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L’ancienne ville de Hoi An devient une destination touristique majeure

L’ancienne ville de Hoi An devient une destination touristique majeure

Ecrit par Guide francophone vietnam sur . Publié dans Nouvelles Actualité vietnam

Au cours des dernières années, l’ancienne ville de Hoi An, située à environ 650 km au sud de Hanoï, est en train de devenir une destination touristique de prédilection au Vietnam. Hoi An, qui était autrefois un port de commerce international dans la province de Quang Nam du centre du Vietnam, a été exceptionnellement bien conservée et propose des merveilles architecturales qui comprennent des vieilles maisons, des temples, des pagodes et autres structures qui ont été construites à partir du 15ème jusqu’au 19ème siècle. En 1999, la vieille ville a été reconnue comme un site du patrimoine mondial par l’UNESCO.

Les structures présentes à Hoi An, qui sont pour la plupart en bois en utilisant la conception traditionnelle vietnamienne combinées à celles d’autres pays voisins, ont résisté à l’épreuve du temps.

	 L’ancienne ville de Hoi An devient une destination touristique majeure

Mais la ville est également célèbre pour ses chaussures et sandales sur commandes.
La fabrication de chaussures est une parmi différentes industries à Hoi An, qui est maintenant considérée comme un paradis des acheteurs en raison de ses produits fabriqués localement et de haute qualité mais relativement peu cher.

Selon les anciens de la ville, les commerçants chinois et japonais et des hommes de métier ont afflué à Hoi An au cours du 18ème siècle et certains d’entre eux ce sont installés en permanence dans la ville.

Parmi les structures à Hoi An qui portent des influences chinoises et japonaises , on retrouve notamment les temples chinois et les salles de réunions ainsi que d’un pont couvert japonais.

Les salles de réunion sont des endroits que les expatriés chinois utilisés pour socialiser et tenir des réunions. Il y a cinq salles de réunions à Hoi An, elles fut construites par différents groupes de migrants chinois.

En général, les salles de réunion à Hoi An ont une grande porte, un beau jardin avec des plantes d’ornement, une salle principale et une grande salle d’autel. Cependant, comme chaque communauté chinoise a ses propres croyances, les différentes salles de réunions adorent différents dieux et déesses.

Le pont japonais, qui a été construit au 17ème siècle, est la plus importante structure de fabrication japonaise qui se trouve maintenant dans Hoi An. Il a été officiellement choisi pour être le symbole de Hoi An.

Le pont a un toit en forme arquée qui est habilement sculpté avec de nombreux motifs raffinés. Les deux entrées du pont sont gardées par deux singes d’un côté et deux chiens de l’autre.

	 L’ancienne ville de Hoi An devient une destination touristique majeure

Selon la légende, autrefois un énorme monstre dont la tête était en Inde, sa queue au Japon et son corps au Vietnam vivait ici. Chaque fois que le monstre a déménagé, une terrible catastrophe comme les inondations et les tremblements de terre se produisaient dans les trois pays. Ainsi, en plus d’être utilisé pour transporter des marchandises et des personnes, le pont a été également utilisé pour exorciser le monstre de préserver la paix et la sécurité dans la ville.

Outre sa valeur culturelle et historique, une attraction majeure à Hoi An qui la rend comme « le paradis du shopping », ce sont ses tailleurs sur mesure. Il y a des centaines de tailleurs dans la ville qui sont prêts à faire toutes sortes de vêtements.

Hoi An est aussi réputée pour ses lanternes artisanales. Les lanternes apparaissent à chaque coin de la l’ancienne ville et pas seulement dans les maisons.

Une fois par mois, à la pleine lune, la vieille ville éteint ses lampadaires et se transforme en un conte de fées avec la chaude lueur de lanternes de soie, le verre et le papier, en jetant un éclat magique qui ne manque jamais d’impressionner les visiteurs.

VietJetAir

VietJetAir a lancé son premier vol international vers Bangkok

Ecrit par Guide francophone vietnam sur . Publié dans Nouvelles Actualité vietnam

VietJetAir, la compagnie aérienne privée du Vietnam, vient de lancer hier son premier vol international qui relie Ho Chi Minh Ville et Bangkok en Thaïlande, devenant ainsi la première compagnie aérienne privée du Vietnam à être autorisé à voler au niveau international.

Les tout premiers passagers ont volé sur un Airbus A320 portant le symbole du tourisme au Vietnam et tous les chanceux ont reçus une enveloppe avec des billets à l’intérieur pour fêter le Tet et ce premier vol.

Les passagers ont également pu apprécier la célébration du Nouvel An réalisée par des hôtesses en costumes et des danseuses traditionnelles de Thaïlande dansant sur la célèbre musique coréenne Gangnam style du chanteur Psy.

VietJetAir

Le vol effectuant le trajet de Ho Chi Minh Ville vers Bangkok prend le départ à l’aéroport international de Nhat Tan Son à 11 h 45 pour arriver à l’aéroport Suvarnabhumi de Bangkok à 13h15 et le vol de retour partira à 14h30 et cela tous les jours, a déclaré un représentant du transporteur aérien.

L’itinéraire de vol est le premier au niveau international et l’itinéraire de vol est le dixième de la compagnie aérienne privée du Vietnam, VietJetAir.

VietJetAir est donc la deuxième compagnie aérienne du Vietnam à proposer des vols à destination de Bangkok après les compagnies aériennes nationales du Vietnam.

Le Vietnam compte actuellement six compagnies aériennes de premier plan, y compris la compagnie porte drapeau du Vietnam et cinq compagnie privées.

VietJetAir a été créé en 2007 et a lancé son premier vol le 25 Décembre 2011. Elle exploite actuellement plus de 300 vols chaque semaine.

Vietnam Airlines augmente les vols domestiques au Vietnam

Vietnam Airlines augmente les vols domestiques au Vietnam

Ecrit par Guide francophone vietnam sur . Publié dans Nouvelles Actualité vietnam

Vietnam Airlines augmente les vols domestiques au Vietnam: Le transporteur national du pays, Vietnam Airlines, a annoncé récemment qu’il allait augmenter ses vols intérieurs du type « red-eye flights », soit les vols de nuit pendant les jours de pointe du Tet, le nouvel an Lunaire.

Le Tet est la plus grande période des fêtes de l’année pour les vietnamiens, la compagnie aérienne nationale doit répondre à l’augmentation de la demande de transport aérien et bien répartir les vols afin de réduire la surcharge au niveau des aéroports.

Cette année, le Tet 2013 tombe le 10 février 2013 et on rentrera dans l’année du serpent.

Vietnam Airlines augmente les vols domestiques au Vietnam

Pour la période avant le jour du têt soit 6 au 8 Février 2013 ( du 26 au 28 Décembre du calendrier lunaire ) et puis après le têt, soi du 15 au 17 Février 2013 ( du 6-8 janvier du calendrier lunaire ), Vietnam Airlines opérera toute la journée pour servir la masse de passagers pendant la saison des fêtes du Tet. Durant ces deux périodes, les premiers vols domestiques partiront à 12h30 et le dernier vol à 23h50

Le transporteur opérera 400 vols par jour pendant les jours de pointe de la fête du Têt, soit une fréquence 38 pour cent supérieure à la normale, et plus de 430 vols par jour les jours de pointe après les vacances du Têt, soit une fréquence 43 pour cent supérieure à la normale.

Selon la compagnie aérienne, jusqu’à présent, plus de 308 000 passagers ont réservé des billets pour les vacances Tet et environ 125 000 places sont encore disponibles à la vente sur de nombreuses routes.

Le Tet 2013, l’année du serpent : Le Serpent 蛇 (shé) est séducteur, égoïste et manipulateur. Il est est méfiant et apprécie un certain mystère. On dit du Serpent qu’il s’entend bien avec le Buffle et le Coq mais très mal avec le Porc.

Les records du téléphérique de Ba Na à Da Nang

Les records du téléphérique de Ba Na à Da Nang

Ecrit par Guide francophone vietnam sur . Publié dans Ville de Da Nang

Les records du téléphérique de Ba Na à Da Nang: L’Organisation des Guinness World Records a officiellement reconnu la 3eme ligne téléphérique de Ba Na Cable Car pour 4 records du monde à Bà Nà Hills ( ou collines de Bà Nà ) proche de la ville de Da Nang au Vietnam.

Le téléphérique de Bà Nà Hills obtient le record du monde du plus long câble métallique du monde avec une longueur totale de plus de 5 771 mètres, il obtient également le record de la différence entre le départ et l’arrivée la plus élevé au monde avec plus de 1 369 mètres, mais aussi le plus long câble à fibres avec une longueur de 11 587 mètres et le plus lourd rouleau de câble dans le monde avec 141,24 tonnes.

Après plus de 400 jours de travaux, le troisième téléphérique de la colline sera officiellement inauguré et mis en service à l’occasion du 38e anniversaire de la libération de Danang (29/03/2013). Il s’agit du système de téléphérique qui est construit selon les normes de l’Association mondiale de Cable Car et c’est le plus grand téléphérique qui a été construit par le célèbre fabricant de téléphériques Doppelmayr basé en Autriche et en Suisse.

Les records du téléphérique de Ba Na à Da Nang

Le téléphérique de Ba Na dispose de 86 cabines avec un design ouvert, chaque cabine pouvant accueillir 10 personnes avec une capacité totale de 1 500 passagers / h, une vitesse de 6 m / s avec un investissement total de 30 millions d’euros. Le téléphérique permettra de réduire le temps de déplacement du pied de la montagne au sommet de 17 minutes.

Avec cet important événement, la zone touristique de Ba Na Hills est devenue une destination populaire où converge de nombreux records du monde au Vietnam.

Situé à environ 25 kilomètres à l’ouest de la ville de Da Nang, la station Ba Na Hills est considérée comme un lieu historique et naturel, dont la richesse et la diversité des services ont contribué à développer un complexe unique et attrayante au Vietnam en particulier et dans l’Asie en général.

Bà Nà Hills est devenu l’intersection de nombreuses cultures et croyances avec la convergence de l’incitation naturel pour un environnement propre et où l’on trouve quatre saisons climatiques.

Cette troisième ligne du téléphérique facilitera la surcharge au niveau des premières et deuxièmes voies, Bà Nà Hills s’attend à recevoir environ un million de visiteurs cette année.

Vietnam – pays des descendants du dragon

Ecrit par Guide francophone vietnam sur . Publié dans Généralité du Vietnam

Nom officiel : République Socialiste du Vietnam

Nature du régime : République populaire à parti unique

Chef de l’Etat : Truong Tan Sang

Chef du Gouvernement : Nguyen Tan Dung

Secrétaire général du Parti Communiste vietnamien : Nguyen Phu Trong

Superficie : 331 041 km²Capitale : HanoïLangue officielle : vietnamienMonnaie : DongFête nationale : 2 septembrePopulation : 85,2 millions (2007)

Densité : 258 hbt/km²

Espérance de vie : 71 ans

Taux d’alphabétisation : 90,3 %

Villes principales : Hanoï, Ho Chi Minh Ville, Hai Phong, Da Nang

Religion (s) : Bouddhistes (75 %), catholiques (7%), caodaistes (2 %), hoahao (2%), protestants (0,75%), musulmans (0,1%)

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Le Vietnam, situé au coeur de l’Asie du Sud-Est, s’étend le long de la côte orientale de la péninsule indochinoise sur 1700 km du Nord au Sud. Sa largeur n’excède pas 300 km (50 km pour la zone la plus étroite). Le territoire est délimité à l’Est par la Mer de Chine (3260 km de côtes), au Nord par la Chine, à l’Ouest et au Sud-Ouest par le Laos et le Cambodge. D’une superficie de 331.000 km², le Vietnam revendique la possession de deux archipels en Mer de Chine orientale (les Paracel et les Spratly).

Le relief est très varié et formé aux trois quarts de montagnes et de plateaux. On peut délimiter trois grandes régions :

Au Nord, le Bac Bo (ex-Tonkin), formé d’un secteur montagneux dont le point culminant est le mont Phan Si Pan (3.142 m), qui entoure la vaste plaine du fleuve Rouge ;

Au centre, le Trung Bo (ex-Annam), avec la Cordillère Annamitique qui descend en pente douce vers le Sud et le Sud-Ouest, mais qui tombe brutalement vers l’Est en dominant l’étroite bande côtière de la Mer de Chine ;

Au Sud, le Nam Bô (ex-Cochinchine), essentiellement formé par la riche et vaste plaine du delta du Mékong.

Le territoire est traversé par deux fleuves :

Le fleuve Rouge (Sông Hông) coule sur 510 km dans le nord. Son apport en alluvions est de 80 millions de m3, ce qui lui permet de gagner 100 mètres par an sur la mer. Ses principaux affluents sont le Song Da (543 km) et le Song Lô (277 km). Cet ensemble conflue dans la région de Viêt Tri puis se divise en six branches dans le golfe du Tonkin. La région côtière est constituée de plaines alluviales, de lagunes et de deltas ;

Au Sud, le Mékong, long de 4220 km dont 220 km au Viêt Nam, prend sa source au Tibet. Son delta avance tous les ans de 60 à 100 m sur la mer de Chine méridionale. Il alimente un réseau très dense de canaux.

Vietnam – Pays Des Descendants du Dragon, Le Vietnam – Un Pays Fascinant

En dépit de la libéralisation économique continue et des pressions de son développement rapide, ce digne pays est parvenu à préserver sa riche civilisation et une société fortement cultivée. La plupart des visiteurs restent bouche bée devant la beauté des sites naturels du Vietnam. Le delta du fleuve rouge au nord, le delta du Mékong au sud et presque toute la bande côtière forme un véritable patchwork de rizières d’un vert scintillant entretenues par des paysannes à chapeau conique. Une grande partie des 3.260 km de côtes est constituée de plages et le lagunes de rêve. Nombre d’endroits sont ombragés grâce aux palmiers ou aux casuarinas. Ailleurs, ce sont des dunes de sable qui s’étendent à perte de vue, ou encore les versants abrupts des contreforts des monts Truong Son. Entre les deux deltas, les rizières bordant la côte de la mer de Chine méridionale laissent place à de hautes montagnes couvertes d’une forêt tropicale. Il suffit de s’éloigner un peu du littoral pour se rafraîchir dans les chutes et les cascades ou faire des randonnées superbes exotiques sur les Hauts Plateaux du Nord et du Centre. Là vivent des dizaines de minorités ethniques différentes qui représentent une diversité plus importante que dans la plupart des autres pays de l’Asie. Les visiteurs s’étonnent généralement de la variété d’images, de sons, de goûts et de senteurs émanant d’une société à la civilisation fort ancienne, mais qui s’est frottée tout au long du siècle dernier au monde occidental. Les Vietnamiens accueillent les étrangers avec plaisir et les traitent avec beaucoup de gentillesse et souhaitent établir des contacts avec le monde extérieur…

HANOI ET SES ENVIRONS

Capitale de Hanoi Pays de l’Est Pays de l’Ouest
Hoa Lu & ses alentours Pagode des parfums Parc national de Cuc Phuong
Baie d’Halong Ile de Cat Ba Hai Phong
LE NORD-EST

Lang Son Cao Bang Ba Be
Tuyen Quang Thai Nguyen Ha Giang
LE NORD-OUEST

Hoa Binh Mai Chau Pu Luong
Moc Chau Son La Dien Bien Phu
Lai Chau Sin Ho Phong Tho
Tam Duong Binh Lu Sa Pa
Mont Fansipan Bac Ha Marché des Montagnards
LE CENTRE-NORD

Thanh Hoa Plage Sam Son Vinh
Plage Cua Lo Ha Tinh Dong Hoi
Grotte Phong Nha Quang Tri DMZ
LE CENTRE

Hue Parc national Bach Ma Plage Lang Co
Da Nang Montagne de marbres Musée Cham
Hoi An Plage Cua Dai My Son
LITTORAL DU CENTRE ET DU SUD

Quang Ngai Plage Sa Huynh Quy Nhon
Tuy Hoa Song Cau Ile de la baleine
Plage Doc Let Nha Trang Plage Mui Ne
Mont Ta Kou Plage Ca Na Tour Cham Po Klong Garai
LES HAUTS PLATEAUX DU CENTRE

Kon Tum Pleiku Buon Ma Thuot
Village Buon Don Lac Lak Da Lat
HO CHI MINH VILLE ET SES ENVIRONS

Ho Chi Minh Ville Tunnels de Cu Chi Tay Ninh
Quartier chinois Iles de Con Dao Ile de Phu Quoc
Vung Tau Plage Long Hai Reserve naturelle Can Gio
LE DELTA DU MEKONG

My Tho Ben Tre Vinh Long
Tra Vinh Sa Dec Soc Trang
Can Tho Chau Doc Long Xuyen
Rach Gia Ca Mau Ha Tien

 

Le Sarcré le Dieu et la Piété au Vietnam

Ecrit par Guide francophone vietnam sur . Publié dans Culture et tradition

Le Sarcré le Dieu et la Piété au Vietnam: Le sentiment religieux au Vietnam
Celui qui essaie de pénétrer à l’intérieur du monde culturel vietnamien s’aperçoit rapidement qu’il ne progressera pas longtemps dans cette connaissance s’il n’aborde pas le domaine religieux. Il va vite soupçonner que, seul le type de rapports que le peuple vietnamien entretient avec ce qu’il considère comme l’au-delà de sa vie et de son monde est susceptible de donner un sens à toutes ces bribes de savoir qu’il a puisées dans l’observation de l’existence quotidienne au Vietnam.
Si l’importance du fait religieux saute aux yeux de n’importe quel observateur, l’embarras commence lorsqu’il s’agit de l’isoler des autres institutions culturelles pour le présenter au lecteur. Comment, en effet, aborder ce domaine ? Une première solution, celle que l’on retient d’habitude, consisterait à énumérer et détailler les croyances, les rites et les morales propres aux grandes communautés religieuses qui, depuis des siècles, ont formé à leur manière la sensibilité religieuse de leurs membres. Il faudrait alors parler du bouddhisme du grand véhicule tel qu’il a été reçu au Vietnam après son passage par la Chine, de certains îlots du bouddhisme du petit véhicule, des grandes religions plus modernes comme le caodaïsme, la religion Hoa Hao, des diverses confessions chrétiennes qui peuvent se réclamer d’une tradition de quatre siècles, sans compter, pour le Sud Vietnam, de nombreuses sectes récentes.
Il faudrait encore ajouter à tout cela un certain nombre de sources religieuses qui, bien que n’ayant pas formé de communautés institutionnalisées, n’en constituent pas moins le fonds commun de la religiosité vietnamienne : on peut citer la croyance à un arrière monde spirituel, formé d’esprits et de forces mystérieuses, le culte des ancêtres, ce culte familial si important pour comprendre la nature des relations sociales au Vietnam, le confucianisme qui, maintenant, fait partie intégrante de la culture vietnamienne, les influences taoïstes souvent difficilement repérables mais très agissantes. Cette simple énumération permet de comprendre qu’il est pratiquement impossible de regrouper dans un tableau général et cohérent cette profusion d’inspirations religieuses qui, comme les branches des arbres dans la forêt tropicale, sont tellement entremêlées qu’on ne peut plus discerner à quels troncs respectifs elles appartiennent.
Il faut donc essayer une autre voie d’approche et, pour cerner ce sentiment religieux dans son unité, se situer en deçà des points de vue particuliers propres aux grandes communautés religieuses institutionnalisées. Au lieu d’analyser le contenu des croyances, nous nous bornerons à éclairer les attitudes religieuses ; nous nous efforcerons de les saisir dans leurs sources vives avant qu’elles soient élaborées et codifiées dans les doctrines et les textes canoniques. Pour ce faire, nous nous appuierons sur la langue, les comportements populaires typiques, bref sur le fonds commun religieux qui marque la culture vietnamienne dans son ensemble. Car ce fonds commun existe : il est toujours vivant dans la pratique bouddhiste où il a été parfaitement intégré. On peut le reconnaître dans les communautés chrétiennes où il a été transposé. On pourrait même montrer que ce substrat religieux n’a pas disparu chez ceux qui, aujourd’hui, adhèrent au marxisme-léninisme. Il serait facile de mettre en évidence certains traits de la sensibilité religieuse traditionnelle à l’intérieur même du parti communiste vietnamien, malgré son opposition au confucianisme longtemps considéré comme une idéologie féodale et son indifférence au culte des ancêtres. Ainsi, on ne peut s’empêcher de penser que le président Ho Chi Minh se référait à ce culte lorsque, dans son testament, il affirmait : « Je vais maintenant rejoindre mes grands ancêtres, Marx et Lénine… »
Les réflexions qui suivent seront regroupées autour de trois mots-clés. Chacun d’entre eux nous introduit à une dimension religieuse particulière de l’existence quotidienne au Vietnam : le Sacré, le Ciel et la Piété.
Le sacré
Pour désigner la notion de « sacré » la langue vietnamienne utilise deux mots qui ont, à peu de chose près, le même sens : « Thiêng » et « Linh ». Ces deux vocables peuvent qualifier des choses, des êtres vivants, des périodes, des relations humaines où se manifeste la présence du surnaturel, de l’arrière monde spirituel. Le sacré se situe aux lisières du monde quotidien où il constitue une véritable fenêtre ouverte sur l’au-delà ; il est une sorte de brèche dans le monde naturel par laquelle s’engouffrent des forces mystérieuses.
Les Vietnamiens sont particulièrement attentifs à l’irruption du mystère au sein du monde qui les environne. Il n’est pas rare que des Vietnamiens non chrétiens accompagnent des pèlerinages à Lourdes, à la chapelle de la Médaille miraculeuse et autres lieux saints de la chrétienté occidentale. Ils s’y rendent comme à des endroits où affleurent certaines puissances spirituelles avec lesquelles il faut entrer en contact pour rester uni à la totalité du monde qui n’est point uniquement composé de ce que l’on voit.
« La nature est un temple où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles ».
Le sacré est donc le lieu où le monde s’ouvre sur un ailleurs. Cette idée de passage, de communication entre deux mondes est le sujet de certains contes traditionnels. Ainsi, on raconte qu’à l’époque des Trân, un jeune mandarin nommé Tu Thuc, en visite dans le jardin d’une pagode à l’occasion de la fête des fleurs, délivra une jeune fille très belle, emprisonnée pour une peccadille. Peu de temps après, il revint dans son village natal ; sachant que cette jeune fille était originaire de cette région, il la chercha longtemps. Il arriva un jour à l’entrée d’une grotte où la reine des fées lui fit rencontrer la jeune femme qui n’était autre qu’une fée. Ils s’épousèrent. Après trois ans de bonheur parfait, Tu Thuc voulut redescendre sur terre pour voir ses vieux parents. Mais, arrivé au village, il ne reconnut ni les lieux ni les personnes. Un vieillard très âgé lui apprit enfin que trois cents ans auparavant, un certain Tu Thuc avait disparu. Désespéré, ce dernier repartit, mais ne retrouva jamais l’ouverture qui débouchait sur un autre monde
Le sacré, le « thiêng » ne désigne pas à proprement parler le surnaturel, mais le lieu où il se manifeste, l’endroit où il fait signe. Il peut être attaché à un lieu: une pagode, un bosquet, une montagne, un rocher de forme curieuse. Là, une puissance invisible indépendante des lieux se manifeste par des effets merveilleux ; bien souvent, on en raconte l’histoire. Autrefois, chaque village vietnamien possédait un arbre, une pierre où tel esprit bienfaisant ou malfaisant se manifestait. Dans les campagnes vietnamiennes, les esprits étaient partout, nombreux et différents selon les régions.
Ce caractère sacré peut être aussi attribué à des êtres vivants. Certains animaux sont directement en rapport avec l’au-delà et sont particulièrement respectés. Dans le Centre-Vietnam, on évitait de nommer le tigre ou on l’appelait « grand-père », « ông cop ».  Mais l’animal qui jouissait de la plus grande considération à ce point de vue était sans conteste la baleine, du moins sur les côtes du Centre-Vietnam. Elle aussi était appelée « ca ông » (poisson grand-père) ou encore « bà ngu » (Dame poisson). Chaque fois que l’une d’entre elles s’échouait sur une plage, elle était enterrée en très grande pompe avec force cérémonies. Celui qui l’avait découverte portait le deuil comme s’il avait été son fils aîné.
Certaines périodes de l’année sont particulièrement « thiêng » c’est-à-dire propices à cette communion avec l’au-delà. A l’époque du « Têt » (Nouvel an), le monde invisible se rapproche tellement du quotidien que la nature, les choses, les situations, les événements sont en quelque sorte « surimpressionnés » par lui. Par suite, tout devient signe adressé aux humains. Chacun se compose alors une âme d’enfant, faite de disponibilité, d’attention aux possibilités infinies que lui livre cette relation privilégiée au surnaturel. Le moindre des événements, la plus humble des rencontres devient présage et est interprété comme une indication concernant l’avenir. L’année, alors, est toute entière contenue dans ces premiers jours et celui qui sait bien observer doit pouvoir découvrir la trame de tous les autres jours.
Ainsi, l’existence et le comportement vietnamiens s’insèrent dans un monde où la composante invisible est toujours présente. Dans l’univers traditionnel, à toute réalisation matérielle était associée une fin spirituelle. S’agissait-il de construire une maison, on faisait appel à un géomancien qui fixait soigneusement l’orientation de celle-ci en tenant compte de son environnement. Il existait des rites associés à la construction des bateaux, des vêtements, à l’ouverture des boutiques, des écoles. Certains actes étaient même purement symboliques et n’avaient de sens qu’en fonction des forces magiques qu’ils essayaient de capter. Contrairement à l’Occident où l’opposition « profane sacré » est fondamentale, le Vietnam n’a jamais envisagé la religion comme une rupture avec l’univers quotidien. Le sentiment religieux au contraire s’appuie sur lui, sait que les signes du divin peuplent le monde et qu’il faut les déchiffrer patiemment.
Le ciel
Si la sphère du sacré représente cette zone de communication avec l’invisible, le Ciel, « Troi », évoque la dimension religieuse de l’histoire, du déroulement des événements. Le mot « Ciel » désigne à la fois cette grande demi sphère bleue qui est au-dessus de nos têtes, « bâu troi » (la calebasse du ciel) et la cause de tout ce qui survient, de tout ce qui change. La perception du Ciel est indissolublement matérielle et spirituelle: il est à la fois une grande étendue bleue et la cause de toute chose.
Ce qui frappe d’abord en lui, c’est son immensité : tout ce que l’on voit lorsqu’on lève la tête. On dit des vieillards qui se courbent vers le sol qu’ils sont « loin du ciel et près de la terre ». Dans le langage courant, le ciel est le symbole de l’immensité, du démesuré. D’une chose qui dépasse l’entendement, on dit qu’elle est « qua troi » qu’elle dépasse le ciel. Celui qui s’agite comme un forcené « ébranle le ciel tout entier ».
Alors que l’expérience du « thiéng » introduisait au domaine des forces mystérieuses, quelquefois capricieuses et imprévisibles, celle du « Troi » met au contraire en relation avec une sagesse ordonnée. Le Ciel est principe de toute chose et de tout ordre. C’est à lui que sont rapportés tous les événements, qu’ils soient naturels comme le vent, la pluie ou le beau temps, ou qu’ils appartiennent aux existences individuelles. La vie, la mort dépendent de lui : « Sông chêt o troi » – mais aussi le bonheur, le malheur et la pauvreté.
Cette sagesse du Ciel n’est pas indifférente à l’humanité ; elle a certains traits de la Providence. L’ordre dont le ciel est le garant est un ordre favorable aux êtres vivants:
« Le ciel a fait naître l’éléphant et, en même temps, l’herbe pour le nourrir ».
Il est tourné vers l’homme et reste son appui et son recours suprême. L’équivalent du français « Grâce à Dieu » se dit en vietnamien « Grâce au ciel ». Il n’est pas inexorable et on peut l’invoquer : « Kêu Troi ,» « crier vers le ciel ». Les malheureux s’adressent à lui en criant : « Troi oi » (Ô ciel !)
On ne peut guère mettre en cause la sagesse du ciel qui est infinie. Celui qui la connaîtrait, connaîtrait l’ordre du monde. Devant un mystère, une énigme naturelle, le Vietnamien a l’habitude de dire: « Le Ciel, lui, le sait ». Une certaine tradition occidentale s’est révoltée contre Dieu à la vue des injustice de ce monde. La sagesse populaire vietnamienne connaît aussi le scandale de la mort des victimes innocentes par exemple, mais elle l’exprime sans révolte, dans une plainte adressée précisément au ciel :
« Les feuilles jaunes sont encore sur l’arbre, et voilà que tombent de là les feuilles vertes . Le Ciel le sait-il ? Le Ciel le sait- il ? »

Ou encore dans le chef d’œuvre de la littérature vietnamienne :
« Devant une telle injustice ,  on ne peut que crier vers le Ciel,
Mais le ciel est si loin ! »
Le dernier mot reste au Ciel. Se révolter contre lui est pure démence. Il n’y a pas d’équivalent du mythe de Prométhée dans la tradition culturelle vietnamienne. Une grande part de la mesure, de la résignation que l’on peut remarquer dans le comportement des Vietnamiens tient à cette reconnaissance de la volonté du Ciel, limite de toute action humaine :
«  Votre destin est d’être pauvre ! Vous pouvez vous démener,  Vous ne serez jamais riches. Pourquoi veiller si tard et vous lever si tôt ? Vous ne réussirez qu’à vous donner des courbatures »
On aurait tort cependant de penser que cette résignation relève du fatalisme. Il s’agit bien plutôt d’une attente. Il faut guetter les signes du Ciel, le mandat du Ciel qui donnera le signal de l’action.
« Un fleuve a ses méandres, l’homme a ses occasions ».
L’occasion est ce moment où les événements empruntent tout d’un coup un autre cours. Il faut la saisir car c’est en elle que s’harmonisent le désir de l’homme et la volonté du Ciel, formant ainsi une force irrésistible. Paul Mus, dans « Sociologie d’une guerre », a montré toute l’influence que cette attente du « mandat du Ciel » a pu avoir sur le déroulement de l’histoire contemporaine au Vietnam.
La piété
Le sentiment religieux se manifeste aussi dans un secteur tout à fait différent de ceux que nous avons étudiés jusqu’à présent : dans le monde des relations sociales. Dans la société, les hommes ne sont pas simplement juxtaposés les uns aux autres, mais liés entre eux par une solidarité originaire. Ce lien (nghia) est à la fois un réseau serré de devoirs et de droits et un sentiment de coloration fortement religieuse que nous appellerons ici « piété » (bien qu’au sens strict, la piété « hiêu » ne s’adresse qu’aux parents).
Nous avons déjà dit plus haut que la cellule familiale au Vietnam reste la matrice de toutes les autres relations intersubjectives. Nous ne reprendrons pas ici cette description de la famille sinon pour souligner sa coloration religieuse. C’est la présence des ancêtres à l’intérieur de la famille qui la fonde et assure sa continuité. Ceci n’est pas simplement une croyance abstraite, mais est vécu affectivement dans le « hiêu » la piété filiale. C’est le même sentiment qui est exprimé dans le culte des morts et dans les relations avec les vivants. Le « hiêu », la piété filiale, est donc d’essence religieuse. Certes, à proprement parler, il ne concerne que les parents. Mais on peut sans exagérer affirmer qu’il va marquer toutes les relations familiales, et, par suite, tous les rapports sociaux, dans la mesure où ceux-ci renouvellent à leur manière la première expérience, telle qu’elle a eu lieu à l’intérieur de la famille.
Dans le soin qu’apporte le Vietnamien à ses relations sociales, dans son effort pour déterminer exactement le lien qui l’unit à l’autre, il faut voir bien autre chose que ce qu’on appelle vaguement du nom de « politesse asiatique ». Contrairement à la conception occidentale où la société est du domaine du profane et essentiellement régie par des lois qui la surplombent, au Vietnam les hommes existent les uns par rapport aux autres grâce à toutes sortes de liens qu’on ne peut détruire. Le confucianisme avait mis en relief les plus marquants, ceux qui relient le sujet à son empereur, le fils à son père, le maître à son disciple ; mais ils sont en réalité beaucoup plus nombreux ; amitié, reconnaissance, pitié, etc. en sont quelques autres.
Ces liens sont religieux dans la mesure où ils ne sont pas une création de l’homme, mais font partie de l’ordre du monde, que, par eux, les vivants sont reliés aux morts, qu’en les faisant exister, on contribue à la bonne marche de l’univers. Nous comprenons alors mieux les multiples précautions et rites dont les Vietnamiens entourent leurs relations sociales, l’importance tragique que prennent certaines histoires qui nous paraissent dérisoires. Souvent, là où nous ne voyons qu’un différend, se joue un drame dont nous ne voyons pas toute la portée.
Nous avons essayé de laisser apparaître des soubassements religieux dans un certain nombre de domaines où nous ne nous attendions pas à les trouver. Ces quelques notes sont loin d’épuiser le sujet. Mais elles n’avaient pour but que d’éveiller notre attention à cette dimension cachée de l’existence quotidienne des Vietnamiens.

La femme et l’enfant au Vietnam

Ecrit par Guide francophone vietnam sur . Publié dans Culture et tradition

La femme et l’enfant au Vietnam: C’est un fait : chaque fois que l’on essaye de décrire une culture, on se place tout naturellement du point de vue de l’homme, de l’homme adulte. Ses rôles et ses activités sont privilégiés. Les quelques réflexions qui précèdent n’échappent pas à cette perspective et à ses limitations. C’est bien pourquoi, il est bon d’introduire ici deux êtres non pas marginaux mais différents, d’une différence que la culture vietnamienne souligne vigoureusement. Il s’agit de deux êtres plus particulièrement liés à la famille: l’enfant, parce qu’il reçoit tout son être de la cellule familiale ; la femme, parce que toute son action et toute son influence passent par elle.
L’enfant
Naître
Le mot vietnamien qui signifie la naissance désigne aussi bien l’apparition d’un nouvel être en ce monde, « sinh ra doi » que la dépendance que ce nouveau-né entretient avec d’autres êtres de qui il tient la vie. Le mot « sinh » en effet veut dire « engendrer », « faire naître », mais aussi « naître ». C’est le vocabulaire lui-même qui nous révèle un aspect important de la signification de la naissance: elle est une dette contractée à l’égard des autres par tout être qui vient au monde.
Si «l ‘arbre a ses racines et le fleuve sa source » l’homme lui aussi a ses origines et ne peut s’y soustraire.

« Un enfant a un père et une mère  Personne ne surgit du néant »
Ce qui fait la différence entre l’homme et les autres êtres, c’est le sentiment, les entrailles. Cette première dépendance physique s’épanouit en sentiment. Plus tard, l’enfant rendra à ses géniteurs un véritable culte dont nous avons déjà parlé plus haut.
La dette contractée à la naissance est triple. L’enfant doit son existence à son père qui est en quelque sorte sa cause première. Mais son développement dans le temps, sa croissance physique et morale, sont surtout attribués à la mère :
« Le père fait naître, la mère nourrit »
Le Vietnamien, d’ailleurs, n’est pas loin de penser que cette naissance continuée, cette origine perpétuellement renouvelée dans la mère, est le lien le plus fort qui soit :
« Le père qui fait naître ne vaut pas la mère qui nourrit »
Mais il existe une troisième source, celle-là beaucoup plus mystérieuse. L’enfant va se révéler différent ; il va bientôt montrer les signes d’une personnalité originale, les traits d’un caractère. Ce dernier est donné par le ciel qui dépose en chaque être humain la marque de l’individualité :
« C’est le père et la mère qui engendrent, mais c’est le ciel qui donne le caractère »
Prendre conscience
Dans ses premières années, chevauchant la hanche de sa mère, dormant dans le lit des adultes, sevré le plus tard possible, l’enfant va vivre sa dépendance dans une joyeuse insouciance. Ce n’est que plus tard, avec l’apprentissage du langage, qu’il va renouer avec sa naissance. Il va, en quelque sorte, la répéter symboliquement, prendre conscience de sa fondamentale dépendance lorsqu’il sera introduit dans le système des signes. Il verbalisera ses liens et les détaillera tout en prenant conscience de son moi. Pour se désigner, il commencera par répéter le mot par lequel le père et la mère le désignent « Bé » (le petit), « Con » (l’enfant), mots qui n’ont de sens que par rapport aux parents qui les prononcent. Il existera désormais en face d’eux comme un enfant. Son moi sera circonscrit par ce rôle.
Il répète ce que disent ses parents mais dit en même temps autre chose. Ainsi, la phrase vietnamienne : « Con noi voi ma » lorsqu’elle est dite par la mère, signifie : « Tu me parles, mon enfant ». Lorsqu’elle est prononcée par l’enfant, elle devient: « Je te parle, maman. »
Alors que, très vite, l’enfant occidental s’identifie au « je », indépendant et neutre, qui peut s’opposer à celui des parents, l’enfant vietnamien ne pourra jamais dire à ses parents (et cela toute sa vie) que « votre enfant » Il n’échappera jamais à cette interdépendance originelle; jamais ce lien verbal, symbole du lien originel, ne pourra être rompu.
En grandissant, l’enfant pénétrera dans la société des hommes en découvrant une par une les relations qu’il entretient avec les autres. On lui apprendra vite à désigner et identifier les liens qui l’unissent aux gens qui l’entourent. Qui doit-il appeler du nom de grand frère, de sœur aînée, d’oncle, de tante, de grand-père, etc. Comment doit- il se nommer lui-même face à ses partenaires ? Les premiers jeux auxquels il va se livrer porteront eux aussi sur l’emploi correct de ces appellations. Peu à peu, au-delà du langage, l’enfant se rendra compte de cette réalité profonde constituée par l’immense réseau des liens humains qui sont autant de « sentiments devoirs ».
« Tu dois faire ceci en tant que fils », « tu dois lui obéir comme un petit frère ». Toutes ces relations lui sont données, offertes par le monde qui l’entoure ; c’est pourquoi, elles sont autant de dettes contractées qui entraînent des devoirs correspondants.
L’affirmation de soi
Comme tout enfant, l’enfant vietnamien a ses caprices, ses révoltes, quelquefois fort violentes. Mais jamais elles ne remettront en cause le lien fondamental. Il est impensable que cet enfant, qui ne peut utiliser le « je », puisse parler avec insolence à son père (à tous les âges de sa vie). Aucune résistance, si obstinée soit-elle, ne brisera cette relation sans laquelle il n’existerait plus comme enfant et donc comme individu.
Le type d’opposition que l’enfant adopte lorsqu’il veut faire valoir sa volonté contre celle des parents est d’ailleurs extrêmement révélatrice. Ce que l’on nomme « li » est une espèce de résistance passive, d’inertie têtue que l’enfant peut maintenir longtemps. Il écoute les remontrances, accepte les punitions, ne répond pas, mais n’avoue pas son erreur et s’obstine à ne pas changer sa conduite – tout cela dans une apparente douceur. L’enfant pourra même entreprendre des grèves de la faim. Il semble qu’il faille interpréter ces mouvements de révolte comme le désir inconscient de se supprimer sans renoncer à la relation qui unit aux parents, attitude qui fait supporter toute la responsabilité par ces derniers. Généralement, ces petits accrocs se règlent sans que personne ne perde la face.
L’enfance vietnamienne reste fascinante car on y voit se dessiner clairement tous les éléments qui composeront plus tard le comportement inimitable du Vietnamien. Cette façon si originale de vivre avec les autres, cette délicatesse dans les relations humaines a été acquise à cette époque. Nous avons vu qu’il ne s’agissait pas simplement d’habitudes superficielles, mais d’une certaine conception de la vie en commun.
La femme
Si l’on peut décrire la formation de l’enfant au Vietnam sans trop tenir compte des changements apportés par les temps modernes, cela n’est guère possible quand il s’agit de la femme. Durant des millénaires, la femme a occupé une place centrale à l’intérieur de la famille. C’était en quelque sorte son lieu naturel. Toute son existence était marquée par l’emprise que cette organisation exerçait sur elle. Pour parler à la façon vietnamienne, le « dehors » (ngoài), la société, l’extérieur de la famille était réservé aux hommes ; les femmes, elles, étaient à « l’intérieur » (trong). Inspiratrices, sources profondes de la cellule familiale, elles ne se risquaient pas dans la jungle sociale.
Les diverses crises sociales qui se sont succédées sans interruption au Vietnam depuis plus d’un siècle ont profondément changé cet état de choses, en particulier, les dernières, à savoir celles qui ont été provoquées par l’introduction de la société de consommation au Sud Vietnam entre 54 et 75, par l’apparition de l’idéologie marxiste-léniniste et des transformation sociales opérées par elle, d’abord au nord et ensuite au sud après 1975, et, enfin, depuis 1986, l’ouverture progressive du pays à l’économie de marché, avec les conséquences morales de celle-ci, déplorées aujourd’hui par tout le monde. C’est pourquoi le tableau que nous dresserons ici représente davantage un archétype culturel légué par la tradition qu’un portrait concret de la femme d’aujourd’hui, dont les traits précis sont difficilement saisissables
En dehors de certaines exceptions, la femme vietnamienne vivait dans la mouvance de la famille ; son existence se justifiait par les rôles que cette dernière lui donnait à tenir. Son autorité et elle en avait souvent beaucoup était indirecte, le premier rôle étant réservé aux hommes.
Cette emprise familiale se faisait particulièrement sentir pour tout ce qui concernait son éducation. Les études poussées en caractères chinois ou en caractères « nôm » à l’extérieur de la maison lui étaient interdites. C’est à l’intérieur de la famille qu’elle devait acquérir les quelques rudiments qui lui seraient nécessaires plus tard.
Durant toute sa jeunesse, la femme vietnamienne vivait dans un milieu uniquement constitué par ses relations parentales. Elle n’avait que très rarement l’occasion de sortir seule. Dans ses visites, ses démarches et ses loisirs, elle était toujours accompagnée par un frère, une sœur, un parent âgé, un ami de la famille. Dès qu’elle atteignait un certain âge, elle était directement associée aux travaux du ménage, recevait la charge d’assurer l’éducation des enfants. Guidée par les exemples de la cellule familiale, instruite par les conseils que lui prodiguaient abondamment parents et grand-parents, elle se préparait ainsi à ce qui constituerait l’essentiel de sa vie, à savoir son rôle d’épouse, de mère et de bru.
Le mariage était simplement pour elle une façon de changer de famille. Mari et belle famille étaient choisis par ses parents. Cependant, au Vietnam, il était rare que la fille ne soit pas consultée sur ses goûts. Les parents renonçaient généralement à un projet auquel leur enfant s’opposait obstinément. Une fois entrée dans la nouvelle maison, la femme est désormais bru et dépend entièrement de sa belle-famille.
Elle est aussi épouse. En tant que telle, elle accomplit silencieusement les tâches domestiques et s’efforce de créer dans son foyer cette ambiance joyeuse si caractéristique des maisons vietnamiennes. Elle participe aussi à la subsistance économique des membres de la famille.
Présente aux travaux des champs, elle s’emploie, dans ses temps de loisirs, à la confection de divers objets domestiques, à des travaux de vannerie, etc.
Mais le rôle essentiel de la femme au Vietnam est celui de mère. C’est à elle que revient la charge de nourrir, d’éduquer les enfants. Cette éducation est un mélange harmonieux de soins matériels, d’exhortations puisées dans la sagesse populaire, de tendresse active. La présence de la mère dans tous les secteurs de la vie lui procure un grand prestige. Il n’est pas rare que son autorité s’étende bien au-delà du domaine strictement familial. La plupart du temps, aucune affaire sérieuse ne se décide sans elle.
Ce bref aperçu de la tradition vietnamienne féminine ne rend certes pas compte de la situation actuelle des femmes, mais il peut nous donner une idée du rôle de ces dernières dans la société vietnamienne. Bien que leur comportement se soit considérablement modifié, que leur domaine d’activités se soit élargi, elles gardent toujours leur place centrale à l’intérieur de la famille, leur influence indirecte dans les grands événements qui touchent aussi bien la famille que la société vietnamienne.