent, le tube à chaux, les mouchoirs, etc. Tous ces objets renferment beaucoup d’histoires, ils sont fabriqués avec soins et relevés par la couleur locale.
D’une manière générale, il faudrait procéder à un examen minutieux du Châu van et du Lên dông. Il s’agit ici d’une forme de représentation du théâtre populaire. Elle a donné naissance à d’autres branches artistiques, tels que le chant, la musique, la danse, l’art décoratif, la peinture et les arts plastiques du Vietnam.
En 1996, la troupe artistique du Vietnam s’est produite dans plusieurs pays du monde. Le numéro intitulé: « Trois médiums en transe » a été vivement applaudi. Il a bouleversé les théâtres de plusieurs pays. Mais ce n’est là qu’un petit flacon de parfum tiré des grandes bouteilles de l’art du Châu van et du médium en transe du Vietnam.
Le Châu van et le Lên dông constituent un héritage précieux de notre culture nationale qu’il faut à tout prix garder et exploiter. Naturellement il faudrait en écarter les abus et les spéculations qui tendent à les transformer en phénomènes superstitieux, pour leur redonner un caractère social, culturel et économique. Ce faisant, ils deviendront un monument multi-faces de la culture nationale et même internationale.
Le Châu van est un ensemble de chants rituels utilisés dans les séances médiumniques appelées Lên Dông, (”entrer en transe”), cérémonies où l’on peut, par l’intermédiaire des médiums, entrer en communication avec les dieux et l’âme des morts.
Cette croyance formait la base de la religion populaire antique en Orient, particulièrement dans le sud de la Chine. En effet, une des particularités des dieux d’Orient est qu’ils ont le pouvoir de s’incarner et s’exprimer par l’intermédiaire d’un personnage doué du pouvoir spécial de prêter son corps à une divinité. Au Vietnam, cette croyance qui a pris source dans le delta du Fleuve Rouge dans le Nord, se répand au cours des siècles dans les régions du Centre et du Sud du pays et dure encore jusqu’à maintenant.
L’objet de ce culte englobe les génies de quatre domaines terrestres : celui des Forêts et des Montagnes, de l’Eau, de la Terre et du Ciel, ainsi que les divinités et immortels du panthéon taoïste comme la Reine Mère de l’Ouest et les héros déifiés comme le Troisième Prince Na Tra, un dieu-démon d’origine indienne «sinisé» devenu héro national chinois, vénéré par les adeptes de tout lieu du culte. Au Vietnam, le général Tran Hung Dao, qui a réussi à repousser l’invasion des Mongols hors du territoire national, a aussi été déifié et figure parmi les dieux les plus vénérés du culte par le peuple pour la même raison depuis le XIIIe siècle.
Une femme, figure centrale
La cérémonie médiumnique est conduite par une figure centrale, généralement une femme, ayant le pouvoir de communiquer avec les esprits et qui sert de médiatrice pour révéler les messages des esprits à l’audience : ce qui permet aux hommes de les consulter sur la conduite à tenir pour écarter les malheurs et se gagner la faveur du monde des ombres. Le médium exerce son pouvoir particulier soit chez lui, soit dans l’enceinte d’un temple où il donne des consultations régulières ou sur commande. Au cours des fêtes, il incarnera en outre une divinité pour permettre à celle-ci d’être présente physiquement.
Les deux accessoires indispensables à la cérémonie médiumnique sont un autel devant lequel le médium demande à la divinité de prendre possession de lui, un fauteuil particulier dans lequel il s’assied quand il est en transe. Au cours des rites funéraires, il a aussi pour tâche de prêter son corps à l’esprit des morts pour leur permettre de s’exprimer. Certains d’entre eux ont aussi la possibilité de prédire l’avenir, détecter les crimes, les fautes commises… Aussi, les médiums sont souvent craints. Leurs paroles sont incontrôlables, échappent à tout argument logique par définition et sont crues aveuglément par les consultants.
Une séance médiumnique dure assez longtemps, de quatre à six heures, car le médium peut être en communication avec plusieurs esprits et n’entre en transe qu’au bout des heures. Dans la cérémonie, le médium se coiffe d’un carré de soie rouge, se balance au rythme des chants, parfois exécute des danses martiales avec une épée ou des éventails selon les personnages qu’il incarne, des héros, des personnages militaires ou des poètes, des gens de lettres en s’accompagnant d’incantations chantées, de pleurs.
Lorsque que le médium commence à reproduire des mouvements qui font penser à ceux des épileptiques : bavant, agitant bras et jambes de façon désordonnée, se roulant par terre de façon inconsciente en baillant, en tournant la tête plusieurs fois, on comprend qu’il est possédé et quand le carré de soie rouge tombe, il est entré en transe.
Ainsi, la musique et les chants sont essentiels dans une séance de médium. Aux instruments utilisés autrefois comme le gong et le tambour pour marquer le rythme s’ajoutent d’autres instruments de musique au cours du temps. A partir du 16è siècle, les incantations sont chantées sur les airs des chants populaires et cette pratique se répand dans tout le pays jusqu’à nos jours. En raison de la diversité des personnages incarnés et pour les distinguer, le répertoire des chants médiumniques est très riche et varié, il y en a au total une cinquantaine, provenant des sources et des genres divers : musique populaire traditionnelle du Vietnam, celle des minorités ethniques et même des airs de musique de cour impériale de Hue.
RESUME
Le rituel de possession au Viêt-nam a plusieurs appellations : le culte des quatre mondes (tho Tu-phu) ; le culte de la (Sainte) Mère (Dao Mâu), le service des âmes (Hâu-bong), » la montée sur le médium » (Lên-dông) ou encore » l’entrée en transe « …
Faisant partie des pratiques religieuses des vietnamiens, issue du Viêt-nam du Nord, toujours vivace à nos jours, ce rituel se dote d’un répertoire musical très riche, indispensable et indissociable du culte.
Dans notre thèse, en nous basant sur les enregistrements réalisés pendant 3 ans de 1986 à 1989 à Hànôi et à Namdinh (Nord Viêt-nam) auprès des maîtres encore vivants à l’époque, nous essayons d’atteindre les objectifs suivants :
* Décrire et expliquer le rituel dans ses détails afin d’avoir une vue complète sur le rituel, le situer dans le contexte des autres pratiques proches ou similaires en Asie.
* Répertorier l’ensemble des morceaux musicaux joués pendant différentes occasions et pendant le rite.
* Analyser les caractéristiques de cette musique afin de codifier la partie » immuable » et » variable » des airs, afin de faciliter l’apprentissage de cette musique.
Plusieurs étapes d’observation nous permettent désormais de comprendre peut être le pourquoi et le comment pour un pratiquant le fait qu’ils entrent en transe de possession, or lors de notre dernier mémoire DEA consacré à la musique de Hâu-bong, nous l’avions décrit en partie, mais n’avions pas une très grande connaissance sur le phénomène. C’est pourquoi nous avons repris les travaux après une période de pause et de réflexion.
La question de croyances et de religions est toujours un sujet délicat pour un Viêt-namien, la majorité déclare qu’ils sont bouddhistes sans pour autant pouvoir dire qu’ils sont pratiquants, d’autres sont christianistes ou chrétiens, il y a également des communautés de protestants, des hindous, des caodaïstes, des » Hoa-hao « , … Parmi ces différents courants, subsiste le culte » Hâu-bong « , pratiqué par une communauté dont le nombre est difficilement chiffrable (on connaît pas exactement pour les raisons ci-dessous mentionnées). Ils (ou elles, car la majorité presqu’absolue est des femmes) ne le disent jamais à haute voix, ils se tranchent derrière le bouddhisme, car cette pratique de Hâu-bong a été toujours d’abord méconnue, puis redoutée, marginalisée, méprise parfois par la population, et dernièrement elle est tout simplement interdite par les autorités.
Qu’est-ce que c’est le rituel de possession au Viêt-nam, le Hâu-bong ?
Le panthéon des divinités s’organise sur deux axes: le premier est une hiérarchie : seigneurs, princes, princesses…, le tout est trôné par un Génie suprême, la Mère du Ciel; le deuxième, dans chaque hiérarchie, il y a la représentation des quatre mondes: Ciel, Terre, Forêt, Eau. A ce deuxième axe s’ajoutent les divinités d’une région particulière ou un héros (national et/ou régional). Le pratiquant de Hâu-bong se doit alors faire organiser des cérémonies dans le but de solliciter l’esprit des Génies et des Divinités de leur panthéon venir s’incarner alors dans leur corp; il est possédé par l’esprit qu’il évoque. Pendant toute la cérémonie, le public, composé d’autres pratiquants invités, participe à plusieurs niveaux : contempler la venues des divinités, les vénérer, leur faire des offrandes, dialoguer avec celles-ci pour solliciter la sérénité pour le parcours de la famille, la santé, la prospérité; et éventuellement une divination pour une question plus concrète. Les divinités viennent une par une selon la sollicitation du maître (cung-van) et du public, siègent, donnent les conseils, officient, faire le culte devant l’autel de tout le panthéon, expriment en quelques minutes les traits les plus marqués de leur caractère ou de leur vie, de leur histoire…; puis s’en va pour laisser l’apparition d’une autre…
Pendant la cérémonie, le maître (cung-van) chante la louange des divinités, les invite à venir, décrit la vie des génies avec les pouvoirs et leurs générosités, il chante également l’obéissance du public pratiquant ou la sincérité de » dông « , le pratiquant, celui qui a organisé la cérémonie à la gloire des génies. Chaque divinité a sa propre musique, ses propres proses. Donc à chaque cérémonie, c’est de quatre à six heures de musique en général, aucune fausse note ne doit être commise, aucune parole ne doit être mal placée, pour le bien être du maître, du pratiquant, des divinités, du public, et du temple.
Il s’agit d’une musique jouée de manière continue pendant le rituel. Elle est sacrée, elle fait partie intégrante du rituel et elle est narrative. Elle est considérée comme une des offrandes aux génies.
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